Israël et les Etats-Unis terminent l’exercice Juniper Cobra avec un test réel
Le Dôme de fer et les missiles Patriot sont entrés en action pour conclure un grand exercice dans lequel les militaires ont simulé une attaque de missiles balistiques sur Israël
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Les armées israélienne et américaine ont mis fin cette semaine à Juniper Cobra, leur exercice conjoint de défense anti-missile, avec des tests de tir réel de deux systèmes anti-aériens dans le centre d’Israël.
L’exercice, qui a débuté le 4 mars, simulait une attaque massive de missiles balistiques contre l’Etat d’Israël, les troupes américaines et israéliennes travaillant ensemble afin de défendre le pays, ont souligné les responsables des deux forces armées.
« Ils s’entraîneront côte à côte, de la même manière que nous nous battrons en temps de crise. Ce n’est pas seulement un exercice », a déclaré le brigadier-général Tzvika Haimovitch, commandant de la défense aérienne d’Israël, au début de l’opération.

Il s’agissait du neuvième exercice de défense aérienne Juniper Cobra, qui a eu lieu tous les deux ans depuis 2001.
Israël considère les missiles balistiques, spécifiquement guidés avec précision, comme l’une des menaces les plus importantes pour l’Etat juif, qu’il s’agisse des roquettes à courte et moyenne portée du groupe terroriste du Hezbollah ou des missiles balistiques intercontinentaux que l’Iran développe.
Au total, près de 5 000 soldats ont pris part à l’exercice – environ 2 500 de chaque armée. Le test s’est terminé officiellement jeudi, bien que certains exercices conjoints d’une plus faible ampleur se poursuivent jusqu’à la fin du mois.
Au cours de l’exercice, les principaux systèmes de défense aérienne des deux pays – le Dôme de fer, la Fronde de David, le Patriot et le Arrow pour Israël ; l’Aegis, le Patriot, le système de défense de zone haute altitude (THAAD) et le système radar TPY-2 pour les Etats-Unis – ont été testés. Néanmoins, la plupart du temps, il s’agissait de simulations sur ordinateur et non de véritables tests.

L’exercice Juniper Cobra 2018 s’est divisé en trois fractions principales. Les premiers jours, les soldats américains et israéliens se sont préparés à l’exercice. Les deux semaines suivantes, ils ont simulé sur carte et sur ordinateur une attaque de missiles balistiques à grande échelle et la réponse appropriée des systèmes de défense aérienne.
Dans la dernière partie, mardi et mercredi soir, des essais à tir réel ont été menés à l’aide d’un missile intercepteur à courte portée du Dôme de fer israélien, d’un missile intercepteur à longue portée israélien Patriot, et d’un missile américain Patriot.
En plus des aspects techniques de défense aérienne, les soldats américains et israéliens se sont entraînés ensemble. Ils ont ainsi simulé un débarquement sur les plages et se sont formés aux combats urbains, y compris dans les tunnels.

Les infirmiers des deux armées ont également simulé un événement de grande ampleur dans le désert du Néguev.
Les militaires n’étaient pas autorisés à divulguer des détails significatifs sur l’exercice Juniper Cobra de cette année.
Par exemple, les mots « Iran », « Hezbollah » et « Hamas » n’ont pas été prononcés alors que les officiers militaires américains et israéliens discutaient des exercices de défense aérienne plus tôt ce mois-ci – alors qu’une attaque balistique du même genre que celle simulée serait probablement le fait du Hezbollah et du Hamas, avec le soutien de l’Iran.

