Israël en guerre - Jour 533

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« Il n’est pas mort, il est dans sa chambre », un ami d’Ariel peine à accepter sa mort

Yoav Avital, 5 ans, a imaginé une potion pour ramener Ariel Bibas à la vie et a dicté une lettre le décrivant survolant Gaza pour combattre les méchants avec un arc et des flèches

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Des temps plus heureux : Sur cette photo non datée, Yoav Avital (à droite) joue avec son ami, feu Ariel Bibas, qui a été assassiné par des terroristes du Hamas à Gaza (crédit : porte-parole du kibboutz Nir Oz)
Des temps plus heureux : Sur cette photo non datée, Yoav Avital (à droite) joue avec son ami, feu Ariel Bibas, qui a été assassiné par des terroristes du Hamas à Gaza (crédit : porte-parole du kibboutz Nir Oz)

Lors d’un discours très émouvant prononcé samedi lors d’un rassemblement des habitants du kibboutz Nir Oz, la mère de Yoav Avital, un ami du tout jeune otage assassiné Ariel Bibas, a tenté de raconter comment un enfant de cinq ans vit la perte d’un ami proche.

Ariel, 4 ans, son petit frère Kfir, âgé d’à peine 8 mois et demi, et leur mère, Shiri, ont tous trois été assassinés par des terroristes du Hamas après avoir été enlevés et emmenés dans la bande de Gaza le 7 octobre 2023. Leur père, Yarden, lui aussi pris en otage le même jour, a été libéré de l’enclave lors d’un accord de cessez-le-feu et de libération d’otages le 1er février.

Ariel et Yoav Avital, âgé de 5 ans, étaient amis et avaient grandi ensemble depuis leur plus jeune âge.

Un mois après le pogrom perpétré par les terroristes du Hamas au kibboutz Nir Oz — au cours duquel près d’un quart de la population a été assassinée ou enlevée — les survivants et les membres du kibboutz Kerem Shalom se sont réunis à l’hôtel d’Eilat où ils avaient été évacués. Le chanteur pop Avraham Tal participait également à cet événement, a raconté Yamit Avital depuis Kiryat Gat, où la communauté réside actuellement en attendant la reconstruction du kibboutz, gravement endommagé.

Au cours de la rencontre, des photos des personnes disparues ont été distribuées. À ce moment-là, il régnait encore une grande incertitude : nul ne savait exactement qui avait été enlevé, tué ou porté disparu.

« Mon mari tenait la photo d’Ariel Bibas, » raconte Yamit Avital. « Yoav, mon fils de 5 ans, a vu la photo et a dit : ‘Ce n’est plus mon ami, il est mort.’ Puis il s’est endormi sur le canapé. Il n’a pas pu contenir toute cette douleur, et nous avons tous fondu en larmes. »

Yoav Avital (à droite) avec son ami, feu Ariel Bibas, assassiné par des terroristes du Hamas à Gaza (Crédit : Porte-parole du kibboutz Nir Oz)

Elle a poursuivi en racontant que « quand l’événement s’est terminé, il m’a regardée dans la salle à manger et s’est écrié en pleurant : ‘Ariel n’est pas mort ! Il n’est pas mort, maman, il est vivant, il est dans sa chambre, et tu ne connais pas le numéro de sa chambre !’ ».

« Je ne savais pas quoi dire, je l’ai pris dans mes bras et j’ai pleuré », a confié Avital.

Elle a ensuite évoqué les questions douloureuses posées par son fils lors du premier échange d’otages contre des prisonniers palestiniens en novembre 2023 : « Yoav n’arrêtait pas de demander ce qu’il était advenu d’Ariel et de Kfir. ‘Quand est-ce que ce sera leur tour de revenir ?’ »

Il y a quelques mois, lors d’un événement à Kiryat Gat, Yoav est monté sur scène pour parler d’Ohad Yahalomi, un ami de la famille qui avait été pris en otage et qui aurait été assassiné en captivité.

Le Hamas devrait restituer sa dépouille, ainsi que celles de trois autres otages, le jeudi suivant.

« Quand je suis descendue de scène, Yoav est venu me voir et m’a demandé innocemment : ‘Mais pourquoi n’as-tu pas parlé d’Ariel ? Il n’est pas encore revenu. Tu aurais dû parler de lui aussi.’ »

« De temps en temps, Yoav me demandait si je savais ce qui se passait avec Ariel et Kfir et me disait combien il lui manquait et combien il se souciait de lui » ajoute-t-elle encore.

