Haute Cour : Circoncision gratuite pour les convertis au judaïsme non orthodoxes
Cette décision met fin à une bataille juridique de 14 ans visant à garantir le même traitement qu'aux hommes qui se convertissent selon les principes religieux orthodoxes

Les hommes dont la conversion non orthodoxe au judaïsme a été reconnue auront désormais droit à une circoncision subventionnée par l’État eux aussi – un privilège déjà accordé à ceux qui se convertissent au judaïsme orthodoxe – a statué mardi la Cour suprême de justice, en réponse à un recours demandant l’égalité de traitement datant de 2009.
La décision sur la circoncision, ou brit milah, s’inscrit dans le cadre d’une bataille juridique plus large menée au cours des dernières dizaines d’années par les communautés non orthodoxes – dirigées par les mouvements massorti et réformé – contre ce que beaucoup considèrent comme une discrimination de la part de l’État.
« L’État n’est pas tenu de financer la procédure de circoncision pour achever un processus de conversion, mais lorsqu’il choisit de le faire, il doit procéder sur la base de l’égalité et du respect de la liberté religieuse de ceux qui ont le choix entre plusieurs processus de conversion », a précisé la juge Daphne Barak-Erez dans son arrêt.
Le grand rabbinat d’Israël, l’organe gouvernemental responsable du système judiciaire juif religieux doté d’une autorité juridique contraignante, ne reconnaît que les conversions orthodoxes au judaïsme. Certains rabbins affiliés au rabbinat ont même annulé des conversions rétroactivement, invoquant des problèmes allégués liés aux rabbins orthodoxes qui avaient supervisé ces conversions litigieuses, notamment en Amérique du Nord.
Orly Erez-Likhovski, directrice du Israel Religious Action Center (IRAC), l’organe juridique du mouvement réformé en Israël, a salué la décision, déclarant dans un communiqué qu’elle mettait fin à une « pénalité de facto pour ceux qui choisissent une conversion qui correspond à leur vision du monde ».
Elle fait référence au coût de la circoncision, qui peut s’élever à des milliers de shekels.
Les hommes qui ont terminé le processus de conversion orthodoxe au judaïsme sont envoyés par l’Autorité de conversion du gouvernement dans un établissement médical où la procédure est effectuée gratuitement.

Rakefet Ginsberg, PDG et directrice du mouvement massorti en Israël, a écrit dans un communiqué que « le peuple d’Israël attend des gouvernements israéliens qu’ils prennent l’initiative de telles mesures à l’avenir et qu’ils comblent les lacunes juridiques au lieu de devoir attendre que la Haute Cour statue pour assurer l’égalité entre juifs dans l’État d’Israël. »
Son organisation et l’IRAC ont introduit en 2009 la requête qui a abouti à l’arrêt de mardi.
Dans un premier temps, ils avaient accepté de suspendre cette action en justice dans l’attente d’une réforme plus large de la reconnaissance par l’État des conversions au judaïsme.

En 2021, la Haute Cour de justice a introduit l’une de ces réformes dans un arrêt historique qui ordonnait à l’État de reconnaître les conversions non orthodoxes effectuées en Israël.
À la suite de cet arrêt, les requérants qui demandaient que la circoncision soit également financée par l’État pour les convertis non orthodoxes ont demandé que leur appel soit réactivé, conduisant à l’arrêt de mardi.
Les garçons juifs sont généralement circoncis huit jours après leur naissance par un mohel, un homme qualifié pour enlever leur prépuce dans le respect des exigences religieuses. Les parents paient généralement plus de 1 000 shekels pour ce service, mais de nombreuses organisations caritatives l’effectuent à titre gracieux.
Les convertis plus âgés doivent subir une intervention, généralement pratiquée dans un hôpital par un chirurgien, pour finaliser leur processus de conversion. Sans remboursement, le coût peut s’élever à 3 000 shekels voire plus, indique le recours.