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Israël met fin à tous les nouveaux traitements de FIV par crainte du coronavirus

Craignant que le COVID-19 ne contamine les cliniques et nuise aux fœtus, le ministère de la Santé bloque la procédure de fécondation

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Illustration. Fécondation in vitro (FIV) d'un ovule. (iStock par Getty Images/ man_at_mouse)
Illustration. Fécondation in vitro (FIV) d'un ovule. (iStock par Getty Images/ man_at_mouse)

La semaine dernière, le ministère israélien de la Santé a suspendu tous les nouveaux traitements de fécondation in vitro (FIV), ainsi que certains déjà en cours, en raison de la pandémie de coronavirus en cours, jetant dans l’incertitude des milliers de couples pleins d’espoir.

« Cela n’a pas été une décision facile », a déclaré dimanche le président de la Israel Fertility Association [Association israélienne de la fertilité], le Dr Adrian Shulman, au Times of Israel.

La fécondation in vitro – ou FIV, une technique de procréation assistée – implique généralement une série de traitements hormonaux visant à stimuler les follicules des ovaires d’une femme, afin de produire plusieurs ovules matures ; une procédure permettant de récupérer ces ovules ; l’incubation des ovules avec du sperme afin de les féconder (c’est la partie « en éprouvette ») ; la sélection de l’embryon, ou des embryons, ayant les meilleures chances de réussite d’une grossesse ; et l’implantation dans l’utérus d’une femme, où l’embryon s’implantera, avec un peu de chance, et se développera en fœtus.

La FIV est un processus difficile – techniquement et émotionnellement – qui nécessite un suivi étroit et régulier et, même lorsqu’il est bien fait, échoue statistiquement plus souvent qu’il ne réussit. Pourtant, en Israël, qui a le taux de FIV le plus élevé au monde, environ 5 % de toutes les naissances proviennent de cette procédure, selon les données du ministère de la Santé de 2017.

Illustration. Fécondation in vitro (FIV). (via Shutterstock)

En annulant les traitements de FIV, Israël suit la voie des décisions similaires prises par la Société européenne de reproduction humaine et d’embryologie et la American Society for Reproductive Medicine au cours des dernières semaines, a déclaré M. Shulman.

Shayna Kovler, dont le cycle de FIV a été annulé alors qu’elle était sur le point de commencer, a déclaré qu’elle a été incitée à entamer un cycle de traitement précisément en raison de la crise actuelle du coronavirus, où tant de choses sont incertaines.

« C’était un acte d’espoir, un événement à attendre avec impatience », a déclaré Kovler au Times of Israel.

Un porte-parole du ministère de la Santé a déclaré qu’il avait ordonné l’annulation de tous les nouveaux cycles de FIV, ainsi que de tout traitement où la taille du follicule ovarien était inférieure à 15 millimètres. (Une femme dont le follicule ovarien a atteint 15 millimètres se trouverait vers la fin du traitement hormonal, probablement à deux ou trois jours du prélèvement des ovules).

En outre, l’implantation d’embryons a été arrêtée.

Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une série de directives du ministère de la Santé visant à limiter les procédures médicales non essentielles et d’un effort général en Israël pour empêcher la propagation du virus, qui a jusqu’à présent tué une personne et en a infecté environ 1 200 autres.

Des employés de l’hôpital Tel HaShomer attendent des Israéliens qui étaient en quarantaine pour cause de coronavirus sur le bateau de croisière Diamond Princess, au Japon, le 20 février 2020. (Avshalom Sassoni/Flash90)

Selon M. Shulman, le ministère voulait mettre un terme à toutes les procédures, mais lui et ses collègues se sont battus pour que ceux qui étaient déjà en plein traitement puissent continuer.

« Nous avons décidé qu’il ne serait pas juste de s’arrêter en plein milieu », a-t-il dit.

