Israël, le Hamas et notre vicieuse rupture interne
Nous avons 2 guerres - contre un État terroriste cynique voisin et une explosion d'intolérance à l'intérieur. Aucun pays ne peut tolérer la première, ni fonctionner avec la seconde
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
De l’autre côté de notre frontière méridionale, une organisation terroriste islamiste palestinienne tire des centaines de roquettes sans discernement sur la moitié du pays, voire plus, dans la phase actuelle de son effort déclaré pour expulser le seul État juif majoritaire du monde de notre patrie biblique.
À l’intérieur d’Israël, des voyous extrémistes arabes et juifs attaquent des membres de leur communauté respective de façon arbitraire – en les battant, en leur tirant dessus, en les poignardant, en tentant de les tuer – dans une orgie de violence ethnique qui déchire ce pays de l’intérieur.
Avec la malice et/ou la superficialité que l’on connaît, certains dirigeants et faiseurs d’opinion du monde entier accusent Israël de comportement immoral et cherchent à limiter de manière punitive la capacité d’Israël à se défendre, pour le crime ostensible d’avoir tenté de faire cesser les tirs du Hamas depuis la bande de Gaza voisine.
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Mais là où notre moralité est réellement mise à l’épreuve, c’est dans la lutte contre la violence interne – née d’un mélange bouillonnant de facteurs à la fois historiques et nouveaux – qui menace maintenant d’échapper à tout contrôle.
Ce qui suit est une tentative de donner un sens aux défis auxquels nous sommes confrontés. Il est bref et imparfait ; le contexte est complexe et la réalité change d’heure en heure. Plus que tout, j’espère que nos deux guerres actuelles s’avèrent moins menaçantes qu’elles ne le paraissent pour l’instant.
Gaza, dans son contexte
Au milieu d’âpres discussions internes et avec le soutien de la communauté internationale, Israël s’est unilatéralement « désengagé » de Gaza en 2005. Il a déraciné plus de 20 implantations et leurs quelque 8 000 résidents, et s’est replié sur les lignes d’avant 1967.
De nombreux Israéliens ont considéré le retrait comme une dangereuse apologie du terrorisme palestinien ; beaucoup ont été soulagés à l’idée qu’Israël s’était enfin séparé de la bande de Gaza toxique. Toute idée selon laquelle Gaza, sans les Israéliens, pourrait commencer à prospérer en tant qu’enclave palestinienne indépendante et constituer une étape encourageante vers un règlement israélo-palestinien plus large a été complètement dissipée en juin 2007, lorsque le Hamas a évincé de la bande de Gaza les forces du Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas en quelques jours lors de combats féroces d’une brutalité sans état d’âme.
Depuis lors, le Hamas et ses divers groupes terroristes alliés et rivaux ont détourné toutes les ressources possibles dans le but de nuire à Israël. Le Hamas a monté des attaques terroristes transfrontalières, envoyé des tueurs via des tunnels creusés sous la frontière, lancé des ballons incendiaires sur Israël, poussé des masses de Gazaouis à des confrontations sans fin à la barrière.
Et, comme le souligne l’offensive actuelle, il a accumulé et progressivement amélioré un formidable arsenal de roquettes, capable de lancer des dizaines et des dizaines de projectiles de plus en plus puissants sur Israël en quelques minutes. Jeudi, il a visé les deux aéroports internationaux d’Israël – Ben Gurion et, apparemment à l’aide d’une roquette d’une portée sans précédent, Ramon, près d’Eilat.
Sans le système de défense anti-roquettes Dôme de fer, dont le taux de réussite est de 90 %, une grande partie d’Israël aurait été réduite en ruines ces derniers jours, tout comme lors des innombrables attaques à la roquette du Hamas de ces dernières années. Sans les efforts israéliens et égyptiens pour empêcher le Hamas d’importer librement des armes, Israël aurait été confronté à des périls militaires encore plus dévastateurs en provenance de Gaza. Ces armes auraient inclus les types d’armes à guidage de précision stockées au fil des ans par cette autre armée terroriste quasi-étatique, le Hezbollah, qui domine un second territoire dont Israël s’est unilatéralement retiré, le Sud-Liban.
Le Hamas, cynique, astucieux et amoral, a présenté l’escalade actuelle comme une « bataille pour Jérusalem », reflétant sa motivation déclarée d’éliminer Israël et de rompre le lien de 3 000 ans qui unit le peuple juif à sa capitale, tout en poursuivant son objectif de supplanter Abbas, le Fatah et l’AP et devenir le principal dirigeant du peuple palestinien.
En frappant Israël avec ses roquettes, en contraignant Israël à s’isoler progressivement alors que les compagnies aériennes étrangères inquiètes commencent à annuler leurs vols, en s’assurant des « photos de victoire » lorsqu’elles interrompent une session de la Knesset ou font se réfugier les gens à l’aéroport, et en galvanisant à nouveau les (très) nombreuses forces anti-israéliennes dans le monde entier, cette campagne s’est déjà révélée être un succès considérable pour le Hamas, qui ne se soucie absolument pas de la souffrance qu’il cause aux habitants de Gaza alors que l’armée israélienne tente d’arrêter les tirs de roquettes.
