Israël en guerre - Jour 344

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Israël continue de retirer les corps des décombres du kibboutz Beeri

Près d'un habitant sur dix de ce kibboutz à la frontière de Gaza a été tué par des terroristes du Hamas. Un général de Tsahal assure qu’il y aura une offensive terrestre

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Une maison brûlée, après l'assaut meurtrier du Hamas, au kibboutz Beeri, le 11 octobre 2023. (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)
Une maison brûlée, après l'assaut meurtrier du Hamas, au kibboutz Beeri, le 11 octobre 2023. (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

KIBBUTZ BEERI, sud d’Israël – Trois nouveaux corps ont été découverts et retirés de Beeri mercredi, ont indiqué au Times of Israel des responsables de Tsahal dans le kibboutz, portant à 110 le bilan vérifié du massacre perpétré par le Hamas samedi dans cette communauté de 1 200 personnes.

De nombreuses autres personnes ont été prises en otage et emmenées dans la bande de Gaza. Parmi elles, Yaffa Adar, 85 ans, a été vue pour la dernière fois alors que des terroristes armés l’emmenaient à bord d’un caddy de golf.

Se tenant dans une allée au milieu du kibboutz mercredi soir, le général de division Itai Veruv confie qu’il s’est précipité sur place pour se battre aux côtés des civils et des soldats rencontrés en cours de route.

« Des habitants du kibboutz, et d’autres, venus ici au kibboutz, seuls ou en petits groupes, se sont portés volontaires et ont organisé des troupes, d’heure en heure, pour essayer de libérer ce kibboutz », a déclaré Veruv, commandant du Corps de profondeur et des collèges militaires de Tsahal.

« Nous avons perdu beaucoup de vies ici, des habitants du kibboutz et beaucoup de membres des forces de sécurité », a-t-il ajouté, alors que le soleil se couchait derrière les squelettes des maisons du kibboutz.

Derrière Veruv, du béton et des barres d’armature recouvrent le sol sous les vestiges d’une maison détruite par l’explosion. Les affaires de la famille qui vivait là jusqu’à samedi parsèment de couleurs les dalles grises.

Le major général Itai Veruv dans le kibboutz Beeri, le 11 octobre 2023 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

40 civils ont été pris en otage par une vingtaine de terroristes dans une maison de deux étages.

Beeri, l’un des kibboutzim les plus prospères et emblématiques d’Israël, est devenu le symbole de l’attaque du Hamas contre Israël, qui a fait plus d’un millier de morts israéliens.

« Tout comme Auschwitz est le symbole de la Shoah », a déclaré le major Doron Spielman, « Beeri sera le symbole de ce pogrom ».

C’est comme si toutes les monstruosités cruelles perpétrées par l’homme au cours de l’histoire avaient été concentrées en une matinée dans une petite ville.

Un terroriste gît mort dans le kibboutz Beeri, le 11 octobre 2023 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

« Nous avons trouvé des abris anti-atomiques dans lesquels des jeunes gens ont été entassés, puis tués avec des grenades à main », a déclaré Veruv.

« Des nourrissons et des jeunes gens ont été mutilés », se souvient Spielman. « Des têtes, des bras, des membres ont été coupés. Des gens ont été éventrés et le couteau a été laissé là, sous les yeux de leurs parents ».

C’était comme si toutes les monstruosités cruelles perpétrées par l’homme au cours de l’histoire avaient été concentrées en une matinée dans une petite ville

Des maisons ont été incendiées avec des familles entassées à l’intérieur.

Selon Spielman, cela prendra des semaines avant que le pays ne sache exactement combien de personnes ont été assassinées ici.

« Nous devons reconstituer les parties du corps », explique-t-il. « On trouve des membres, on trouve des corps, il est difficile de savoir. »

Une voiture carbonisée à l’entrée du kibboutz Beeri, le 11 octobre 2023 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

Israël a trouvé 103 terroristes morts dans le kibboutz jusqu’à présent, mais d’autres se cachent encore sous les décombres.

Plus haut sur le sentier, l’un d’entre eux est enveloppé dans un sac blanc, avec la mention « Terroriste » inscrite en rouge sur le dessus.

