« Image of Victory » relate le raid égyptien sur le kibboutz Nitzanim en 1948
"Image of Victory" d'Avi Nesher, diffusé dans sa version israélienne sur Netflix, est présenté comme le film israélien le plus cher jamais réalisé
JTA – L’histoire de la guerre d’Indépendance d’Israël de 1948 est racontée ici à travers les yeux du cinéaste égyptien Hassanin, chargé de produire un film de propagande lorsqu’il est intégré dans un peloton militaire égyptien stationné à proximité du kibboutz Nitzanim dans « Image of Victory » (תמונת הניצחון), une nouvelle programmation Netflix qui est présentée comme le film israélien le plus cher jamais réalisé.
Inspiré de la bataille pour le contrôle du kibboutz Nitzanim, au cours de laquelle les forces égyptiennes ont maîtrisé l’armée israélienne, capturant brièvement le territoire et faisant plus de 100 prisonniers de guerre, le mélodrame de guerre du réalisateur Avi Nesher s’intéresse davantage aux êtres humains embourbés dans les combats qu’aux combats eux-mêmes. Il est donc logique que l’un des protagonistes du film soit un admirateur avéré de Frank Capra, le célèbre humaniste du Vieux Hollywood.
D’un côté, le film suit les résidents juifs des kibboutz qui se sont installés en Palestine mandataire, venus du monde entier, ainsi que le petit bataillon de Tsahal chargé de les protéger. On y retrouve, entre autres, deux cousins hispanophones d’Amérique du Sud, qui s’inspirent de personnages réels.
En parallèle, le film suit Hassanin (Amir Khoury), un cinéaste égyptien chargé par le roi de réaliser un film de propagande sur l’unité de l’armée chargée de capturer Nitzanim.
Hassanin, qui raconte le film en flash-back, ne voit l’ennemi qu’une seule fois, au moment de sa reddition. Mais l’image qu’il a capturée sur la caméra à ce moment-là résonnera en lui pendant des décennies : la jeune kibboutznikit Mira (Joy Reiger) souriant alors qu’elle pointe inutilement un pistolet contre les forces égyptiennes qui avancent.
Le film s’inspire de la vie réelle de Mira Ben-Ari, une opératrice radio de Nitzanim qui a été tuée pendant la bataille après avoir tiré sur un officier égyptien. Sa décision surprenante de rester et de se battre aux côtés des hommes israéliens, contre toute attente, a fait d’elle une figure célèbre en Israël.
Bleiberg a un lien personnel avec cette bataille puisque son père, Yerachmiel Bleiberg, a défendu le kibboutz et a été brièvement capturé par l’armée égyptienne à l’issue de la bataille.
Une grande partie du film scénarisé par Nesher, Liraz Brosh et Ehud Bleiberg (dont le père était producteur laitier à Nitzanim), détaille le quotidien dans le kibboutz. Les personnages s’occupent de leurs vaches laitières, prennent leurs repas ensemble, jouent de la musique et s’entraînent pour la guerre.
Loin des cartes postales idéalisées, ces séquences de la vie quotidienne décrivent des dynamiques de genre souvent dures : les soldats harcèlent et rabaissent régulièrement les femmes, qui doivent recourir à des moyens créatifs (tels que l’humiliation sexuelle parfois) pour affirmer leur propre autorité. Le luxueux design de la production comprend des reconstitutions d’époque détaillées du kibboutz et des champs de bataille environnants.
Tout au long du film, les personnages israéliens et égyptiens débattent de la guerre et de la politique de l’époque – des discussions qui n’ont pas beaucoup changé en 75 ans.
L’une des résidentes de Nitzanim note qu’ils ont dû chasser les Palestiniens afin de construire leur kibboutz et se demande si les choses ne seraient pas plus faciles s’ils restituaient simplement le territoire. Elle est rapidement rabrouée par un général israélien, qui insiste sur le fait qu’à la minute où ils céderont, ne serait-ce qu’un pouce, ils risqueront une nouvelle Shoah.
Les combats déstabilisent pourtant tout le monde : la première scène de mort, aux mains des soldats israéliens, s’avère être celle d’un enfant arabe.
Bien sûr, la mise en scène est essentielle, comme le sait bien Hassanin. Lorsque le personnage tente de capturer de petits moments intimes qui humaniseront ses combattants arabes sur la pellicule, il voit ses efforts rejetés par le roi et le commandant de la région, qui ne veulent que des images héroïques de la conquête égyptienne et de la défaite israélienne.
Les cinéastes israéliens sont depuis longtemps engagés dans un dialogue souvent conflictuel avec le public sur la manière de dépeindre le passé et le présent de leur propre pays. « Tantura », un documentaire réalisé au début de l’année, racontait de manière beaucoup plus sévère la fondation d’un autre kibboutz en 1948.
« Image of Victory » ne cherche pas à provoquer son public israélien de la même manière. Ce que Nesher souhaite, c’est présenter une approche du récit de guerre centrée sur l’humain. Le film est dédié aux victimes de la bataille de Nitzanim, des deux côtés.
« Image of Victory » est sorti le 15 juillet sur Netflix.