Il y a 80 ans, l’attentat raté de Gersdorff contre Hitler
Jamais dénoncé, Rudolf-Christoph Freiherr von Gersdorff a été l'un des rares membres de la Wehrmacht ayant activement résisté à la dictature nazie à avoir survécu à la guerre
Il y a 80 ans, le 21 mars 1943, Rudolf-Christoph Freiherr von Gersdorff tentait d’assassiner Adolf Hitler dans un attentat-suicide.
Baron allemand, officier de la Reichswehr et général de brigade dans la Wehrmacht, l’homme était membre de la résistance active des officiers de la Wehrmacht contre les responsables nazis.
Sa tentative de meurtre est survenue quelques jours après celle du colonel d’état-major Henning von Tresckow, le 13 mars 1943, qui avait tenté de tuer Hitler au moyen d’une bombe dissimulée dans son avion – mais le froid glacial des soutes a gelé le détonateur.
Le 21 mars 1943, Hitler inaugurait, à l’occasion de la « Fête de commémoration des héros », une exposition sur les armes prises aux Soviétiques, organisée à l’Arsenal de Berlin.
Gersdorff, 37 ans, commissaire de l’exposition, a voulu se sacrifier en faisant sauter Hitler et les autres dirigeants présents – Göring, Himmler, Keitel et Dönitz – au moyen de deux mines magnétiques de type Clam, volées à l’armée, qu’il gardait dans les poches de son manteau.
Discrètement, il a enclenché l’un des deux minuteurs dont il disposait – l’autre ne s’est pas activé –, lui donnant dix minutes pour s’approcher d’Hitler.
Mais le dirigeant nazi a visité l’exposition de façon très brève, ne lui laissant pas le temps de mener à bien son opération.
Gersdorff est finalement parvenu à désamorcer le détonateur dans les toilettes et est, après cet échec resté inconnu des autorités nazies, reparti sur le front de l’Est.
En vue du complot du 20 juillet 1944, « l’opération Walkyrie », Gersdorff a gardé l’explosif et le détonateur pour les remettre à Claus von Stauffenberg, qui a lui aussi échoué à tuer Hitler – il a été tué pour cette tentative.
Jamais dénoncé, Gersdorff a été l’un des rares membres de la Wehrmacht ayant activement résisté à la dictature nazie à avoir survécu à la guerre.
En avril 1943, il a découvert accidentellement les fosses communes de plus de 4 000 officiers polonais assassinés et enfouis par les unités soviétiques du NKVD lors du massacre de Katyń en 1940.
En 1944, muté en France sur le Mur de l’Atlantique, il a reçu la croix de chevalier de la croix de fer nazie pour son action militaire. En 1945, il a été promu général de brigade et a été fait prisonnier de guerre par les Américains. Il a été détenu jusqu’en 1947.
Il a consacré la fin de sa vie à des actions de bienfaisance pour l’ordre souverain de Malte, dont il était commandeur honorifique. Il a été nommé président fondateur des services d’urgence de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, et été le président de son conseil d’administration de 1952 à 1963.
Il a par la suite reçu la croix de commandeur de l’ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne en 1979. Il est décédé l’année suivante à l’âge de 74 ans.
Une caserne de la ville d’Euskirchen, en Allemagne, porte aujourd’hui son nom.