Israël demande à ses citoyens de quitter les Maldives
Jérusalem n'entretient pas de liens diplomatiques avec l'archipel à majorité musulmane, ont averti les responsables
Israël a émis un avertissement de voyage à l’adresse de ses citoyens, les exhortant de ne pas visiter la nation des Maldives, située dans l’archipel de l’océan Indien, suite à l’escalade d’une crise politique dans le pays.
« Le 5 février 2018, le gouvernement des Maldives a décrété l’état d’urgence dans le pays », a déclaré jeudi le ministère israélien des Affaires étrangères dans son avertissement aux voyageurs. « Le pays se trouve dans un état d’incertitude et d’instabilité et a connu des manifestations contre le gouvernement et des affrontements avec les forces de sécurité. »
« Toute personne résidant actuellement dans le pays devrait envisager de mettre fin à son séjour. Ceux qui choisissent de rester doivent suivre les informations des médias locaux et internationaux, prendre des précautions supplémentaires et éviter les zones surpeuplées et les manifestations. »
La déclaration met en garde : « Puisque Israël n’a pas de relations diplomatiques avec les Maldives, tout citoyen israélien qui se trouve en difficulté là-bas pourrait avoir de sérieuses difficultés à obtenir de l’aide. »
Tout Israélien qui choisit de rester, ajoute le ministère, « porte la responsabilité personnelle » de sa décision.
Il note également « qu’il n’y a pas d’interdiction dans la loi israélienne de visiter les zones susmentionnées ».
La petite nation insulaire est aux prises avec une crise politique après que son président, Abdulla Yameen, a refusé d’obéir à une décision de la Cour suprême de libérer neuf prisonniers politiques cette semaine et a déclaré l’état d’urgence pour quinze jours et fait arrêter le président de la Cour ainsi qu’un second juge de la haute juridiction. Il a également fait procéder à une série d’interpellations dans les milieux de l’opposition.
Jeudi, le régime des Maldives a refusé de rencontrer une délégation de diplomates européens de haut rang, les premiers dignitaires étrangers à s’être déplacés dans cet archipel de l’océan Indien depuis la vague de répression cette semaine.
Des ambassadeurs de l’Union européenne, de Grande-Bretagne et d’Allemagne se sont rendus jeudi dans la capitale Malé, où des juges de la Cour suprême et des opposants ont été arrêtés ces derniers jours, dans l’espoir de discuter de la situation.
La délégation avait demandé à s’entretenir avec le président Abdulla Yameen, des ministres ou le président du Parlement, mais s’est heurtée à une fin de non-recevoir.
« Malheureusement, le gouvernement maldivien refuse le dialogue », a déploré l’ambassadeur allemand Jorn Rohde sur le compte Twitter officiel de sa représentation. « Nos requêtes ont été refusées, c’est regrettable. Ce n’est clairement pas la manière de progresser », a-t-il ajouté.
Le trio, basé au Sri Lanka mais aussi accrédité aux Maldives, s’est rendu sur place après que le régime s’est dit ouvert à la présence d’observateurs étrangers.
Cependant, les médias internationaux sont dans les faits empêchés d’entrer dans ce micro-État réputé pour ses plages de sable blanc et ses mers bleu turquoise. Les autorités requièrent qu’ils demandent un visa de journaliste, demande qui peut prendre jusqu’à trois semaines pour être traitée.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit évoquer jeudi la situation aux Maldives après « l’attaque en règle contre la démocratie », selon les termes d’un haut responsable onusien, du président Abdulla Yameen.