Irak : une foule attaque une chaîne TV accusée d’avoir « insulté la religion »
Dimanche, jour de la fête d'Achoura, la chaîne de télévision Dijlah a diffusé des émissions comprenant des chants et des danses, provoquant la colère de nombreux Irakiens
Une foule a pris d’assaut et mis le feu lundi à une chaîne de télévision irakienne, a indiqué à l’AFP une source de sécurité, les protestataires accusant ce média d’avoir diffusé un programme festif le jour du deuil chiite d’Achoura.
Dimanche, les chiites – majoritaires en Irak – ont célébré Achoura qui commémore le martyre en 680 de l’imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, un événement fondateur de l’islam chiite.
Le même jour, la chaîne de télévision locale Dijlah a diffusé des émissions comprenant des chants et des danses, provoquant la colère de nombreux Irakiens qui se sont offusqués d’une programmation considérée comme « une insulte à la religion ».
Dijlah a rapidement présenté des excuses et invoqué une erreur « involontaire ».
حرق #قناة_دجلة .. هذا ماحصل !!#دجلة_صوت_الحق
Posted by قناة دجلة الفضائية on Monday, August 31, 2020
Mais lundi, « plusieurs dizaines de manifestants en colère contre la programmation festive ont pris d’assaut le bureau de Dijlah à Bagdad dans le district de Jadiriya », a indiqué à l’AFP une source de sécurité.
« Ils ont incendié le bureau. Quatre des employés de Dijlah ont été blessés, et une grande partie du matériel du bureau a été détruite », a ajouté la source.
Plusieurs employés de la chaîne ont démissionné en signe de protestation contre la programmation et une demi-douzaine de provinces irakiennes ont immédiatement interdit la chaîne.
Un tribunal de Bagdad a également émis lundi un mandat d’arrêt contre le directeur administratif de Dijlah, Jamal al-Karbuli, qui passe la plupart de son temps en dehors de l’Irak, pour avoir « intentionnellement insulté les rites d’une communauté religieuse ».
Selon le code pénal irakien, insulter une religion peut entraîner une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans.
La Cour a également demandé à la Commission irakienne des communications et des médias, qui réglemente le travail des organes de presse, d’agir.
En janvier, cette commission avait ordonné à Dijlah de fermer pendant un mois à la suite de sa couverture des manifestations antigouvernementales.
Des hommes armés masqués avaient attaqué le bureau de la chaîne à Bagdad au cours de la première semaine du mouvement de contestation en octobre 2019, et le 10 janvier, un de ses correspondants et son cameraman avaient été abattus à Bassora, dans le sud du pays.