Investir les revenus des ressources naturelles dans les infrastructures du pays?
Le conseiller économique du Premier ministre suggère que les revenus des ressources naturelles soient investis dans les infrastructures israéliennes plutôt qu’à l’étranger
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Le conseiller économique du Premier ministre, le professeur Avi Simhon, a déclaré mardi à une commission de la Knesset que les revenus des ressources naturelles d’Israël, censés être investis à l’étranger via un fonds souverain rémunéré, devraient plutôt être investis dans le développement des infrastructures en Israël – un changement qui exigerait une modification de la loi.
Rejetant les craintes des députés selon lesquelles cela inciterait la Knesset à faire un mauvais usage de ces fonds, Simhon, le président du Conseil économique national, a affirmé qu’il faisait confiance aux députés pour « les utiliser à bon escient ».
Simhon a déclaré qu’il avait toujours été en désaccord avec son prédécesseur Conseil économique national, le professeur Eugene Kandel, sur le choix d’investir ces fonds à l’étranger afin de ne pas inonder de dollars le marché israélien. À présent, avec la baisse des prix de l’essence et les prévisions selon lesquelles ce fonds souverain ne disposerait que de 12 milliards de dollars d’ici 2030, le moment est venu selon lui de changer de cap et de modifier la loi, a-t-il déclaré. Il a ajouté que le comité – mis en place pour gérer le fonds souverain – était l’organe idéal pour le superviser.
En vertu du fait que les ressources naturelles d’Israël appartiennent à ses citoyens, toutes les entreprises qui tirent profit de ces ressources sont censées reverser 62 % de leurs bénéfices. C’est ce qu’on appelle la part du gouvernement.
Elle est composée de l’impôt sur les sociétés, de redevances, et d’un prélèvement spécial à verser au fonds souverain, lequel ne doit être utilisé que pour des projets de service public tels que l’éducation et la santé.
Les entreprises ont déjà payé environ 12 milliards de shekels (3,5 milliards de dollars) en impôts sur les sociétés et en redevances. Le fonds souverain n’a pas encore été mis en place.
Fin juillet, l’Administration fiscale israélienne a déclaré au comité, dirigé par le député du Likud Avi Dichter, qu’elle s’attendait à ce que les versements au fonds souverain des entreprises produisant du gaz, du pétrole et d’autres ressources naturelles n’atteignent 200 milliards de shekels (59 milliards de dollars) qu’en 2064 – dont seulement 12 à 13,4 milliards de dollars d’ici 2030.

L’Administration fiscale israélienne prévoit également que le milliard de shekels (291 millions de dollars) nécessaire pour lancer l’opération du fonds souverain serait disponible entre fin 2021 et mi-2022.
Ces chiffres contrastent avec les prévisions annoncées par Netanyahu au cours des cinq dernières années, selon lesquelles le public israélien bénéficierait de la manne du gaz naturel à hauteur de « centaines de milliards de shekels ».
Simhon pense que les prévisions actuelles de l’Administration fiscale sont raisonnables, avec une marge de variation limitée.

Il a expliqué que le seul pays de l’OCDE doté d’un fonds souverain pour les revenus des ressources naturelles est la Norvège ; mais étant donné que ce pays détient l’équivalent de plusieurs billions de shekels, ce n’est pas un exemple à suivre pour Israël.
« Si nous étions aussi riches que la Norvège, je soutiendrais l’idée d’un fonds souverain [à investir à l’étranger], mais il y a un énorme fossé entre eux et nous », a ajouté Simhon.
« Nous devons l’investir immédiatement en Israël. Je recommande au comité de concevoir des projets d’infrastructure qui apporteront davantage de bénéfices, plutôt que d’investir cet argent à l’étranger », a-t-il poursuivi.

Il a ajouté que compte tenu des grands projets d’infrastructure entrepris par des firmes étrangères, notamment de Chine, de fait le pays payait déjà massivement en dollars.
« Je ne pense pas que le gouvernement s’y oppose si vous le suggérez. Il ne sert à rien de se braquer et d’aller droit dans le mur alors que les circonstances ont changé », a-t-il affirmé.