Le centre communautaire du kibboutz est silencieux, presque paisible, à l’exception d’une allusion occasionnelle à l’horreur qui s’est produite quelques jours auparavant. Un SUV Honda blanc se trouve sur le parking, ses vitres brisées. La portière est encore ouverte, le conducteur ayant tenté de s’échapper.

Une sandale de petite fille, une seule, gît à l’envers sur les pierres. Des gouttes de sang sur une allée menant à l’auditorium du kibboutz.

Une voiture au centre du kibboutz Beeri après l’assaut meurtrier du Hamas, le 11 octobre 2023 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

Les tables basses d’un jardin d’enfants situé au cœur du kibboutz sont encore couvertes de crayons de couleur et le mur est orné de ballons en papier découpé. Un panneau rouge sur lequel « Shana Tova » – bonne année – est écrit en grand se trouve à côté des règles d’ordre de la classe.

Des coquilles de pistaches couvrent les pupitres des enfants, signe que des terroristes se sont reposés dans cette pièce pendant les heures qu’a duré le carnage. Derrière les pupitres, vingt tiroirs portent les noms des enfants de la classe : Lia, Maya, Noam, Niri, Niv, Omri. Certains de ces enfants ont probablement été découpés en morceaux par les mêmes hommes qui se sont assis sur leur siège pour déguster leur pistaches après le massacre.

Le corps d’un autre terroriste gît sur la route à proximité. Une botte dépasse du sac blanc, tandis que du sang s’écoule et forme une mare de l’autre côté.

Un jardin d’enfants dans le kibboutz Beeri, le 11 octobre 2023 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

L’entrée du kibboutz est une véritable ruche. Le portail de sécurité jaune est ouvert en permanence, et devant lui se trouvent les restes calcinés de la voiture que deux terroristes ont attaquée pour pénétrer dans le kibboutz après que son chauffeur a ouvert le portail.

Une file de jeunes fantassins en service actif passe à grands pas. Deux d’entre eux portent des mitrailleuses FN MAG et un autre des missiles sur le dos.

Une maison où quarante civils israéliens ont été pris en otage dans le kibboutz Beeri, le 11 octobre 2023 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

D’imposants chars Merkava crachent de la fumée en traversant le terrain sablonneux à côté des grilles du kibboutz. Les soldats font la queue pour manger de la viande et du riz préparés par des bénévoles ultra-orthodoxes. Ils se dispersent parfois lorsque la radio les avertit de l’arrivée de mortiers, puis se regroupent avec l’humour facile qui caractérise les soldats des unités combat.

Ignorant les horreurs commises quelques jours plus tôt, les poulets et les dindes caquettent bruyamment en se pavanant autour du périmètre du kibboutz.

Eli Hazan se tient avec le camion Zaka à l’entrée du kibboutz Beeri, le 11 octobre 2023 (Crédit : Lazar Berman/The Times of Israel)

Les volontaires de l’organisation de recherche et de sauvetage ZAKA se préparent à partir pour la nuit, après avoir passé leur quatrième jour consécutif à localiser des corps et à les préparer à être déplacés.

« Hier, nous avons vu une liste collée sur la porte de la pièce sécurisée d’une maison. Je suppose que c’est l’un des parents qui l’a faite, une liste de choses à préparer. Brosse à dents, sandwichs, toutes sortes de choses. Et en bas, il y avait écrit : ‘Un câlin d’Imma [maman]’. Cette feuille de papier était couverte de sang », raconte Eli Hazan, un bénévole de Zaka originaire de Rhode Island.

Le lendemain du massacre, Hazan a pris part à la sinistre tâche de retirer les corps des victimes de la rave qui se tenait à proximité.

Il a également trouvé une quarantaine de corps de terroristes du Hamas sur le terrain.

« Ils portaient des vêtements tactiques et la plupart d’entre eux avaient des couteaux dans leur veste », raconte-t-il. « Ils étaient tous armés, certains avaient des grenades et quelques-uns des missiles d’épaule. »

Alors qu’Israël tente de donner un sens à ces atrocités, Veruv se concentre sur l’invasion terrestre imminente.

« Elle aura lieu », affirme le général aux cheveux grisonnants. « Nous n’avons pas le choix. »

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