Aucun pays au monde ne pourrait permettre que son front intérieur soit pris pour cible de la manière dont le Hamas attaque Israël. Aucune force militaire au monde ne pourrait contrer cette menace, lorsque les roquettes sont lancées depuis le milieu d’une population civile, sans blesser des civils. L’immoralité du Hamas en tant qu’agresseur cynique, et la légitimité d’Israël à défendre sa population contre le gouvernement de facto de l’État terroriste voisin, devraient être claires pour toute personne désireuse de prendre connaissance de la réalité.
Israël, en effervescence
Faisant partie du chœur des politiciens israéliens de tous bords qui se sont déplacés pour commenter l’éruption de la violence interne et ethnique en Israël, le ministre de la Défense, Benny Gantz, a déclaré mercredi que nos divisions internes révélées de manière sanglante n’étaient « pas moins dangereuses que le Hamas ».
En fait, une dérive vers la guerre civile est potentiellement plus menaçante que l’ennemi de l’autre côté de la frontière. Un pays sans cohésion interne ne peut tout simplement pas survivre dans une région toujours dangereuse. Un pays qui se déchire de l’intérieur n’est pas un endroit où il fait bon vivre.
L’explosion de la violence arabe à l’encontre des Juifs est, entre autres facteurs, la conséquence de décennies de négligence de la part du gouvernement envers une grande partie de la communauté arabe. La criminalité a longtemps été incontrôlée. La pauvreté, la désaffection à l’égard de l’État, un sentiment omniprésent de discrimination – tout cela, et bien plus encore, constitue un terreau fertile pour l’extrémisme, la haine et la violence. Et ce, sans tenir compte de l’identification à la cause palestinienne.
L’explosion de la violence juive à l’encontre des Arabes est, parmi d’autres facteurs, une conséquence de l’enhardissement des extrémistes et des racistes qui sont présents en marge de toutes les sociétés, et qui prospèrent lorsqu’ils intériorisent un climat politique qui évolue en leur faveur, et une application de la loi incapable de faire face. Des provocateurs politiques connus, tels que le kahaniste Itamar Ben Gvir, sont désormais membres de la Knesset ; son parti, Otzma Yehudit, qui englobe le groupe anti-métissage Lehava – dénoncé par le président Reuven Rivlin comme s’apparentant à « des rongeurs sapant le fondement démocratique et juif commun d’Israël » – a été introduit au Parlement dans le cadre d’une alliance honteusement négociée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Lehava était au cœur des récentes manifestations anti-arabes près de la porte de Damas (qui faisaient elles-mêmes suite à des incidents où des Arabes de Jérusalem-Est ont attaqué des Juifs ultra-orthodoxes).
בת ים, הערב: זה לא ניסיון דריסה, זה פחד של הנהג מההמון הקיצוני. לינץ' בנהג ממוצא ערבי, למה? כי הוא ערבי. תוהו ובוהו. pic.twitter.com/o5Z0iLCd5n
— אור רביד | Or Ravid (@OrRavid) May 12, 2021
La police israélienne – sous-financée, en sous-effectif et laissée sans commandant de 2018 à 2020 – s’est révélée aussi incapable de dissuader les extrémistes juifs que les extrémistes arabes. Tout le monde se plaint que la police soit absente ou qu’elle mette trop de temps à arriver aux points chauds des violences ethniques internes, a déclaré le porte-parole de la police, Eli Levy, à la Douzième chaîne d’information jeudi après-midi, « mais vous devez comprendre qu’au cours des dernières 24 heures, 127 000 appels ont été passés à la ligne d’urgence 100 de la police ». Dans une journée normale, a-t-il dit, il y en a environ 10 000.
S’alimentant mutuellement, les voyous de chaque camp gagnent du terrain, et la grande majorité des Israéliens sont coincés, horrifiés et ciblés, entre les deux. Les frictions et les violences interethniques, pour le plus grand plaisir de nos ennemis extérieurs, sont bien sûr exacerbées par les attaques incessantes du Hamas.
Après l’interminable série d’attaques infernales de mercredi, les condamnations ont afflué de tous les horizons politiques. Mais les condamnations virulentes et les appels au calme ne remplacent pas un leadership fondé sur des principes, des politiques pratiques pour répondre aux griefs légitimes, un financement adéquat pour lutter contre les inégalités, ainsi qu’un budget et un soutien pour une application efficace de la loi.
Israël ne peut pas être et ne sera pas empêché par des condamnations internationales malveillantes ou malavisées de chercher à protéger sa population contre le Hamas et d’autres ennemis extérieurs. Mais pour s’assurer que nous ayons un pays suffisamment soudé et résistant pour pouvoir se défendre, un pays dans lequel nos citoyens, majoritairement bons et dignes, peuvent prospérer, nous avons besoin d’une direction et d’une gouvernance désireuses et capables de rectifier les échecs moraux et pratiques qui ont mis le feu à nos rues de l’intérieur.
« Les violentes émeutes auxquelles nous avons assisté hier constituent une véritable menace pour la souveraineté israélienne », a déclaré Rivlin jeudi. « Notre maison est en feu, et nous n’en avons pas d’autre ».
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