Jérusalem : Indignation suite à l’incendie criminel de la synagogue d’un rabbin du Shas
L'édifice et des livres de prières ont été endommagés mais aucune victime n'est à déplorer dans le fief de l'ex-grand rabbin Yitzhak Yosef ; Le Shin Bet penche pour du terrorisme

L’incendie criminel doublé de faits de vandalisme qui a frappé une synagogue de Jérusalem, tôt ce dimanche, a été condamné par l’ensemble des forces politiques israéliennes.
Pour l’heure, le service de sécurité du Shin Bet traite l’affaire comme un attentat terroriste.
De hautes personnalités politiques ultra-orthodoxes relient cet incident à l’« incitation à la haine » anti-haredim véhiculée par l’opposition au service militaire obligatoire des étudiants de yeshiva. Cette synagogue est en effet fréquentée par l’ex-grand rabbin séfarade, Yitzhak Yosef, par ailleurs chef spirituel du parti ultra-orthodoxe Shas.
C’est dans la nuit que les pompiers ont été appelés pour éteindre l’incendie qui s’est déclaré dans cette synagogue du quartier de Sanhedria. On a retrouvé des livres de prières vandalisés et, sur la porte d’une maison voisine, une croix peinte, qui pourrait faire partie de la même affaire.
L’incendie a quelque peu endommagé la synagogue Or Habib mais personne n’a été blessé. Le site d’information Ynet a publié la photo d’une chaise détruite, qui, selon lui, était un siège spécial réservé à Yosef.
חשד להצתה: שריפה בבית הכנסת של הרב יצחק יוסף בירושלים | תיעוד@VeredPelman pic.twitter.com/xiLqjWSclJ
— כאן חדשות (@kann_news) June 8, 2025
Sur des images prises par des caméras de sécurité et diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir une silhouette aller et venir autour de la synagogue, plongée dans l’obscurité, peu de temps avant le surgissement de flammes suivi du départ précipité de l’individu.
Les Services d’incendie et de secours ont confirmé qu’il s’agissait bien d’un incendie criminel.
« Après examen de tous les éléments présents sur les lieux, il a pu être établi sans doute possible qu’il s’agissait bien d’un incendie criminel », a déclaré le service, qui mène l’enquête en coopération avec les services de police.
La police n’a signalé aucune arrestation liée à cet incident.
Membre de la coalition au pouvoir, le parti Shas a récemment menacé, comme d’autres factions ultra-orthodoxes, de faire tomber le gouvernement auquel il reproche son incapacité à légiférer sur l’exemption générale du service militaire des membres de sa communauté, celle des Haredim.
Dans un communiqué, le chef du Shas, Aryeh Deri, a qualifié cet incendie criminel de « crime haineux grave » visant non seulement l’ancien grand rabbin, mais aussi « l’ensemble de la population traditionnelle et les valeurs de l’identité juive de l’État d’Israël ».
De tels incidents « ne doivent pas devenir monnaie courante », a-t-il ajouté, ajoutant que le Shin Bet traite cet incendie comme « une attaque terroriste nationaliste » et que, jusqu’à ce que le gouvernement puisse renforcer la sécurité de Yosef, il mettrait à disposition un garde privé au domicile du rabbin.
Il s’est par la suite adressé à la presse devant la synagogue de Jérusalem pour dire qu’il n’y a pas de « crime de haine » plus grave que l’incendie criminel accompagné de vandalisme commis pendant la nuit.
« Mettons un terme à la haine et aux provocations », a poursuivi Deri.
« Les mots peuvent tuer, c’est ce que nous enseigne cette affaire », a-t-il poursuivi en disant espérer que la police résolve cette affaire « dans les toute prochaines heures ».
Pour l’heure, l’enquête n’a donné lieu à aucune arrestation.
Interrogé sur un possible lien entre cet incident et la crise au sein de la coalition au sujet du service militaire des Haredim, il a répond qu’il n’en savait rien.
« Je vois ici un crime de haine. Quelqu’un est venu pour mettre le feu à des rouleaux de la Torah et a dessiné des croix », a-t-il conclu, la voix étranglée.