Cependant, Mme Kovler a déclaré qu’elle avait connaissance d’une femme en cours de FIV à qui l’on avait demandé d’arrêter son traitement bien plus tard dans le processus, au moment où un embryon allait être implanté dans son utérus.

Elle a remercié son médecin, qui lui avait dit à l’avance que son traitement pourrait être interrompu, mais a déclaré que d’autres femmes qu’elle connaissait ont été surprises par cette décision.

« D’autres ont appris le dimanche que tout allait bien et le mercredi le contraire », a déclaré Mme Kovler.

M. Shulman a déclaré que ses collègues de l’IFA et lui-même, ainsi que le ministère de la Santé, ont déterminé que la poursuite des traitements de FIV présentait un double risque : pour les patients et le personnel, il y avait un risque accru de contracter le COVID-19, car la surveillance étroite entraîne souvent des salles d’attente exiguës où la maladie pourrait facilement se propager ; et pour les bébés potentiels, il y a un danger inconnu lié au coronavirus, car on ne sait pas encore clairement quel effet, le cas échéant, le virus a sur les fœtus.

Bien que certaines mesures puissent être prises pour atténuer le risque pour les médecins, les infirmières et les femmes qui subissent une FIV, le timing minutieux nécessaire pour suivre l’ovulation des femmes limite la capacité des cliniques à empêcher complètement le rassemblement de « parfois 40 à 50 femmes » dans les salles d’attente, a déclaré M. Shulman.

« Il serait difficile d’étaler cela sur toute la journée », a-t-il déclaré.

M. Shulman a déclaré que la question des effets du coronavirus sur les fœtus devrait être éclaircie par les chercheurs dans les semaines et les mois à venir, aidé – prévoit-il – par un « baby boom » favorisé par la quarantaine.

« Je m’attends à ce qu’il y ait plus de grossesses, un baby boom, tout le monde étant à la maison », a-t-il déclaré.

M. Shulman a déclaré qu’il avait été décidé que les risques étaient trop importants et que les procédures devaient être annulées, tout en reconnaissant que la décision était fondée sur des incertitudes et des craintes, plutôt que sur des données empiriques concrètes.

« Dans quelques mois, nous pourrons dire si nous avons fait une erreur, que tout cela n’avait pas de sens », a-t-il dit.

On ne sait pas encore quand les traitements de FIV seront à nouveau autorisés. M. Shulman a déclaré qu’il s’attendait à ce qu’ils reprennent fin avril ou début mai, mais que beaucoup dépendra « du comportement du virus ».

Shayna Kovler. (Autorisation)

Mme Kovler a déclaré qu’elle avait entendu les estimations selon lesquelles les traitements pourraient reprendre à la fin du mois prochain, après la fête de Pessah. Mais elle est inquiète de l’incertitude qui règne autour du coronavirus.

« Nous ne savons pas combien de temps cela va durer. Suis-je censée attendre 18 mois jusqu’à ce qu’il y ait un vaccin ? » a-t-elle déclaré.

Kovler, 31 ans, qui a déjà suivi 10 séries de traitements de fertilité, dont une de FIV, et qui a subi une opération à cœur ouvert afin de résoudre un problème sous-jacent qui l’aurait empêchée de tomber enceinte en toute sécurité, a fait valoir qu’elle et les autres femmes souhaitant suivre des traitements de FIV étaient déjà conscientes des multiples risques liés au processus, tant pour elles-mêmes que pour leurs bébés, et étaient prêtes à le faire de toute façon.

« Le désir d’avoir un enfant est un désir très profond », a-t-elle déclaré.

Mme Kovler a également fait remarquer que pour la plupart des femmes, la FIV est une mesure de dernier recours, lorsque les autres traitements de fertilité ont échoué et que la période pendant laquelle elles peuvent avoir des enfants en toute sécurité se termine.

« [Mon mari et moi] aimerions avoir deux enfants », a-t-elle déclaré. « Mais je sais que mon horloge biologique fait tic-tac. »

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