Herzog : la lutte autour de la réforme est une « source de fierté pour le pays »
S'exprimant lors à l'université Reichman, le président israélien s'est dit optimiste quant à la possibilité de trouver un large compromis, affirmant qu'il n'y a pas d'alternative
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le président Isaac Herzog a exprimé son optimisme lundi à propos de la lutte intérieure qui entoure, en Israël, la réforme du système judiciaire qui est proposée par le gouvernement, la qualifiant de « source de fierté pour notre pays ».
Lors de l’ouverture de la conférence Herzliya 2023 à l’université Reichman, Herzog a déclaré que la bataille politique qui dure depuis des mois est une « opportunité ».
« Si nous parvenons à des accords, nous ne pouvons qu’imaginer combien l’État en sortira renforcé et la manière dont cela nous permettra d’atteindre encore 75 ans de plus », a dit le président.
Depuis que le ministre de la Justice, Yariv Levin, a annoncé pour la première fois en janvier son projet d’affaiblir le pouvoir judiciaire au profit des autres branches de gouvernance, la réforme judiciaire est devenue une cible déterminante aux niveaux politique, économique et social en Israël. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé une pause dans le processus législatif sur la réforme judiciaire à la fin du mois de mars, après des semaines de protestations massives, afin de laisser le temps à des négociations.
Herzog a également fait l’éloge des représentants du gouvernement dirigé par Netanyahu et de l’opposition, qui ont mené des pourparlers à la résidence du président de Jérusalem.
« Ces discussions sont très sérieuses et très complètes », a-t-il insisté. « Les délégués donnent de leur personne et ils arrivent dans la salle avec de bonnes intentions. »
Les négociations n’auront pas lieu cette semaine, a confirmé dimanche le bureau de Herzog.
Les dirigeants « se sentent liés par la nécessité de parvenir à des accords généraux », et il n’y a pas d’alternative pour parvenir à une solution, a-t-il ajouté.
« Il s’agit d’un processus qui touche à la racine de notre fonctionnement en tant que société démocratique multiculturelle dans un pays qui est également le foyer national du peuple juif », a déclaré Herzog. « Ce processus prend du temps. Personne ne traîne les pieds. Personne ne perd de temps. »
Herzog a prédit qu’un compromis finirait par être trouvé.
« Les paramètres sont très, très, très clairs, mais ils nécessitent des délibérations profondes et significatives. Je suis optimiste », a-t-il dit.
Malgré près de deux mois de discussions entre les équipes représentant la coalition et les deux plus grands partis de l’opposition, aucun progrès tangible n’a été réalisé, selon des sources proches du dossier.
En ce qui concerne la politique étrangère d’Israël, Herzog a refusé de commenter le fait que Netanyahu n’ait pas reçu d’invitation à rendre visite au président américain Joe Biden.
Il a toutefois souligné l’importance d’un accord potentiel avec l’Arabie saoudite, un accord pour lequel Israël et Washington ont tous les deux exprimé à plusieurs reprises un vif intérêt.
« Les négociations et une percée diplomatique avec l’Arabie saoudite sont extraordinairement importantes et elles ont une influence considérable sur l’équilibre régional », a déclaré Herzog.
Il a également mis en garde contre l’influence régionale néfaste de l’Iran, qui soutient notamment des groupes terroristes à Gaza. Israël a mené une campagne de cinq jours contre le Jihad islamique palestinien, mandataire de l’Iran, au début du mois.
« Tant que l’Iran soutiendra [le Jihad islamique palestinien] et poussera ses groupes mandataires dans la région, il y aura un problème stratégique grave », a-t-il déclaré. « Nous ne pouvons pas l’ignorer, nous ne pouvons pas faire l’autruche. »
Herzog s’est montré pessimiste concernant les perspectives d’une avancée avec les Palestiniens.
« La nation palestinienne est divisée », a déclaré le président. « Il y a deux autorités. Il y a un processus de stagnation politique et un processus d’attente de la prochaine génération. »
« Cela ne dispense pas Israël de ce qu’il doit faire, mais il ne faut pas oublier que lorsqu’une société exalte et sanctifie le terrorisme, la situation est extrêmement compliquée. Vous attendez avant tout de votre interlocuteur qu’il fasse tout ce qui est en son pouvoir pour lutter contre le terrorisme. »