Le président Isaac Herzog a dénoncé cet attentat qu’il a qualifié de « crime de haine » et pressé les autorités d’enquêter rapidement et de traduire leurs auteurs en justice.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a, pour sa part, condamné « l’incendie criminel et les profanations ».
« Nous ne devons pas laisser se produire des faits qui nous rappellent des périodes tragiques de notre histoire », a-t-il déclaré en reprenant les conclusions du service d’incendie et de secours selon lesquelles il s’agissait bien là d’un incendie criminel.
« Je demande aux forces de l’ordre de tout faire pour retrouver au plus vite les auteurs » et les punir comme il se doit, a précisé Netanyahu.

Le chef de l’opposition Yair Lapid a également condamné l’incident et dit « espérer que la police trouve rapidement les coupables et les traduise en justice ». Pour sa part, le président d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a déclaré qu’« il ne fallait en aucun cas laisser une poignée de criminels saper l’unité de la société israélienne ».
Dans un communiqué, le député Yisrael Eichler (Yahadout HaTorah) a affirmé que l’auteur de l’incendie voulait « provoquer une guerre civile » et mis en garde contre le risque que cette « campagne antisémite contre le monde de la Torah donne lieu à un bain de sang ». L’expression « monde de la Torah » évoque le réseau de yeshivot à plein temps au coeur de la société ultra-orthodoxe.
« Il faut que cessent immédiatement toutes ces provocations antisémites dans les médias comme la persécution par le gouvernement des saints d’Israël, des étudiants en Torah et des pratiquants », a déclaré Eichler.
Virulent opposant à la conscription des ultra-orthodoxes, Yosef a fait l’objet de vives critiques en raison de ses déclarations appelant les Haredim à quitter Israël si les réfractaires au service devaient être arrêtés. Il a par ailleurs récemment qualifié le président de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, Yuli Edelstein, de « méchant » en raison de son insistance à vouloir durcir les sanctions envers les étudiants de yeshiva réfractaires au service militaire.

Le mois dernier, le parti de Liberman, Yisrael Beytenu, avait porté plainte au pénal contre Yosef en raison de l’ordre donné aux étudiants de yeshiva de déchirer leur ordre de conscription.
Le président de Yahadout HaTorah, Yitzchak Goldknopf, et le député Moshe Gafni, président de la faction Degel HaTorah de Yahadout HaTorah, ont tous deux publié des déclarations pour condamner l’incident sans pour autant désigner de responsables.
L’actuel grand rabbin David Yosef, qui n’est autre que le frère d’Yitzhak Yosef, s’est dit « choqué » par l’incident, et le maire de Jérusalem, Moshe Lion, a condamné « un acte criminel […] évocateur de périodes sombres ».
Le ministre de l’Intérieur Moshe Arbel a demandé à l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet d’enquêter, ajoutant qu’il avait contacté le chef sortant de l’agence, Ronen Bar, au sujet de l’incendie, a rapporté Ynet.
שרפה פרצה הלילה בבית הכנסת של הרב יצחק יוסף בירושלים, כתובות נאצה וצלבים רוססו על בניין סמוך@daniel_grovais pic.twitter.com/Hbge5o8bMi
— גלצ (@GLZRadio) June 8, 2025
« Il s’agit d’une escalade inquiétante et d’une attaque contre un symbole national », a-t-il déclaré à propos de l’incendie, qu’il a qualifié de « crime odieux motivé par la haine ».

Le ministre du Travail Yoav Ben-Tzur (Shas) a qualifié l’incendie criminel de « conséquence directe des graves provocations et incitations à la haine contre le rabbin et les étudiants de la Torah en Terre sainte », tandis que le ministre des Affaires de Jérusalem, Meïr Porush (du parti Yahadout HaTorah) l’a imputé à « l’incitation à la haine généralisée contre les étudiants de la Torah par des personnalités publiques emmenées par la procureure générale [Gali Baharav-Miara] ».