« Harmonies volées » raconte la restitution des pianos spoliés aux Juifs par les nazis après la guerre
Près de 8 000 pianos avaient été transférés en Allemagne pendant la guerre mais seulement 2 000 ont été ramenés en France à la libération.Certains n'ont jamais retrouvé leurs propriétaires

8 000. C’est le nombre de pianos qui auraient été spoliés par les nazis aux Juifs dans la France occupée pendant la Seconde Guerre mondiale. L’histoire de la restitution de ces précieux instruments, réquisitionnés et transférés en Allemagne par des commandos spéciaux, est racontée dans le nouvel ouvrage de l’historienne et archiviste Caroline Piketty, d’après le journal Le Monde.
« Harmonies volées – Printemps 1945 : le retour des pianos pillés par les nazis » va paraître le 15 mai prochain aux éditions de L’Archipel. Il complète un livre de l’historien néerlandais Willem de Vries, publié en 1996, qui parlait déjà des commandos spéciaux « Sonderstab Musik » de l’armée allemande chargés de piller l’Europe musicale.
Dans un autre article du Monde, publié en 2022 à l’occasion d’un colloque organisé par la Philharmonie de Paris au sujet des instruments spoliés pendant la guerre, on apprend que bien avant la Seconde Guerre mondiale, les renseignements allemands épaulés par des musicologues, avaient fait un inventaire des lieux publics et privés contenant des instruments à rapporter sur le territoire national.
Pendant la guerre, des prisonniers juifs de Drancy étaient notamment chargés de l’entretien de ses pianos dont certains reconnaissaient être les leurs.
Après la libération, près de 2 000 pianos ont été récupérés par les forces alliées et entreposer dans les sous-sols du Palais de Tokyo, à Paris, sans grand soin accordé à ces fragiles objets. Les victimes de spoliations qui avaient survécu à la guerre et à la déportation étaient invitées à se signaler auprès des autorités en donnant un maximum d’informations, dont le numéro de série et le nom du fabricant, pour tenter de récupérer leur piano.

Si certains ont pu retrouver leur instrument, et avec lui « des traces familiales encore présentes après des années de persécutions » comme l’indique Piketty, d’autres ont certainement récupéré des pianos qui n’étaient pas tout à fait les leurs. Pour d’autres encore, justice n’a jamais été rendue.
L’historienne raconte le destin individuel de nombreuses personnalités publiques concernées par les restitutions de pianos volés, à l’instar de Léon Blum, mais aussi d’anonymes. C’est le cas de Léon Yehouda Klein qui, à son retour dans son village alsacien après la guerre, « passa devant une maison : une fenêtre était ouverte, laissant échapper des notes de musique. Il reconnut le timbre de son piano qui avait jadis charmé ses oreilles dans son propre salon ».
En 1949, les pianos qui n’avaient pas été récupérés par leurs propriétaires furent vendus par l’État.