Israël en guerre - Jour 534

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Il y a 75 ans, s’ouvrait le procès de Nuremberg

Depuis 1943, les Alliés réfléchissaient au sort des criminels de guerre allemands et avant même la capitulation, le principe d'un procès international et public a été arrêté

Karl Brandt (au centre), l'un des 23 médecins allemands jugés à Nuremberg en 1946 pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. (Crédit : domaine public)
Karl Brandt (au centre), l'un des 23 médecins allemands jugés à Nuremberg en 1946 pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. (Crédit : domaine public)

Le 20 novembre 1945 s’ouvrait à Nuremberg le plus grand procès de l’histoire, au cours duquel 21 des plus hauts dirigeants du régime nazi, dont le successeur désigné d’Hitler Hermann Goering, ont eu pour la première fois à répondre de leurs crimes devant la justice internationale.

Depuis 1943, les puissances alliées réfléchissaient au sort des criminels de guerre allemands. Avant même la capitulation, le principe d’un procès sans précédent, devant un tribunal international et en public, est arrêté.

Six mois seulement après la fin des hostilités, les procureurs, qui sont comme les juges issus des quatre puissances alliées, réunissent 300 000 témoignages et quelque 6 600 pièces à conviction, étayés par 42 volumes d’archives.

Le procès se tient dans une ville en ruines, mais dont le palais de justice relié à une prison est encore debout. Nuremberg, ancienne cité impériale, est surtout la ville symbole du nazisme où Hitler tenait ses grands rassemblements et où ont été promulguées en 1935 les lois anti-juives.

Des membres SS portent des drapeaux avec une croix gammées et des noms des régions et des villes allemandes alors qu’il marchent vers la mairie de Nuremberg, en Allemagne, le 10 septembre 1935, pour ouvrir la convention du Parti des Travailleurs d’Allemagne Nationale Socialiste (AP Photo).

Crimes contre l’humanité

Le 20 novembre 1945 à 10H00 du matin, le procès s’ouvre dans la salle d’audience 600 du tribunal, en présence de centaines de journalistes. « La véritable partie plaignante à la barre, c’est la civilisation », déclare le procureur américain Robert Jackson.

Sur le bancs des accusés, se tiennent les plus hauts dignitaires nazis encore vivants après les suicides d’Adolf Hitler, Joseph Goebbels et Heinrich Himmler.

Joseph Goebbels (à droite), et Adolf Hitler à un tournage. (Crédit : domaine public)

Hermann Goering, ancien numéro 2 du régime, côtoie Rudolf Hess, l’adjoint d’Hitler, Alfred Rosenberg, l’idéologue du parti, Fritz Sauckel, le responsable du travail forcé, Joachim von Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères…

Les accusés doivent répondre de complot, crimes de guerre, crimes contre la paix et, pour la première fois de l’histoire, de crimes contre l’humanité.

Ceux-ci sont définis comme « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout autre acte inhumain commis contre toute population civile, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux ». La notion de génocide ne sera, elle, reconnue dans le droit international qu’en 1948.

Le choc des images

Tous les accusés plaident « nicht schuldig » (« non coupable »). Mais la projection d’un film tourné par les Alliés occidentaux sur les camps donne rapidement une autre dimension au procès.

« Sauckel frémit à la vue du four crématoire de Buchenwald. Quand on montre un abat-jour en peau humaine, Streicher dit : ‘Je ne crois pas ça’. (…) Frick secoue la tête, l’air incrédule, quand une doctoresse décrit le traitement et les expériences infligées à des prisonnières de Belsen », décrira le psychologue de la prison pour la durée du procès G.M. Gilbert dans Le Journal de Nuremberg (1947).

Parmi les 33 témoins de l’accusation, la résistante française Marie-Claude Vaillant-Couturier, survivante des camps d’Auschwitz-Birkenau puis de Ravensbruck, livre un récit implacable de plus de deux heures : les femmes qui accouchaient et dont les nouveaux-nés étaient noyés sous leurs yeux, les détenues contraintes de boire l’eau des flaques avant de s’y laver, l’appel à trois heures du matin…

« Avant de prendre la parole devant la cour, je suis passée devant les accusés, très lentement. Je voulais les regarder de près. Je me demandais à quoi pouvaient ressembler des gens capables de crimes si monstrueux », confia-t-elle au quotidien français l’Humanité.

Le verdict tombe le 1er octobre 1946 : douze condamnations à mort (dont une par contumace pour Martin Bormann, le secrétaire d’Hitler dont on ignore alors la mort), trois condamnations à la prison à vie, deux peines de vingt ans de prison, une de quinze ans et une de dix ans.

Trois des accusés échappent à la prison. Des acquittements qui surprennent les observateurs à l’époque, mais répondent aux détracteurs du procès que ses instigateurs voulaient « équitable ».

Goering se suicide

Inédit dans sa forme, Nuremberg n’échappe cependant pas à la critique d’une justice faite par les vainqueurs et n’est pas exempt de zones d’ombres (le massacre de Katyn que l’accusation soviétique essaye en vain d’imputer aux nazis, le pacte germano-soviétique escamoté des débats…).

Le 16 octobre 1946 à 01H00 du matin, dix des condamnés à mort sont pendus. Hermann Goering s’est suicidé quelques heures auparavant dans sa cellule en avalant une capsule de cyanure pour échapper à une pendaison qu’il jugeait indigne d’un soldat.

Hermann Goering, dans sa prison allemande, en décembre 1945. (Crédit : AFP)

Tous les corps, y compris celui de Goering, sont incinérés et leurs cendres répandues dans un affluent de l’Isar, pour éviter que leurs tombes deviennent des lieux de rassemblements.

Nuremberg sera le lieu de douze autres procès de responsables nazis (docteurs, ministres, militaires…).

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