Incitation palestinienne à la haine ou malaise plus profond ? Ça dépend à qui vous demandez
Alors que le Premier ministre Netanyahu a mis les épisodes de violence sur le compte d’une rhétorique de haine, les responsables sécuritaires d’Israël brossent un tableau plus complexe
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes

Alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a souligné « l’incitation à la haine » comme la principale cause pour justifier la flambée de la terreur palestinienne et la violence en Israël et en Cisjordanie, des officiels israéliens de la sécurité, très bien au fait du paysage palestinien, brossent un portrait plus complexe, qui est parfois en totale contradiction avec celui du Premier ministre.
Dans plusieurs discours récents, Netanyahu a désigné le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas comme une source primaire de l’incitation à la haine.
Dimanche, il a accusé la députée arabe Hanin Zoabi du même crime, tout comme le Mouvement islamique en Israël.
Mais les officiels israéliens de la sécurité, qui ont exprimé clairement leur position aux journalistes israéliens ces derniers jours, mettent en avant une série de raisons pour la violence palestinienne, le danger perçu pour la mosquée al-Aqsa à Jérusalem étant seulement l’une d’elles, peut-être un simple symptôme d’un malaise plus profond.
Une jeune génération palestinienne, qui n’a pas fait l’expérience du coût terrible de la Deuxième Intifada, affirment-ils, est devenue majeure sans espoir d’un futur meilleur.
Presque tous les responsables des attaques de cette semaine contre les Juifs ont moins de 20 ans, et peuvent à peine se souvenir de la Deuxième Intifada, qui a commencé en septembre 2000 et s’est achevée en 2004. Cette génération est séparée de l’Autorité palestinienne, qui n’a pas été capable de réaliser aucun des buts nationaux palestiniens, y compris la création d’un État et la libération de prisonniers, ont déclaré les officiels.
Loin d’ordonner la violence, dans son récent discours aux Nations unies, Abbas a exprimé un sentiment de désespoir et de frustration avec Israël, que son public a bien repris.
Certains des dirigeants régionaux du Fatah ont compris le discours comme un autorisation d’une plus grande liberté dans la « résistance populaire », et décrivent la perte de maîtrise d’Abbas sur son mouvement alors qu’il se prépare à la retraite.
Non seulement Abbas ne souhaite pas une escalade de la violence, ont déclaré les officiels, il a mis en place une série de mesures pour s’assurer qu’une telle escalade n’aie pas lieu : il a appelé les plus durs parmi son mouvement, qui ont formulé des remarques incendiaires ces récents jours, à l’ordre.
Il a ordonné aux médias officiels palestiniens de calmer la rhétorique, il a fait arrêter des éléments violents en Cisjordanie, y compris des manifestants du Hamas à Tulkarem.
La coordination sécuritaire avec Israël resté inchangée, soulignent les officiels, et Abbas a transféré des millions de shekels vers les universités de Cisjordanie afin d’empêcher une grève qui aurait mis des centaines d’étudiants dans la rue. Du personnel de sécurité palestinien en civil s’assure qu’aucune balle réelle n’est tirée lors des manifestations du Fatah.
La lutte acharnée continue entre le Fatah et le Hamas ne doit pas être oubliée dans l’analyse de la poussée actuelle de violence, affirment les officiels.

Le Hamas a appelé depuis longtemps à un soulèvement populaire en Cisjordanie pour défier le précédent programme d’Abbas de négociations et des mesures actuelles unilatérales internationales contre Israël. Quant à aujourd’hui, cet appel semble gagner du terrain.
Mais les responsables de la Cisjordanie refusent de laisser le Hamas prendre le dessus.
Non seulement ils continuent à arrêter et à opprimer les agents islamistes en Cisjordanie, mais le Premier ministre Rami Hamdallah a rencontré dimanche les gouverneurs du nord et du centre de la bande de Gaza, promettant de donner la priorité aux efforts de construction après la guerre de l’année dernière avec Israël.
« Gaza est une partie inséparable du futur État palestinien », a déclaré Hamdallah, cité par l’agence de presse Ma’an, pour ceux qui en doutaient.
Que l’actuelle flambée d’attaques dure des semaines ou des mois, les officiels israéliens semblent tristement d’accord pour dire que si Israël n’offre pas des « carottes » importantes à Abbas dans un futur proche en Cisjordanie, d’autres épisodes de violence ne sont qu’une question de temps.