Hollande dit avoir « rappelé » à Rouhani « l’attachement de la France aux droits de l’homme »
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Paris pour dénoncer les atteintes aux droits de l'homme en Iran

Le président français François Hollande a dit avoir « rappelé » au président iranien Hassan Rouhani, au cours de sa visite officielle jeudi, « l’attachement de la France aux droits de l’homme ».
« Nous avons parlé de tout, parce que c’est toujours la règle de conduite de la France », a déclaré le chef de l’Etat Français pendant une conférence de presse commune, à l’issue d’une rencontre de près de deux heures avec son homologue iranien.
« J’ai rappelé l’attachement de la France aux droits de l’homme, aux libertés, il vaut pour tous les pays, pour toutes les régions du monde », a ajouté François Hollande, observant que « la lutte contre le terrorisme peut être menée sans atteintes aux droits de l’homme ».
Dans cette lutte, a-t-il cependant noté, « nous avons cette même exigence (…) nous devons agir, agir contre ce que le terrorisme porte comme danger pour nos populations, agir sur les causes donc régler les crises ».
« Il est important que l’ensemble des populations porte attention aux droits de l’Homme », a déclaré à ses côtés le chef de l’Etat iranien, abordant d’emblée la question dans son propos liminaire.
« Les Occidentaux ne doivent pas simplement dire qu’ils (leurs pays) sont complètement conformes aux droits de l’Homme et que d’autres pays ne le sont pas », jugeant que « c’est totalement faux », a-t-il ensuite ajouté, interrogé par la presse.
« Je pense que tous les pays doivent œuvrer pour les droits de l’Homme, car dans chaque pays il peut y avoir des difficultés, des manquements », a poursuivi Hassan Rouhani.
Ainsi, selon lui, « ces manquements doivent être corrigés » et « chaque président, dans son pays, doit soutenir le règlement, le droit ». « Moi, en tant que président de mon pays, j’ai la responsabilité d’être le garant de la Constitution et des droits », a-t-il dit.
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté jeudi à Paris contre la visite de Rouhani en France, en dénonçant les atteintes aux droits de l’homme et la peine de mort pratiquée à Téhéran.
Dans une tribune sur internet, une soixantaine de parlementaires français ont également appelé le président François Hollande à « exiger » de son homologue « la libération des prisonniers politiques ».
La manifestation la plus importante a rassemblé quelque 800 personnes, selon une journaliste de l’AFP sur place, pour une marche à l’appel du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), coalition d’opposants en exil dont les plus connus sont les Moudjahidine du Peuple.
Les participants ont défilé de la place Denfert-Rochereau, dans le sud de Paris, jusqu’aux Invalides, au centre de la capitale, où le président iranien avait eu droit en début de journée aux honneurs militaires.
« En tant que haut responsable durant les 37 années de la dictature religieuse en Iran, Rouhani a trempé dans toutes les atrocités de ce régime », a dénoncé Maryam Radjavi, présidente du CNRI.
Chiffrant à environ 2 000 le nombre d’exécutions capitales dans le pays depuis l’arrivée au pouvoir de Rouhani en 2013, elle a dénoncé la « façade de modération » du chef de l’Etat, « grande supercherie visant à attirer l’aide occidentale » à Téhéran.
« Comment est-ce qu’on peut dérouler un tapis rouge à quelqu’un qui met la peine de mort au sommet de son fonctionnement politique, pour avoir des contrats, pour avoir des marchés? Je trouve cela parfaitement inacceptable », s’est insurgé l’eurodéputé écologiste français José Bové.
Sur un pont de la capitale à proximité de la tour Eiffel, des militantes Femen ont accroché de leur côté une banderole proclamant en anglais : « Bienvenue Rouhani, exécuteur de la liberté » (« Welcome Rouhani, executioner of freedom », ndlr).
Près de l’Assemblée nationale, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées jeudi après-midi à l’appel de plusieurs organisations juives.
Les protestataires, dont certains arboraient le drapeau israélien, ont déployé une grande banderole montrant le tapis rouge du perron de l’Elysée se transformant en une mare de sang et clamant « Tapis rouge sang pour Rouhani, ne mettons pas les droits de l’Homme sous le tapis ».
Selon Amnesty International, la République islamique est le pays qui exécute le plus de mineurs au monde. Reporters Sans Frontières a dénoncé un pays devenu « l’une des cinq plus grandes prisons au monde pour les journalistes ».