Israël en guerre - Jour 431

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Hitler, Saddam, Arafat : les prénoms de certains Palestiniens

Si certains parents jugent bon de nommer leurs enfants après des dictateurs responsables de millions de morts, d'autres encouragent la coexistence

Hitler Abou Hamad à Hébron (Crédit : AFP/HAZEM BADER))
Hitler Abou Hamad à Hébron (Crédit : AFP/HAZEM BADER))

Hitler et Saddam Hussein discutent dans un café : cela pourrait être le début d’une mauvaise blague mais dans les Territoires palestiniens, une telle rencontre n’est pas aussi impossible qu’il y paraît.

Les Palestiniens donnent souvent à leurs enfants des prénoms de personnages connus, de héros nationaux ou d’étrangers qui soutiennent leur cause. A charge pour leur descendance de vivre avec.

Hitler Abou Hamad pense qu’il est le seul à porter un tel nom dans les Territoires palestiniens et il n’en est pas fier. Il aurait pu en changer mais il s’est résigné.

« Il n’y a aucune relation entre mon prénom et ce qu’a fait Adolf Hitler. Ses actes me font horreur », explique-t-il à l’AFP chez lui à Hébron, en Cisjordanie.

« Je suis contre le meurtre, la violence, les violations des droits de l’Homme. Mais je me suis habitué à ce prénom, il fait partie de ma personnalité », ajoute cet instituteur de 41 ans.

Son état civil l’associant à l’un des hommes les plus détestés du XXe siècle trouve son origine, à son corps défendant, dans le conflit entre Israéliens et Palestiniens.

A sa naissance, son père, pour protester contre Israël, a voulu choisir le nom de l’instigateur du génocide juif, dans lequel six millions de personnes ont été massacrées.

« Mon père m’a donné ce prénom en guise de provocation », explique-t-il. « Ce n’était pas un geste politique, c’était un homme simple qui a commis une erreur. Il voulait que mon prénom pousse les occupants à réfléchir », avance Hitler Abou Ahmad.

Père de deux enfants, M. Abou Ahmad a étudié la littérature anglaise avant de devenir directeur adjoint d’une école d’Hébron, près de son domicile, tout en apprenant à lire et à écrire à des adultes.

Le choix de son père lui a causé d’innombrables soucis pendant sa scolarité ou aux check-points de l’armée israélienne dressés un peu partout en territoire palestinien.

« Certains de mes instituteurs me traitaient mal et me saluaient par des ‘Heil Hitler’ « , se souvient-il.

A l’âge de 15 ans, quand il a décliné son identité devant un officier israélien, celui-ci s’est emporté, relate-t-il. « Il m’a dit : ‘Tu es un criminel’ « , et ses soldats l’ont battu et lui ont cassé le nez, raconte-t-il.

Contactée par l’AFP, l’armée israélienne n’a pas commenté ces propos.

C’est à cause de son prénom que les autorités israéliennes ne lui ont pas accordé de permis pour étudier et travailler en dehors de la Cisjordanie, dit-il.

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas lors d'un rassemblement commémorant le cinquième anniversaire de la mort de Yasser Arafat à Ramallah, en Cisjordanie, en novembre 2009. (Crédit : Issam Rimawi/Flash90)
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas lors d’un rassemblement commémorant le cinquième anniversaire de la mort de Yasser Arafat à Ramallah, en Cisjordanie, en novembre 2009. (Crédit : Issam Rimawi/Flash90)

De nombreux Palestiniens ont donné à leurs enfants le nom de Yasser Arafat, leur leader historique. D’autres ont choisi Castro, Che Guevara, Chavez… : des personnalités d’Amérique du Sud qui ont soutenu leur cause.

A Hébron, il y a aussi un Carter Abou Isneyna, en référence à l’ancien président américain Jimmy Carter, qui a tenté de convaincre Israël de mettre fin à la présence israélienne dans les Territoires palestiniens et conduit les discussions de paix de Camp David entre Israël et l’Egypte.

Qaïs Hussein Omar est pour sa part né en 1976 avec un autre patronyme : Saddam Hussein. Lui aussi raconte que cette identité lui a valu d’être régulièrement passé à tabac par des soldats israéliens et d’être hospitalisé.

« Mon nom a été la source de souffrances psychologiques et physiques. »

Confronté à des difficultés dans d’autres pays, il a finalement changé de nom il y a sept ans.

Du côté des Arabes israéliens, un habitant de Haïfa, dans le nord d’Israël, porte le nom de Jules Yusuf Jammal, un officier syrien qui a lancé une attaque-suicide lors de la crise de Suez en 1956.

« Je suis content de mon nom », confie-t-il.

Saddam Hussein pendant la guerre Iran-Irak, dans les années 1980. (Crédit : Domaine public/Wikimedia Commons)
Saddam Hussein pendant la guerre Iran-Irak, dans les années 1980. (Crédit : Domaine public/Wikimedia Commons)

Niji Obeid, un Arabe israélien chrétien qui tente d’encourager les membres de sa communauté à servir dans l’armée israélienne, a pour sa part donné à son fils le nom de Menahem Begin, ancien Premier ministre israélien de droite.

« J’aimais ce dirigeant, c’était mon ami, c’est pourquoi j’ai appelé mon fils Begin Obeid. Il sert dans la marine israélienne », explique-t-il.

Un autre Arabe israélien chrétien, Wahid Nicola, a nommé son fils Benjamin Netanyahu après la victoire de l’actuel Premier ministre israélien aux élections de 1996.

Benjamin Netanyahu Nicola, livreur de 21 ans, a expliqué dans des entretiens à des médias israéliens que son nom lui avait causé d’innombrables tracas lors de ses livraisons dans les localités arabes.

Il voulait en changer mais son père, membre du Likud, le parti de M. Netanyahu, s’y est opposé, selon les médias.

Benjamin Netanyahu Nicola a refusé de parler à l’AFP : « Son nom lui a causé beaucoup de problèmes, en particulier après des interviews. C’est la raison pour laquelle il n’en donne plus », a expliqué sa mère.

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