Hausse de 11 % des incidents antisémites en Grande-Bretagne
L'organisation communautaire de sécurité note le chiffre le plus élevé depuis 7 ans, parallèlement au débat sur l'antisémitisme au parti travailliste

Le débat dans les médias britanniques autour de l’antisémitisme au sein du parti travailliste a coïncidé avec une augmentation de 11 % des incidents antisémites au cours des six premiers mois de 2016, a révélé un observatoire.
Le Community Security Trust, (CST) a enregistré 557 incidents antisémites durant cette période, comparativement à 500 au premier semestre de 2015. Le rapport intérimaire du CST des incidents pour 2016 a été publié jeudi.
Le total des 557 incidents est le deuxième plus haut que CST n’a jamais enregistré pour la période janvier à juin, après 629 incidents enregistrés au cours du premier semestre 2009.
« Il n’y a pas de cause unique évidente pour l’augmentation des incidents antisémites enregistrés, dont la plupart ont eu lieu en avril, mai et juin, » a écrit le CST dans un communiqué accompagnant le rapport. Dans une référence indirecte au débat sur le parti travailliste, le communiqué a aussi dit : « Ce fut une période où l’antisémitisme, le racisme et l’extrémisme ont été signalés et discutés en bonne place dans les médias nationaux. »
Le débat portait sur le rôle de leader travailliste Jeremy Corbyn, un homme politique de gauche, qui a été élu l’année dernière à la direction du parti.
Critique farouche d’Israël, il a été accusé par des représentants de la communauté juive ainsi que d’éminents membres du parti travailliste et par des bailleurs de fonds de générer une atmosphère qui encourage des expressions d’antisémitisme parmi ses partisans avec des déclarations contre l’Etat juif et en faveur des organisations terroristes que sont le Hezbollah et le Hamas.

Corbyn a nié cela, bien que le mois dernier, il a également affirmé qu’il regrettait d’avoir appelé le Hezbollah et le Hamas ses « amis ». Il a suspendu des dizaines de députés travaillistes qui avaient fait des déclarations antisémites et farouchement anti-israéliennes, dont l’ancien maire de Londres, Ken Livingstone, qui, au mois de mai avait insinué qu’Adolf Hitler était sioniste.
Séparément, la députée travailliste Jan Royall a confirmé dans un rapport sur l’antisémitisme dans la section de son parti à l’université d’Oxford que certains de ses membres étaient impliqués dans des actes antisémites, même si elle dit que la section n’était pas « institutionnellement antisémite. »
Le rapport de Royall, publié mercredi par The Jewish Chronicle, ne comprend pas d’exemples d’incidents antisémites.
Les signalements d’antisémitisme à la section d’Oxford ont été parmi les développements qui ont conduit à une intense couverture médiatique du problème de l’antisémitisme au parti travailliste. En février, l’ancien co-président de la section, Alex Chalmers, a démissionné en raison du comportement antisémite de certains membres, ce qui a déclenché une enquête menée par les dirigeants du parti à Londres.
Chalmers a dit que certains étudiants avaient chanté à plusieurs reprises « Des roquettes sur Tel Aviv » et ridiculisé des Juifs qui se sentaient preoccupés par cela. D’autres ont utilisé le terme « Zio » – diminutif pour sioniste – pour se moquer des Juifs.
Le premier semestre 2016 a également vu un débat au Royaume-Uni pour savoir si le pays devrait quitter l’Union européenne. 52 % des électeurs ayant voté en ce sens lors d’un référendum national qui a eu lieu le 23 juin.
Selon les chiffres du CST et de la police, la Grande-Bretagne a vu une augmentation considérable des incidents xénophobes suite au vote, où l’immigration était un thème central. Les Juifs n’ont cependant pas été particulièrement ciblés par ces attaques après le référendum sur la sortie du Royaume-Uni, appelé aussi Brexit.