Hazan évincé d’une commission de la Knesset pour son soutien à une enquête sur la guerre à Gaza ?
Netanyahu aurait été inquiet que le député du Likud vote avec l’opposition cet automne pour lancer une enquête officielle ; Hazan parle de “décapitation”
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait évincé le député du Likud Oren Hazan de la commission de contrôle de l’Etat de la Knesset après que le nouveau député a menacé de voter en faveur d’une enquête officielle de l’Etat sur la guerre de Gaza de 2014.
Selon la Deuxième chaîne, Hazan a menacé de prendre parti pour l’opposition et de soutenir une enquête sur le conflit de 50 jours, connu en Israël sous le nom de Bordure protectrice. Netanyahu a décidé de remplacer Hazan au sein de la commission pour assurer une majorité avant le vote attendu sur une enquête quand la Knesset reprendra ses travaux à l’automne.
La chaîne a annoncé que Netanyahu ne faisait pas confiance au député Bezalel Smotrich, du parti HaBayit HaYehudi, qui fait également partie de la commission de contrôle de l’Etat, pour voter contre une enquête. Le président du parti de Smotrich, Naftali Bennett, qui est aussi ministre de l’Education, a sévèrement critiqué la gestion du conflit par Netanyahu et pourrait ne pas s’opposer à une enquête, selon la chaîne.
Le Likud annoncera mercredi l’éviction de Hazan, selon la Deuxième chaîne.
En réponse, le scandaleux Hazan, dont le comportement a déjà entraîné son éviction de commissions par la commission d’Éthique de la Knesset et par son propre parti, a déclaré que la décision était une « décapitation ».
« Il n’y a aucun doute que c’est un acte de décapitation, qui est populaire au Moyen Orient, pour que les autres députés du Likud continuent à avoir peur de s’exprimer », a déclaré Hazan.
L’Union sioniste a également condamné mardi cette décision, affirmant que Netanyahu avait « peur » de ce qu’une enquête révèlerait.
« Bibi [Netanyahu] a peur de Hazan. Il a peur des critiques, et il a principalement peur des critiques sur l’opération Bordure protectrice qui montrerait sa faiblesse face au Hamas, qui montrerait qu’il est un commentateur, pas un dirigeant », a écrit le parti dans un communiqué. « Quel échec cache Bibi ? Que sera-t-il révélé dont il a peur ? »
La présidente de la commission de contrôle de l’Etat, la députée Karin Elharar, du parti Yesh Atid, a déclaré mardi que « tous les jeux de Benjamin Netanyahu ne l’aideront pas ».
« Le Premier ministre agit selon des considérations politiques uniquement, et on ne sait pas de quoi il a peur », a-t-elle déclaré.
Elharar a promis que la commission examinerait le rapport du contrôleur de l’Etat Yossef Shapira sur la guerre, qui doit encore être publié et qui devrait crucifier la performance de Netanyahu et d’autres responsables militaires importants pendant le conflit.
Shapira aurait prévenu Netanyahu qu’il recommanderait une commission d’enquête sur la gestion de la guerre de 2014 contre le Hamas par le gouvernement si le Premier ministre refusait de rendre le rapport sur le conflit public.
Des fuites du contenu du rapport publiées cette année ont accusé Netanyahu, le ministre de la Défense de l’époque, Moshe Yaalon, et l’ancien chef d’Etat-major, Benny Gantz, de cacher des informations concernant la menace posée par le groupe terroriste du Hamas avant la guerre de 2014.
Selon des sources ayant examiné le document de 70 pages en mai, le contrôleur de l’Etat Yossef Shapira a accusé Netanyahu et Yaalon de ne pas avoir fourni au cabinet de sécurité des mises à jour à temps réel sur la menace imminente d’une guerre contre le Hamas, et les capacités des tunnels d’attaque transfrontaliers du groupe terroriste.
Le Premier ministre et le ministre de la défense aurait également caché des alertes du Shin Bet, qui évoquaient une guerre potentielle contre le Hamas début juillet 2014, selon la Dixième chaîne. Le conflit a commencé le 8 juillet 2014.
Les membres du cabinet de sécurité n’auraient appris l’existence des alertes du Shin Bet qu’une fois l’opération commencée, selon la chaîne.
Netanyahu n’a pas commenté publiquement cette information, même si une source proche du Premier ministre a déclaré que lui et Yaalon avaient rejeté les conclusions de Shapira, les qualifiant de « pas sérieuses ».
Nombre de députés ont critiqué Netanyahu pour sa mauvaise gestion du conflit, selon eux, et parce qu’il aurait cherché à garder secret le rapport sur la guerre.
La controverse sur ce rapport a été ravivée la semaine dernière quand Bennett a critiqué Netanyahu pour avoir refusé d’apprendre des erreurs commises pendant les moments précédant le conflit à Gaza.
« Avant le prochain conflit, nous devons apprendre des erreurs du passé et ne pas les nier. Tirer de réelles conclusions est un signe de force et de confiance, avait-il écrit sur Twitter. Quiconque refuse d’apprendre des erreurs du passé est condamné à les reproduire dans le futur. »