Une lettre que Yoav Avital, 5 ans, a dictée à sa mère Yamit pour son ami, feu Ariel Bibas, assassiné par des terroristes du Hamas à Gaza. (Crédit : porte-parole du kibboutz Nir Oz)

« Il m’a même demandé d’écrire une lettre en son nom et de l’apporter à Mali, l’institutrice du jardin d’enfants, afin qu’elle puisse la lui remettre quand Ariel reviendrait. Il m’a dicté son message : ‘Je veux dessiner Batman pour toi, et tous les héros qui volent, pour que tu puisses voler au-dessus de Gaza et combattre les méchants avec un arc et des flèches. Ensuite, tu reviendras chez nous et tu seras avec nous au jardin d’enfants. J’espère que tu t’achèteras des bonbons et une cape. Tu me manques’ ».

Quelques semaines plus tard, réalisant qu’Ariel n’était toujours pas revenu, Yoav a demandé à sa mère d’envoyer un message à la radio pour qu’Ariel l’entende et trouve la force de revenir.

« Chaque fois, il me demandait si Ariel et Kfir avaient un terrain de jeu à Gaza et s’ils pouvaient jouer dans le sable et courir dehors, comme au kibboutz », poursuit-elle.

Lors de Pourim l’année dernière, Yoav a insisté pour garder le costume de Batman pour Ariel, convaincu que son ami reviendrait bientôt. Quand Ariel n’est finalement pas revenu, Yoav a décidé de porter le costume lui-même et a déclaré qu’il volerait pour aller le sauver.

« Depuis un mois et demi, nous expliquons aux enfants l’accord [de libération d’otages et d’échange de prisonniers] et tous ses détails », a indiqué Avital, ajoutant que « Yoav a sauté de joie en pensant qu’Ariel reviendrait d’une minute à l’autre ». Mais elle a également dû préparer les enfants à l’idée que certains otages ne reviendraient pas vivants, et que personne ne savait encore qui ils étaient.

« C’est ce qui effrayait le plus Yoav, et il a demandé avec l’innocence d’un enfant : ‘Alors, Ariel est mort ? Il ne reviendra pas ?’ » s’est souvenue Avital qui dit lui avoir répondu qu’elle « ne savait pas s’il reviendrait vivant ». Ce jour-là, Yoav a commencé à faire ses adieux à son ami et, nous a dit en pleurant combien il avait « mal au cœur, c’est dur, je n’arrête pas de penser à lui ».

Yoav Avital portant son costume de Batman. (Crédit : porte-parole du kibboutz Nir Oz)

« Chaque Shabbat, mes enfants demandaient si Ariel reviendrait cette fois-ci, mais à chaque fois, d’autres otages plus âgés que lui revenaient. Alors, les questions ont commencé à fuser : ‘Où sont Ariel, Kfir et Shiri ? Ce sont les plus jeunes. Pourquoi ne sont-ils pas les premiers à être ramenés ? Shiri est une femme ; elle devrait revenir avant les hommes’ ».

Yoav, tentant de comprendre l’inexplicable, a dit à sa mère que « peut-être qu’ils les aiment tellement là-bas parce qu’Ariel est drôle et espiègle, et que c’est difficile pour les terroristes de les laisser partir. »

Le mardi précédant la dernière vague de libérations, la liste des noms des otages vivants qui seraient libérés est arrivée. « C’est à ce moment-là que nous avons compris qu’il fallait préparer les enfants et leur expliquer la situation, » a raconté Avital.

Quand la terrible nouvelle est finalement tombée, les questions douloureuses et innocentes ont commencé.

