Iran : Le Drian a « le sentiment » que la position américaine a évolué
"Nous sommes décidés à faire pression de manière très vigoureuse sur l'Iran pour enrayer" le développement d'une "capacité balistique de plus en plus significative", a affirmé le chef de la diplomatie française
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a dit avoir eu « le sentiment », au cours d’un déplacement lundi à Washington, que la nécessité de respecter l’accord sur le nucléaire iranien est désormais « entendue » par les Etats-Unis.
Parallèlement, « nous sommes tout à fait décidés à faire pression de manière très vigoureuse sur l’Iran pour enrayer » le développement d’une « capacité balistique de plus en plus significative », « éventuellement par des sanctions », a réaffirmé le chef de la diplomatie française devant des journalistes. « Je vais me rendre d’ailleurs très prochainement en Iran pour le leur dire. »
Interrogé sur une éventuelle initiative commune avec les Etats-Unis et d’autres grandes puissances dans cette direction, il a répondu : « ça progresse ».
Le président des Etats-Unis Donald Trump a refusé mi-octobre de « certifier » auprès du Congrès l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, signé à Vienne entre Téhéran, Washington et d’autres grandes puissances (Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne).
Cet accord, respecté par les Iraniens selon les inspecteurs internationaux, est censé garantir pendant un certain temps le caractère strictement pacifique du programme nucléaire de l’Iran en échange d’une levée des sanctions. Mais l’administration Trump estime qu’il n’est pas assez strict, et dénonce aussi le programme balistique iranien et le rôle « déstabilisateur » de Téhéran au Moyen-Orient.
Le président américain a demandé aux parlementaires de durcir l’accord, menaçant, s’ils n’obtempèrent pas, d’un retrait pur et simple des Etats-Unis. Mais à ce jour, aucun projet concret n’a émergé.
« J’ai exprimé le fait qu’il y avait trois sujets différents et que si on les mélangeait on risquait de ne bien traiter aucun des trois », a expliqué Jean-Yves Le Drian, qui a rencontré son homologue américain Rex Tillerson, le conseiller du président Trump à la sécurité nationale H.R. McMaster et des sénateurs à la manoeuvre sur le dossier iranien.
« Il y a d’abord l’accord de Vienne » qu’il « ne faut pas remettre en cause »; « le sujet balistique » qui inspire de « la préoccupation » ; et enfin « la tentation hégémonique » de l’Iran « sur la région Irak, Syrie voire Liban », a détaillé le ministre français.
Il a précisé maintenir volontairement le terme « hégémonique », qui avait déclenché une vive réaction des dirigeants iraniens lorsqu’il l’avait employé en novembre.
« J’ai vraiment le sentiment que cette distinction-là est entendue » par l’administration américaine, a assuré Jean-Yves Le Drian. « Quand on a signé un engagement aussi fort sur un sujet aussi sensible » que le nucléaire, « il faut le respecter, je crois que cela est entendu. C’est une posture qui je crois maintenant est écoutée », a-t-il insisté.