Des députés s’affrontent quant à la fuite du rapport sur la guerre de Gaza
Steinitz, le confident du Premier ministre, pense que certains anonymes cherchent à susciter un "drame" par cette fuite, alors qu'un député de l'Union sioniste avertit qu'une enquête d'Etat pourrait être inévitable
Les politiciens israéliens de l’ensemble de l’échiquier politique se sont prononcés samedi au sujet de la fuite du projet de rapport du contrôleur d’Etat sur la guerre de 2014 à Gaza, les membres de la coalition défendant les actions du gouvernement et les députés de l’opposition appelant à une enquête sur sa gestion du conflit.
Selon les médias israéliens, le projet de rapport dénonce les principales failles dans la gestion par le gouvernement du conflit de 50 jours avec le Hamas à Gaza, connu en Israël comme l’opération Bordure protectrice.
Il accuserait le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Moshe Yaalon de ne pas avoir mis à jour le cabinet de sécurité en temps réel de la menace imminente de guerre et de ne pas avoir discuté de la menace grave d’attaque en provenance de tunnels du groupe terroriste, selon des sources médiatiques israéliennes ayant lu le projet de rapport.
Le Contrôleur d’Etat Yosef Shapira a envoyé le projet hautement classifiés à Netanyahu, Yaalon et à d’autres responsables du gouvernement plus tôt cette semaine. Les médias israéliens ont commencé dès jeudi à faire part du contenu du projet, à la fureur de Shapira.
Le ministre de l’Énergie Yuval Steinitz, un proche confident de Netanyahu, a accusé les opposants au Premier ministre d’essayer de gonfler la gravité du projet de rapport.
« Il existe un grand fossé entre le rapport et tout le drame qui en découle », a déclaré Steinitz, selon la Deuxième chaîne.
« Lorsque le rapport final sera publié, on peut supposer qu’il traitera de questions importantes, mais il ne s’agit pas du rapport le plus fort jamais publié en Israël. Certains voulaient créer un drame et – parce que le rapport est confidentiel – ils y ont réussi, et le public ne voit pas la vérité ».
Le ministre a également rejeté les rapports selon lesquels le contrôleur a accusé le gouvernement de mauvaise gestion du conflit, en faisant valoir qu’il avait apporté deux années de calme le long de la frontière avec Gaza.
« J’étais présent à chaque réunion du cabinet et j’ai vu que l’opération a été gérée extraordinairement bien par la direction militaire et politique, » a-t-il dit.
« Pour moi, l’opération a été menée avec succès. Vous pouvez dire que les deux dernières années ont été très calme depuis Bordure de protection, et cette opération a créé un effet dissuasif dans les localités frontalières de la bande de Gaza « .
La chef du parti de gauche Meretz, quant à elle, a accusé samedi Netanyahou de se placer au-dessus de la loi et de toute critique de sa conduite et de ses échecs.
Zehava Galon a déclaré que Netanyahu a refusé de mettre en place une enquête d’Etat suite au conflit, a rapporté la radio israélienne. Au lieu de cela, dit-elle, le Premier ministre a promis de tenir une commission d’enquête des Affaires étrangères et de la Défense, ce qu’il a également torpillé.
Galon a déclaré que l’opération de 2014 n’avait abouti à rien et a blâmé Netanyahu, Ya’alon et les ministres qui, dit-elle, étaient assis à côté d’eux et sont restés silencieux tout en sachant que des informations ne leurs étaient pas dévoilées.
Le député de l’Union sioniste Itzik Shmuli a averti que si les critiques rapportées sont inclues dans le rapport final de Shapira, une enquête d’Etat sera nécessaire.
« Pour l’instant, nous parlons d’un projet, mais si les problèmes graves qui y ont été publiés apparaissent également dans le rapport final, la mise en place d’une commission d’enquête sera inévitable », a déclaré Shmuli à un événement culturel à Modiin, a rapporté la Dixième chaîne. « Nous devons donner aux habitants du sud toutes les raisons de dormir paisiblement la nuit. »
Dan Halutz, qui a servi en tant que chef d’état-major de Tsahal au cours de la deuxième guerre du Liban en été 2006, a déclaré samedi que toute l’affaire pourrait n’être qu’une manœuvre politique pour «neutraliser» les conclusions du rapport.
« Je ne néglige pas la [possibilité] que le projet de rapport ait été divulgué par ceux entourant les hommes politiques dont il est question afin de le neutraliser », a déclaré Halutz lors d’un événement culturel à Beer Sheva.
Halutz a fait face à de sévères critiques pour son rôle dans la guerre du Liban – ainsi que le premier ministre d’alors, Ehud Olmert et le ministre de la Défense Amir Peretz – suite au rapport de la Commission Winograd qui a été publié en 2007. Halutz était sous forte pression publique et politique pour démissionner, ce qu’il a fait en Janvier 2007, avant la publication du rapport officiel. Olmert et Peretz ont également été confrontés à ce genre d’appels.
Samedi, Halutz a établi des parallèles entre la façon dont les événements se sont déroulés concernant la publication du rapport de la Commission Winograd et celui du rapport bientôt publié sur la guerre de Gaza en 2014. Il a évoqué la possibilité que les adversaires du Premier ministre soient derrière la fuite ou tout au moins, qu’ils en bénéficient.
« Lorsque le rapport sera publié, ils organiseront des manifestations contre le Premier ministre, les parents endeuillés se retourneront contre lui. À l’époque, des extraits du rapport sont sortis avant que les gens ne soient censés l’avoir vu, et même alors, des éléments politiques étaient derrière cette fuite. Il en est de même aujourd’hui. Ceci est une machination politique afin de blesser le Premier ministre. C’est une sorte de déjà-vu », a dit Halutz.
La discorde concernant le contrôleur de l’Etat survient en plein milieu de nouveaux affrontements entre Israël et le Hamas à travers la frontière de Gaza, l’armée israélienne opérant afin de localiser et éliminer les tunnels d’attaque menant vers le territoire israélien.
Le chef du Hamas à Gaza, Ismail Haniyeh, a averti vendredi que bien que le groupe ne souhaite pas entrer dans un nouveau conflit avec Israël, il « ne tolérera pas » les incursions israéliennes à Gaza. Israël a annoncé jeudi qu’il avait découvert un tunnel, pour la deuxième fois en quelques semaines.