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Iran: le e-commerce souffre du blocage des réseaux sociaux

Depuis un an, les accès à Internet ont été tour à tour fortement limités avant d'être un peu assouplis avec la fin des manifestations de l'automne 2022

Une personne tient un téléphone à Téhéran, le 11 septembre 2023. (Crédit : ATTA KENARE / AFP)
Une personne tient un téléphone à Téhéran, le 11 septembre 2023. (Crédit : ATTA KENARE / AFP)

Pendant des années, Alma Samimi a fait grandir son site de vente en ligne de sacs à main en Iran, mais ses revenus ont chuté depuis que les autorités ont restreint les accès à Internet à la suite des manifestations de l’automne 2022.

« Les dommages sont irréversibles », se désole la jeune femme de 24 ans. Car les bénéfices des ventes d’accessoires sur son compte Instagram « sont en baisse de 80 % » sur un an.

Les visites sur sa page, auquel plusieurs milliers de personnes étaient abonnées, « ont reculé de façon dramatique par rapport à l’an dernier », ajoute cette habitante de Téhéran interrogée par l’AFP.

La jeune entrepreneuse s’était lancée dans le e-commerce en s’appuyant sur l’engouement des Iraniens, qui ne font pas exception lorsqu’il s’agit de passer des heures à surfer et s’exprimer sur les plateformes de réseaux sociaux.

Mais les ventes en ligne ont subi de plein fouet les restrictions imposées après la mort en détention le 16 septembre 2022 de Mahsa Amini, arrêtée pour non-respect du strict code vestimentaire en vigueur dans la République islamique.

Ce décès avait déclenché un vaste mouvement de contestation qui a provoqué la mort de centaines de personnes et l’arrestation de milliers d’autres.

Depuis un an, les accès à Internet ont été tour à tour fortement limités avant d’être un peu assouplis avec la fin des manifestations.

Mais le blocage persiste pour les plateformes étrangères les plus populaires, comme WhatsApp et surtout Instagram, la plus populaire pour les boutiques en ligne.

La République islamique avait déjà imposé des restrictions sur les applications comme Facebook et Twitter (rebaptisé X) depuis 2009, à la suite de protestations contre une élection présidentielle contestée.

En novembre 2019, le pouvoir avait bloqué les connexions à l’échelle nationale au cours de manifestations déclenchées par la hausse soudaine des prix du carburant.

Ruée sur les VPN

Selon Top10VPN, un site spécialisé dans la sécurité numérique, la demande de services VPN en Iran a grimpé en flèche, avec un bond estimé de « 3.082 % » par rapport au 26 septembre 2022.

Une personne tient un téléphone après avoir activé un service de réseau privé virtuel (VPN) pour accéder à l’internet à Téhéran, le 11 septembre 2023. (Crédit : ATTA KENARE / AFP)

Mais leur utilisation « augmente les coûts et présente probablement des failles de sécurité », déplore Mohammad Rahim Pouya, un psychologue de 32 ans qui consulte ses patients en ligne via des applications bloquées. « Mais quelle est l’autre option? », s’interroge-t-il.

Le psychologue affirme avoir perdu « plus de 50 % » de sa clientèle en ligne dans les premiers jours de coupure d’Internet.

En l’absence de certitudes pour l’avenir, « nous ne pouvons pas planifier nos activités futures », s’inquiète aussi Alma Samimi, également confrontée à la forte hausse des prix, notamment des matières premières pour faire fabriquer les sacs qu’elle vend.

Le quotidien réformateur Shargh avait indiqué en février que les fournisseurs iraniens d’accès à Internet avaient vu leurs revenus diminuer de 40% en raison des restrictions.

De son côté, le gouvernement a dépensé 773 millions de dollars en 2022 dans le contrôle numérique, ce qui en a fait le deuxième pays le plus dépensier après la Russie, selon le cabinet d’analyse de marché Statista.

Ces derniers mois, le ministère des Télécommunications a poussé les Iraniens à migrer des plates-formes occidentales vers des alternatives locales, comme Bale, Ita, Rubika ou Soroush.

Mais ces dernières peinent à percer, les internautes jugeant que, en l’état, elles n’étaient pas aussi efficaces. « Nous n’avons trouvé aucune alternative » aux plateformes internationales, constate Alma Samimi.

En attendant, « nous utilisons des plateformes encore ouvertes comme Meet », l’application d’appels vidéo et audio de Google, indique Rahim Pouya. « Mais nous ne savons pas ce que nous ferions si le gouvernement bloquait totalement les connexions », ajoute le psychologue.

En mars, le ministre des Télécommunications, Issa Zarepour, a annoncé que le gouvernement autoriserait des plateformes internationales à travailler dans le pays si elles acceptaient d’y ouvrir des bureaux de représentation.

Meta, le géant américain propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp, a répondu qu’il n’avait pas l’intention de s’installer en Iran, pays soumis à un sévère régime de sanctions par les Etats-Unis.

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