Hilary Clinton : la relation américano-israélienne doit devenir « plus constructive »
Pour la possible candidate à la présidence américaine, cette question ne doit jamais devenir une question partisane
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Alors que la relation entre le président américain Barack Obama et le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’effrite, la potentielle candidate démocrate Hillary Clinton souligne que son approche envers Israël serait différente de celle de l’administration actuelle.
Lors d’une conversation téléphonique dimanche avec Malcolm Hoenlein, le vice-président exécutif de la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines, Clinton a affirmé : « Nous devons travailler tous ensemble pour retrouver la relation spéciale entre les États-Unis et Israël, la replacer à un niveau constructif, pour revenir au fondement des préoccupations et des intérêts que l’on partage. »
« Nous devons veiller à ce qu’Israël ne devienne jamais une question partisane », a-t-elle ajouté.
Clinton a également appelé à « une solution à deux Etats, mise en place par des négociations directes entre les Israéliens et les Palestiniens ».
Selon la Conférence des présidents, Hoenlein serait à l’initiative de la conversation.
Clinton, qui devrait annoncer le lancement de sa campagne en avril, avait évité de commenter les relations israélo-américaines au cours des dernières semaines.
Les commentaires de Clinton surviennent au moment où les liens entre Washington et Jérusalem sont en crise suite aux désaccords entre Netanyahu et Obama à propos des négociations avec l’Iran et du processus de paix avec les Palestiniens.
Netanyahu a été fustigé par l’administration Obama pour avoir déclaré, à la veille du 17 mars (jour des élections israéliennes), qu’il ne permettrait pas la création d’un Etat palestinien pendant son mandat. Les Américains ont alors menacé de réévaluer leur approche du processus de paix.
La Maison Blanche a rejeté les clarifications post-électorales de Netanyahu. Il avait expliqué qu’en réalité, sur le principe, il n’était pas opposé à l’établissement d’un Etat palestinien ; mais qu’il s’y opposait dans les circonstances actuelles. Il a affirmé qu’il soutenait encore une solution pacifique et durable à deux Etats, mais que la région était de plus en plus dangereuse et que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas refusait d’accepter Israël en tant qu’État juif.
Le Premier ministre a également présenté ses excuses pour ses remarques, prononcés le jour des élections, sur les Israéliens arabes qui votaient « en masse » – pour lesquelles il a été critiqué au niveau national et à l’étranger, notamment par Obama. Netanyahu a précisé qu’il n’a jamais voulu blesser la communauté minoritaire.
Malgré ses commentaires récents sur Israël, Clinton s’est elle-même alignée sur Obama beaucoup plus souvent qu’elle ne l’a critiqué.
La semaine dernière, quelques heures après avoir rencontré Obama à la Maison Blanche, Clinton a tweeté une liste des réussites de la loi sur les soins de santé du président lors de son cinquième anniversaire. « Les abroger ? Embrasser-les ! », a-t-elle déclaré, affichant une vieille photo d’elle-même tendant ses bras pour étreindre Obama à la Maison Blanche.
Une rupture publique importante entre Hillary Clinton et Obama est intervenue l’été dernier, quand elle a lancé une pique à peine voilé contre la doctrine « ne pas faire de choses stupides » en politique étrangère. Dans une interview accordée au magazine The Atlantic, elle a déclaré : « Les grandes nations ont besoin de principes d’organisation, et ‘ne pas faire de choses stupides’ n’est pas un principe d’organisation. »
Clinton s’est ensuite précipitée pour revenir sur sa pique, en appelant son ancien patron pour essayer d’arranger les choses. Obama et Clinton se sont rencontrés en personne quelques jours plus tard et « se sont embrassés », ont affirmé leurs assistants.
Clinton a également largement soutenu la décision d’Obama de mener une action militaire contre le groupe terroriste de l’Etat islamique en Irak et en Syrie. Elle a soutenu les négociations nucléaires avec l’Iran et l’a rejoint en critiquant fortement les sénateurs républicains qui ont écrit à Téhéran en avertissant que le Congrès pourrait revenir sur un accord éventuel.
Il est difficile de savoir si Clinton soutiendra finalement un accord sur le nucléaire si les Etats-Unis et ses partenaires de négociation réussissent à parvenir à un accord. Mais elle a été impliquée dans les premiers efforts de l’administration pour entamer des pourparlers secrets avec les Iraniens – en envoyant même son conseiller politique, Jake Sullivan, pour les conduire.
Malgré les liens tendus entre Obama et Netanyahu, le président républicain du Congrès, John Boehner, a affirmé dimanche que les relations israélo-américaines se sont considérablement améliorées au cours des derniers mois, en particulier depuis que le Congrès à une majorité républicaine.
Boehner avait lancé l’invitation controversée de Netanyahu au Congrès, qui a permis au Premier ministre d’exhorter les législateurs à contrecarrer un accord nucléaire entre l’Iran et plusieurs puissances mondiales, un accord qui est fermement soutenu par Obama. La visite, qui n’a pas été coordonné avec les responsables de l’administration, a entraîné la colère de la Maison Blanche, alors que Netanyahu a été perçu par la critique comme tentant de saper publiquement l’autorité du président.