Israël en guerre - Jour 465

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Opinion

Israël ne doit plus sous-estimer la dangerosité et l’inhumanité du Hamas

L'armée terroriste venue massacrer les nôtres doit être anéantie, sans illusion sur ses capacités et sur ses objectifs et cette fois-ci, nous devons prendre le Hamas par surprise

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Une balançoire pour enfants devant une maison attaquée par des terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, photo prise au kibboutz Beeri, le 14 octobre 2023. (Crédit : Ariel Schalit/AP)
Une balançoire pour enfants devant une maison attaquée par des terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, photo prise au kibboutz Beeri, le 14 octobre 2023. (Crédit : Ariel Schalit/AP)

A un carrefour du sud d’Israël, à proximité de la frontière avec Gaza, des groupes de parents cuisinent pour des dizaines de soldats qui sont rassemblés ici, en amont de l’incursion terrestre imminente qui aura lieu dans la bande. C’est une scène de fête. Les visages sont souriants. Les jeunes militaires échangent, se tapent amicalement dans le dos. En voyant leurs uniformes, nul doute qu’ils iront sur le front contre un ennemi habile et sauvage – même si rien, dans leurs expressions, ne laisse deviner qu’ils vont partir au combat.

Alors que je quitte le carrefour en direction du kibboutz Beeri au volant de ma voiture, j’entends à la radio une interview du colonel Golan Vach, de l’armée israélienne. Vach, à la tête de l’Unité de secours nationale de Tsahal, une unité déployée dans le monde entier pour sauver des vies lors des catastrophes, évoque l’une des plus grandes difficultés rencontrées dans cette tragédie – comme lorsqu’il a dû retirer 120 corps d’un feu de joie qui avait été allumé par le Hamas, les corps des victimes du festival de musique électronique Supernova où 200 personnes ont été massacrées. Vach et son équipe ont sorti les corps du bûcher, explique-t-il aussi calmement qu’il peut le faire, de manière à ce qu’ils ne soient pas consumés au-delà d’un degré qui interdirait toute possibilité d’identification.

Au kibboutz Beeri, où un nombre important de terroristes – ils avaient été plus de 2 000 à franchir la frontière – s’étaient rendus à bord de pick-ups ou en moto, il y a neuf jours, les dépouilles de 103 résidents assassinés ont été évacuées. Cela a été le cas, aussi, des corps sans vie de ceux qui, en uniforme, avaient trouvé la mort en tentant de défendre le kibboutz. Les cadavres de plus de cent terroristes ont aussi été enlevés.

Des officiers – certains ont combattu ici et d’autres ailleurs, dans ce sud d’Israël dont les tueurs de Gaza avaient pris temporairement le contrôle, semant une désolation sans précédent – montrent les environs à un groupe de rédacteurs en chef du secteur des médias.

Les visions de kibboutzim ravagés sont devenues cruellement familières, au cours des derniers jours. Il y a les habitations où des familles ont été tuées en masse, ligotées, brûlées vives, mutilées. Il y a les pick-ups blancs utilisés par certains terroristes. Il y a ce contraste impossible entre cette communauté pastorale – avec ses champs agricoles environnants et le panneau, à l’entrée de la porte, orientant vers « les sites touristiques » de Beeri – et le portail jaune qui a servi de porte d’entrée empruntée par les meurtriers, brûlé, abîmé lorsque les assassins de Gaza avaient pénétré de force au sein de la communauté.

L’entrée du Kibboutz Beeri, où plus de cent résidents ont été tués par les terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023. (Crédit : David Horovitz/Times of Israel)

Les combats ont fait rage pendant 50 heures dans les environs – jusqu’à la mort du dernier terroriste et jusqu’à ce que les menaces planant sur les résidents du secteur proche de la frontière de Gaza soient considérées comme dorénavant inexistantes. A ce moment-là, un dixième des habitants de ce kibboutz avaient perdu la vie.

L’incapacité à comprendre la nature de l’ennemi

Ce qui est sous-jacent dans les propos tenus lors de notre visite, c’est le courage qui a été affiché par les forces israéliennes, ici comme dans tous les autres endroits pris pour cible par le Hamas, à savoir 22 communautés, la rave Supernova, une dizaine de bases et de postes militaires – un courage qui s’est exprimé face à des obstacles insurmontables ; des actes d’héroïsme de la part des soldats, des policiers, des équipes civiles de défense locale ou de citoyens ordinaires. Au kibboutz Nirim, plus au sud, l’équipe de défense civile, dirigée par un officier répondant au nom d’Amit Levy, aurait repoussé des dizaines de terroristes, sauvant ainsi de nombreuses, très nombreuses vies.

Malgré les attentats suicides, malgré les camps d’été qui apprennent à des enfants à tuer et malgré une rhétorique sanguinaire, il y a eu, dans notre armée, une incapacité à bien comprendre que le Hamas veut simplement tuer des Juifs, et que sa transformation en force de combat de plus en plus efficace et disciplinée ne l’en rend pas moins sauvage

Mais ce qui émerge aussi de notre visite, c’est qu’il y a eu une croyance, au sein de l’armée, que le professionnalisme de plus en plus affirmé du Hamas impliquerait, un jour, une lutte plus difficile qui serait menée par les militaires – et non que les compétences de mort accrues du groupe terroriste continueraient à être avant tout dirigées contre les civils. Malgré les attentats suicides, malgré les camps d’été qui apprennent à des enfants à tuer et malgré une rhétorique sanguinaire, il y a eu, dans notre armée, une incapacité à bien comprendre que le Hamas veut simplement tuer des Juifs, et que sa transformation en force de combat de plus en plus efficace et disciplinée ne l’en rend pas moins sauvage (ce qui, bien sûr, allait de pair avec les évaluations faites par les responsables politiques et sécuritaires qui affirmaient que la dissuasion pouvait être un outil efficace contre le Hamas – et qu’elle devait être – et que le groupe terroriste pouvait même se laisser acheter par l’afflux, avec la bénédiction d’Israël, de l’argent qatari, dans la mesure où il s’intéressait dorénavant davantage à la gouvernance qu’au sang qui coule).