« Des questions d’enfants innocents : ‘Comment ? Pourquoi ? Comment est-il mort ? Comment l’ont-ils fait ? Pourquoi les ont-ils tués ? Mais ils ne leur avaient rien fait. Il n’a que 5 ans, il est plus jeune que moi, et Kfir est encore un bébé…' »

« Puis il y a eu les pensées confuses et empreintes d’innocence ont commencé à se bousculer dans l’esprit de Yoav. ‘S’il arrive dans un cercueil, ça veut dire qu’il est debout à l’intérieur, donc il est encore vivant… Mais alors, comment est-il entré allongé dans le cercueil ? Il est toujours vivant, maman, tu n’as pas bien compris. Et si Ariel est dans l’espace, ça veut dire qu’il vole là-haut, il ne peut pas être mort.’ »

Yoav Avital (à droite) et feu Ariel Bibas, assassiné par des terroristes du Hamas à Gaza. (Crédit : porte-parole du kibboutz Nir Oz)

« Et ensuite, les idées sont venues, » a raconté Yamit Avital. « Yoav m’a dit : ‘Mais il y a des gens très intelligents en Israël, n’est-ce pas, maman ? Alors peut-être qu’ils peuvent inventer une potion spéciale avec des ingrédients qui ramèneront Ariel et Kfir à la vie. Cette potion aurait un peu de la puissance des deux couteaux de Batman, du feu, de la vitesse et une cape pour qu’il puisse voler rapidement jusqu’à Gaza. Là, les couteaux couperont la bouteille, la potion se répandra sur son corps et il pourra alors nous revenir. C’est simple.’ »

Avital a tenté d’expliquer à Yoav qu’une personne décédée ne pouvait pas revenir à la vie. « Mais il me manque », lui a dit Yoav, ajoutant « Est-ce que je pourrai le revoir au moins une fois ? »

En entendant la conversation, Adi, la sœur aînée de Yoav âgée de 8 ans, a dit qu’au moins « on a pu les voir une dernière fois… avant tout ce qui s’est passé, à la piscine. Yoav ne voulait pas le quitter, ils ont joué longtemps et étaient très heureux. Je m’en souviens, même si l’eau était déjà très froide – c’était notre adieu à eux. »

Adi a ensuite demandé à Yoav s’il se souvenait des moments passés avec Ariel. Yoav a hoché la tête et lui a dit qu’ils s‘étaient « disputés aussi. Je ne me serais pas disputé avec lui si j’avais su… ».

Adi l’a rassuré en lui disant que ce n’était pas grave, que « les bons amis se disputent aussi ».

Avital a ajouté que tout en pleurant elle aussi, que « tout ce que j’ai pu faire, c’est lui dire qu’il pourrait revoir Ariel dans ses rêves, le serrer fort dans ses bras, jouer aux super-héros avec lui, être ensemble dans la piscine, explorer les insectes et les plantes, lui raconter comment il va et entendre comment Ariel se sent. »

Avital s’est ensuite adressée à Shiri Bibas en disant « Je veux croire que tout comme tu as enveloppé et protégé Arielulu (le petit surnom d’Ariel) et ton cher petit Kfir lors de votre enlèvement, tu les as aussi serrés dans tes bras et tu ne les as pas quittés jusqu’au dernier moment. Tu resteras toujours dans ma mémoire comme une mère lionne ».

« Ton histoire aurait dû se terminer différemment ; nous espérions une fin heureuse », a ajouté Avital. «  Mais maintenant que nous connaissons enfin votre sort et que nous savons que vous ne souffrez plus, que vous êtes ici, chez vous, et que vous reposerez ici en terre d’Israël, nous vous souhaitons de vous reposer en paix, cette paix que vous avez tant méritée. »

Shiri Bibas, au centre, et ses fils Ariel, 4 ans, et Kfir, dix mois, enlevés par des terroristes du Hamas, au kibboutz Nir Oz, le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

Après leur enlèvement, les deux jeunes frères roux sont devenus des symboles dans le monde des horreurs du 7 octobre 2023, jour où les terroristes du Hamas ont fait irruption dans le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, assassinant plus de 1 200 personnes et en kidnappant 251 autres.

Une vidéo diffusée en ligne montrait Shiri Bibas, terrifiée, tenant ses deux jeunes garçons dans ses bras, entourée de civils armés.

Le 20 février, le groupe terroriste a rendu les dépouilles des deux enfants, ainsi que celle d’une femme que le Hamas a faussement prétendu être Shiri Bibas. Ce n’est que deux jours plus tard que le corps de Shiri a été effectivement restitué. Son mari, Yarden Bibas, enlevé et séparé de sa famille lors de l’attaque, a été libéré vivant le 1er février.

Vendredi, l’armée israélienne a annoncé que des examens médico-légaux avaient révélé que les terroristes qui détenaient Ariel et Kfir les avaient assassinés « à mains nues » quelques semaines après leur enlèvement.

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