Il n’y aura pas de transports publics pendant le Shabbat
Avant une audience de la Haute cour, le parquet affirme que les arguments en faveur des transports en communs ne sont pas soutenus par les régulations actuelles
Israël affirme ne pas avoir l’obligation de fournir des transports en commun le samedi, car ils ne sont pas un « besoin vital ». L’Etat a présenté sa position en réponse à une pétition déposée auprès de la Haute cour de Justice, qui visait à mettre en places des transports publics pendant la journée juive de repos.
Les trains et les bus publics ne circulent pas dans la plupart des villes israéliennes à majorité juive le vendredi soir et le samedi, ce dont les habitants laïcs se plaignent depuis des années, et jugent être une forme de coercition religieuse qui nuit à leur qualité de vie.
Les requérants, parmi lesquels un certain nombre d’associations libérales et la députée Tamar Zandberg, issue du parti de gauche du Meretz, affirment que les normes « d’égalité, de dignité, de liberté de déplacement et de liberté de religion » placent l’Etat dans l’obligation d’assurer des transports publics à Shabbat.
Le bureau du procureur de l’Etat a cependant répondu dans une lettre adressée à la cour mardi que « les tentatives des requérants de sous- entendre que les transports publics seraient une nécessité vitale ne prennent pas. »
Dans sa réponse, l’Etat a cité les régulations actuelles, qui permettent les transports publics pendant Shabbat pour des raisons « essentielles », et a ajouté que les arguments des requérants ne répondaient pas à ce critère.
« L’opinion de l’Etat est que cette régulation, qui porte sur l’attribution d’une licence pour opérer des lignes [de bus] pendant les jours de repos, qui sont essentielles en termes d’existence des services de transport en commun, a pour objectif de permettre des transports publics adéquats, par exemple après le début et avant la fin du Shabbat », a écrit l’Etat, ajoutant que « l’interprétation [de la régulation par les requérants] ne correspond pas à l’esprit de la loi ni à l’intention des législateurs. »
L’Etat a également ajouté qu’il y avait suffisamment de moyens de transports disponibles pendant Shabbat, et que le nombre de licences permettant le transport d’individus pour ce jour avait augmenté.
La Haute cour devrait tenir une audience sur ce sujet la semaine prochaine.
En réponse à la lettre de l’Etat à la Cour, Zandberg a déclaré que l’argument juridique de l’Etat était « délirant », et ne prenait pas en considération le besoin de transport public le Shabbat.
« L’interprétation qui a été donnée par certains des clauses des lois n’est pas moins délirante, et s’inscrit dans la droite ligne du mépris du ministre [des Transports Yisrael] Katz pour les milliers d’Israéliens pour qui les transports en commun pendant le Shabbat sont un besoin essentiel », a-t-elle dit.
Le mouvement Israël Hofsheet, l’un des requérants de la pétition de la Haute cour, a déclaré que la réponse de l’Etat ne traitait pas correctement la question.
« La réponse de l’Etat poursuit la tradition de gymnastique linguistique et juridique du ministère des Transports sur un sujet si vital, qui est pertinent pour tous les citoyens de l’Etat d’Israël », a ajouté le mouvement.
L’interdiction des transports en commun pendant Shabbat en Israël est fondée sur un accord conclu en 1047 entre David Ben Gurion, futur premier Premier ministre de l’Etat, et le mouvement Agudat Yisrael, qui représentait à l’époque la communauté ultra-orthodoxe. Cette décision est devenue la base de nombreuses autres liées à la vie religieuse en Israël, notamment sur le sujet des transports en communs pendant Shabbat.
Malgré l’opposition de l’Etat, un sondage de la Deuxième chaîne a conclu que 73 % des Juifs israéliens soutenaient la mise en place de transports en commun pendant Shabbat.
L’AFP a contribué à cet article.