Herzog : “Les Etats-Unis devraient mener” un nouvel effort de paix régional
Israël a pour le chef de l’opposition une vraie chance de paix avec les états arabes, qui souffrent moins qu’avant d’un “complexe israélien”
WASHINGTON – Israël a une « opportunité unique » de négociations dans un cadre régional, a déclaré lundi le chef de l’opposition Isaac Herzog au public du Forum mondial du comité juif américain.
« Aujourd’hui, il y a une opportunité en or, que les Etats-Unis devraient mener et que la communauté internationale devrait soutenir sans réserve, a déclaré Herzog. Avec un leadership courageux et audacieux, nous pouvons saisir cette opportunité et créer un meilleur futur pour nous, et nos enfants. »
Herzog a déclaré que pendant les funérailles de Dafna Meir, une jeune femme mère de six enfants qui a été poignardée à mort en janvier par un adolescent palestinien, « quelque chose s’est cassé en moi ».
Le chef de l’opposition a dit que l’incident l’avait mené à s’interroger sur pourquoi Israël attend « les initiatives des autres qui ne servent pas toujours nos intérêts » plutôt que de lancer ses propres efforts de paix.
Herzog a décrit un Israël assailli par le terrorisme et au « milieu d’un sentiment national de futilité ».
« J’ai identifié un cours différent et une opportunité pour un changement réel sous la forme d’une énorme opportunité régionale pour la paix. J’ai travaillé dessus avec des dirigeants internationaux et régionaux directement et indirectement, comme d’autres l’ont fait ces derniers mois », a déclaré Herzog.
« Alors que l’idée de coopérer avec les pays arabes modérés a longtemps été discutée, il semble que cela porte ses fruits », a-t-il continué, ajoutant que « la nation qu’un groupe de nations arabes modérées est volontaire pour s’engager dans un processus avec Israël marque une opportunité unique. »
Herzog a listé l’Egypte, la Jordanie, les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Maroc, le Koweït et Bahreïn comme des « partenaires potentiels » pour l’établissement d’une « force de stabilisation » dans la région.
Le chef de l’opposition a noté que l’année prochaine marquerait à la fois le 70e anniversaire de la partition de la Palestine mandataire et le 50e anniversaire de la guerre des Six Jours de 1967. Herzog a déclaré que l’anniversaire de cette dernière était « un moment d’introspection nationale et d’examen de conscience. »
« Cela doit servir de réveil, Israël doit à présent prendre son destin entre ses propres mains et façonner son propre futur, a-t-il prévenu. Alors que nous avons vraiment un pays remarquable […], il est clair qu’une absence de progrès dans la séparation d’avec les Palestiniens présente une sérieuse menace démographique pour son avenir. »
Herzog a répété des avertissements déjà entendu de membres de l’opposition israélienne et de l’administration Obama, l’absence d’un chemin vers la paix place Israël sur le chemin précaire d’une solution à un état.
« Petit à petit, nous nous retrouvons entraînés vers un désastre binational, a averti Herzog. En attendant, la violence continue s’épanouir, la délégitimation d’Israël se renforce, et la communauté internationale est de plus en plus irritée par la réalité en Cisjordanie. »
Herzog a proposé un scénario alternatif plus optimiste, qu’il décrit comme la coalition sunnite, qu’il a comparé à l’OTAN dans sa capacité à s’unir autour de menaces partagées.
« Ces états arabes modérés se regroupent en quelque chose qui serait une version arabe sunnite informelle d’un OTAN régional, qui identifie les mêmes menaces qu’Israël », a-t-il dit.
« Une nouvelle configuration s’est formée dans la région afin de s’attaquer à la propagation de la haine et de la violence dans la région », a-t-il continué, citant l’Etat islamique et l’Iran dans les menaces partagées.
Les nouveaux dirigeants régionaux, a-t-il déclaré « souffrent moins d’un ‘complexe israélien’ que leurs prédécesseurs. Ils sont plus audacieux, plus jeunes, plus indépendants, et veulent travailler avec Israël, tant que cela sert leurs intérêts nationaux. »
Herzog a souligné que ces dirigeants étaient prêts à la fois « à soutenir les aspirations nationales des Palestiniens, et à reconnaitre les préoccupations sécuritaires d’Israël. »
Ils « voient la coordination diplomatique et sécuritaire avec Israël comme un développement potentiellement positif », a-t-il affirmé, mais pensent aussi que « le conflit continu d’Israël avec les Palestiniens nécessite une solution, ou au moins des progrès substantiels, comme une condition à l’amélioration de ces relations. »
« Alors que beaucoup de tentatives précédentes ont échoué, le paradigme change à présent dans la région et l’opportunité [de négociations de paix régionales] semble de plus en plus probable », a souligné Herzog.
« Ces pays arabes veulent voir Israël et les Palestiniens arriver à une résolution dans le cadre de leur propre agenda, et ont une incitation directe à construire la confiance et à pousser les Palestiniens vers un compromis basé sur l’esprit et les éléments de l’Initiative de paix arabe » de 2002.