Israël approuve les changements dans le budget, suscitant la polémique
Le budget accorde la priorité aux besoins de la guerre mais il débloque également des fonds en direction des haredim et du mouvement pro-implantation ; Lapid fustige cette décision du cabinet
Le cabinet a approuvé un changement dans la part restante de budget pour l’année 2023 à hauteur de 30 milliards de shekels visant à accorder la priorité aux besoins de la guerre – malgré les objections fortes qui dénoncent un plan qui offrira aussi des centaines de millions de shekels aux objectifs poursuivis par la communauté ultra-orthodoxe et par le mouvement pro-implantation de Cisjordanie.
L’octroi de ces fonds à ces deux causes avait déjà été approuvé par la coalition dans le cadre des promesses politiques faites aux partis membres de cette dernière, mais l’argent avait été gelé dans le sillage du début de la guerre contre le Hamas, le 7 octobre.
Les cinq membres du cabinet de guerre élus sous l’étiquette de HaMahane HaMamlahti – notamment son leader Benny Gantz, Chili Trooper, Gadi Eizenkot et Gideon Saar – ont voté contre ce changement et ils ont immédiatement quitté la session.
Le ministre de l’Économie, Nir Barkat (Likud), avait préalablement menacé de se prononcer en défaveur de ce changement – ce qu’il a fait. Le ministre du Likud, Ofir Akunis, s’est abstenu, disant que la force économique qui était celle d’Israël avant la guerre n’était plus garantie et qu’au cours d’une réunion de Commission antérieure, il y avait eu « un large consensus sur le fait qu’il n’y aurait aucune dépense qui ne serait pas liée aux besoins induits par la guerre ».
Les changements dans le budget devraient ne pas être entravés par les six votes qui l’ont rejeté. Ils passeront devant la Knesset pour approbation finale.
Pour les deux derniers mois de 2023, le budget réactualisé réaffectera 17 milliards de shekels à la Défense et 13,5 milliards de shekels aux besoins des civils touchés par la guerre, avait dit Smotrich devant la Knesset plus tôt dans la journée.
Au mois d’octobre, le cabinet avait gelé les fonds discrétionnaires alloués aux priorités des partis politiques qui n’avaient pas encore été transférés du ministère des Finances, afin de réévaluer les ressources à réaffecter à l’effort de guerre. La procureure-générale avait alors soutenu cette initiative. Sur les 2,5 milliards de ces fonds de coalition qui pouvaient encore être réalloués, Smotrich avait expliqué qu’il avait suspendu une somme de 1,6 milliards de shekels, soit environ 70% – un montant qui, avait-il affirmé, serait réaffecté à la guerre.
Les 30% restants des fonds de coalition – qui, après approbation, pourront être transférés à des ministères et à des bureaux variés – comprennent au moins une somme de 300 millions de shekels qui sera remise aux ultra-orthodoxes pour leur secteur éducatif, qui échappe à la supervision du ministère de l’Éducation. Les médias ont fait savoir que, dans le cadre de cette même enveloppe, des centaines de millions de shekels viendront aussi soutenir les priorités du mouvement pro-implantation en Cisjordanie.
De plus, Smotrich a fait savoir au Times of Israel que ce budget réactualisé comprenait un montant de 390 millions de shekels qui sera dépensé pour renforcer la sécurité et les infrastructures sécuritaires en Cisjordanie.
Une source proche de Gantz a indiqué que le budget présenté au gouvernement était « un doigt dans l’œil du public », selon un communiqué qui a été émis par sa faction HaMahane HaMamlahti.
Le leader de l’opposition, Yair Lapid, a fustigé la décision prise par le cabinet de verser des centaines de millions de shekels pour soutenir les priorités des ultra-orthodoxes et des partisans du mouvement pro-implantation.
« Quand vous dormiez, le gouvernement a adopté un budget avec des fonds de la coalition, attribués à des ministères sans pertinence et baignant dans une politique étroite d’esprit, mesquine, au lieu d’allouer l’argent aux combattants, aux évacués, aux entreprises qui s’effondrent… Et ils n’ont pas honte », a-t-il sur Twitter.