« Nous allons pratiquer de vrais scénarios, avec des menaces complexes et multidirectionnelles à la fois proches et lointaines », avait déclaré Haimovitch.
Le type de missiles contre lesquels les militaires se préparaient n’a pas non plus été précisé, alors même que les responsables israéliens soulignent régulièrement la menace que représentent les missiles guidés iraniens fabriqués et transmis au groupe terroriste du Hezbollah au Liban.
Le groupe terroriste soutenu par l’Iran disposerait de 100 000 à 150 000 roquettes et missiles dans ses entrepôts, avec la possibilité d’en lancer plus de 1 000 par jour en cas de guerre. Ce point n’a pas été discuté, bien que Haimovitch ait reconnu que les militaires se préparaient à « des salves à grande échelle et à des roquettes plus précises ».

Selon des responsables israéliens et américains, le but de l’exercice Juniper Cobra, qui existe depuis 2001, est double : partager et échanger des connaissances sur la défense antimissile et améliorer les liens entre les deux armées afin de développer une compréhension commune dans le cas d’un conflit.
Alors qu’Israël teste souvent ses capacités d’auto-défense, les Etats-Unis sont déjà intervenus par le passé pour fournir une assistance à Israël dans un conflit. Haimovitch a noté que, dans le cas de la défense antimissile, cela s’était produit durant la première guerre du Golfe en 1991, quand les Etats-Unis ont déployé des batteries de défense antimissile Patriot, qui étaient à l’époque beaucoup plus rudimentaires qu’aujourd’hui, après que Saddam Hussein ait lancé des missiles Scud sur Tel Aviv, causant la mort de trois personnes, blessant des dizaines d’autres, et endommageant plusieurs bâtiments.
« Si les conditions se présentent et que le gouvernement d’Israël nous le demande, alors nous nous déploierons afin d’aider à la défense de l’Etat d’Israël. Nous déploierions nos forces de la même façon dont elles ont été déployées dans cet exercice », a déclaré plus tôt ce mois-ci le lieutenant-général Richard Clark, chef du commandement de la troisième force aérienne américaine et chef de la délégation américaine pour Juniper Cobra.

Haimovitch a décrit l’assistance de l’armée américaine comme « un autre outil dans la boîte à outils » de l’armée israélienne.
« C’est une autre méthode parmi les nombreuses activités et événements qui nous aident à être prêts une fois que les ordres auront été passés », a déclaré Haimovitch.
La batterie de défense anti-missile Fronde de David – qui a été déclarée opérationnelle en 2017 et n’a donc pas pris pleinement part à l’exercice de 2016 – a participé au test de cette année, mais n’a pas été déclenchée.
Le lieutenant David Segal de l’armée de l’air israélienne, qui s’occupe d’une batterie de la Fronde de David, a déclaré aux journalistes au début du mois que le système avait reçu des critiques positives de la part des troupes américaines, qui « n’avaient que des bonnes choses à dire à son sujet ».
Le colonel David Shank, du commandement de la 10e armée de l’air et de la défense antimissile de l’EUCOM, l’a décrit comme un « système de défense antimissile extrêmement compétent ».
La Fronde de David est conçue pour intercepter des missiles à moyenne portée, tels que le Fateh 110 iranien et le M-600 syrien, qui se trouveraient dans les arsenaux du Hezbollah.
L’exercice de cette année, avec près de 5 000 participants, était le plus gros exercice Juniper Cobra jamais organisé, devançant celui de 2016 au cours duquel quelque 3 200 soldats ont participé. Il semble également être plus important que l’exercice interarmées Austere Challenge de 2012.

Les 2 500 soldats américains qui ont participé à Juniper Cobra n’étaient pas tous physiquement présents en Israël : une partie d’entre eux a participé à l’exercice depuis des bases américaines aux Etats-Unis et sur la base d’EUCOM en Allemagne, a indiqué M. Clark.
Les responsables ont déclaré que la planification de l’exercice 2018 avait débuté peu après la fin du Juniper Cobra 2016. Ainsi, les récents développements dans la région – notamment les affrontements du 10 février entre Israël, l’Iran et la Syrie – n’ont pas eu d’impact direct sur les types de scénarios simulés dans l’exercice, ont-ils prétendu.