Heurts au mont du Temple: Raam suspend son adhésion à la coalition et à la Knesset
Cette initiative, qui durera deux semaines, a été coordonnée avec Bennett pour tenter de soulager les pressions exercées sur le parti arabe et empêcher une rupture gouvernementale

Le parti islamiste Raam a décidé, dimanche de geler temporairement son adhésion à la Knesset et à la coalition dans un contexte de pressions croissantes sur la faction suite aux affrontements qui ont opposé émeutiers palestiniens et policiers israéliens sur le mont du Temple.
Une décision qui est largement déclarative à ce stade, le Parlement étant en congé – même si des sources de l’opposition ont dit la considérer comme une nouvelle opportunité donnée d’affaiblir la coalition, d’encourager des défections et de renverser le gouvernement.
Selon des sources qui ont été citées dans la presse israélienne, dimanche, la mesure – qui durera deux semaines et qui a été coordonnée avec le Premier ministre Naftali Bennett et le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid – vise à soulager les pressions exercées sur le parti et à empêcher une rupture avec le gouvernement qui deviendrait permanente.
Raam a critiqué les forces de sécurité israéliennes suite aux violences qui ont eu lieu sur le mont du Temple et un député de la faction islamiste a menacé de quitter la coalition. Le chef de Raam, Mansour Abbas, a pour sa part minimisé une telle perspective et il a lancé des appels répétés au calme.
La décision de ce gel temporaire a été prise pendant une rencontre du Conseil de Shura du Mouvement islamique de la branche sud, dimanche – c’est l’organisation-cadre à laquelle appartient Raam – qui était consacrée aux violences dans le lieu saint de Jérusalem.
Le conseil peut prendre des décisions concernant le parti et il a l’autorité nécessaire pour ordonner aux membres de la Knesset de démissionner de la coalition.
Fondé dans les années 1980, le Mouvement islamique a été placé sous le feu des projecteurs, l’année dernière, après l’entrée de Raam, fort de quatre sièges à la Knesset, au sein de la coalition. C’est la première formation arabe à intégrer une alliance au pouvoir depuis des décennies.

Le mouvement se divise de manière informelle en deux branches : la branche dite « du nord », plus radicale, et celle « du sud », plus modérée. Israël avait interdit la branche du nord en 2015 en raison de ses liens présumés avec des terroristes.
Contrairement à certains de ses prédécesseurs plus provocateurs, Abbas a adopté une approche pragmatique.
Dimanche matin, une importante personnalité religieuse du mouvement islamique du sud a appelé Raam à quitter la coalition en raison des heurts.
Des sources ont expliqué que dans la mesure où ces tensions sur le mont du Temple s’étaient accrues alors même que la Knesset est en congé, les responsables de Raam espèrent qu’au moment où le Parlement se réunira à nouveau, le 9 mai, la situation se sera apaisée.

Toutefois, certains ont suggéré que l’opposition pourrait utiliser ce gel décidé par Raam pour intensifier ses tentatives visant à renverser le gouvernement.

Et le député de Raam, Walid Taha, a déclaré peu avant l’annonce de la décision que la coalition se dirigeait « apparemment » vers l’effondrement. « Nous avions pensé que ce gouvernement se comporterait différemment », a-t-il dit, citant les visites « provocatrices » de Juifs sur le mont du Temple comme étant à l’origine des dernières violences. Le gouvernement, a-t-il accusé, « a permis à quelques centaines de fascistes » d’attiser les troubles.
Le gouvernement actuel est au bord de l’effondrement depuis la démission de la députée Idit Silman du parti Yamina de Naftali Bennett, il y a quelques jours, ce qui a fait perdre à l’alliance au pouvoir sa mince majorité. La Knesset, forte de 120 membres, est dorénavant dans l’impasse alors que coalition et opposition disposent chacun de 60 sièges.
Certains ont suggéré que la Liste arabe unie d’opposition, un parti à majorité arabe distinct du bloc dirigé par Benjamin Netanyahu, pourrait aider la coalition lors de certains votes et empêcher sa chute dans le cadre d’une motion de censure. La formation elle-même a émis des messages contradictoires à ce sujet.