En effet, cela a été l’un des détails déterminants issu de notre visite de Beeri – cette certitude que les hommes armés du Hamas, le 7 octobre, avaient été déployés pour tuer autant de civils que possible et par tous les moyens. Ce qui a nécessité d’abattre les forces armées – ce qui a aussi été grandement le cas. Mais les premières cibles sont restées les civils.

Le Hamas a mis en place ses forces d’invasion en faisant en sorte que ses hordes meurtrières puissent rapidement atteindre les habitations dans les kibboutzim et dans les autres communautés, tandis que d’autres hommes du groupe terroriste se chargeaient des forces armées – limitées – qui se trouvaient dans le secteur, s’organisant de manière à intercepter les effectifs qui étaient envoyés pour secourir les populations assiégés. Ces sauveteurs ont alors découvert que le Hamas avait pris le contrôle des rues, qu’il s’était déployé à l’entrée des communautés – compliquant de manière immense les combats qui avaient suivi pour sauver les civils.

Huit enfants ont été retrouvés morts dans cette habitation du kibboutz Beeri, tués par des terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023. (Crédit : David Horovitz/Times of Israel)

Nous nous sommes arrêtés devant une maison où huit enfants ont été retrouvés ligotés les uns aux autres, où ils ont été retrouvés morts ; un couple d’adultes a aussi perdu la vie ici. Nous avons vu une autre habitation où s’étaient cachés 26 terroristes qui espéraient pouvoir en sortir plus tard et continuer leur carnage. Les hommes du Hamas sont entrés dans presque tous les logements de ce kibboutz, tuant tout le monde.

Ceux qui ont combattu dans le secteur ont rapidement remarqué que les coffres de toutes les voitures étaient ouverts, leur contenu éparpillé sur le sol, et que les roues de secours avaient été prises. Ils ont d’abord cru que les véhicules avaient été pillés. Mais pourquoi seulement des pneus ?… Ils ont ensuite réalisé que cela faisait partie du programme du Hamas – prendre des pneus pour allumer les incendies qui ont ravagé les habitations où de nombreux habitants tentaient de se réfugier dans leur pièce blindée, les brûlant bifs à l’intérieur ou les abattant à bout portant lorsqu’ils étaient contraints à sortir, poussés dehors par les flammes et la fumée.

L’armée israélienne avait lancé des entraînements pour contrer des infiltrations potentielles susceptibles de prendre pour cible un petit nombre de soldats, ou même sur des attaques simultanées contre les militaires. Mais les hautes sphères avaient assuré aux officiers qu’en gros, le Hamas avait été découragé de lancer des attaques plus larges et que dans tous les cas, la clôture frontalière sophistiquée était un moyen de défense efficace. Et, bien sûr, c’était Shabbat et peut-être la moitié des soldats qui auraient été déployés en semaine ne l’étaient pas ce jour-là.

Même ainsi, il y a une croyance persistante, celle que même avec un avertissement préalable de seulement soixante minutes concernant la réelle ampleur de l’attaque, Tsahal aurait été en mesure de la repousser. Mais il n’y a pas eu d’avertissement. L’offensive initiale, qui a été menée à travers de trop nombreuses sections de la clôture frontalière détruite, a impliqué que l’armée, prise par surprise, a eu du retard, avec des communications compromises, des vagues d’hommes armés pénétrant sur le territoire et une frontière poreuse. Et l’armée de l’air – même si elle pouvait commencer à prendre pour cible les terroristes à la frontière et que c’est ce qu’elle a fait, en effet – n’a pas pu utiliser ses capacités avec efficacité sur le sol israélien où se confondaient les terroristes, les militaires et les civils, par crainte de tuer ceux qui étaient des nôtres.

L’un des pick-ups utilisés par les terroristes du Hamas pour attaquer le kibboutz Beeri où plus de cent habitants ont été tués, le 7 octobre 2023. (Crédit : David Horovitz/Times of Israel)

Les troupes se sont battues avec une bravoure incroyable, mais cette pensée ne leur est d’aucun réconfort. Elles ont le sentiment d’un échec personnel alors que ce n’est clairement pas le cas. Elles sont dorénavant parvenues à éliminer tous les terroristes dans les communautés qui se trouvent dans le périmètre de la bande de Gaza – même si elles ne peuvent pas promettre que des hommes armés n’on pas réussi à échapper à leurs recherches, quelque part. Et elles attendent maintenant l’ordre de contre-attaquer.

Un combat pour le monde libre

Alors que je retourne, au volant de ma voiture, vers Jérusalem après avoir quitté la zone de la frontière, les politiciens israéliens sont en train de prononcer des discours devant la Knesset, interrompus par les sirènes d’alerte au tir de roquette qui résonnent dans la capitale et dans une grande partie du pays. Le Hamas et ses alliés terroristes qui cherchent à humilier Israël.

A la radio, le président Isaac Herzog déclare : « Nous ne sommes pas seuls dans cette guerre. Nous faisons cette guerre dans le cadre de la famille des nations – de toutes celles qui cherchent la justice, la paix et la liberté – contre un ennemi qui a apporté la preuve que l’Humanité et l’humanisme sont ses ennemis. »

Eh bien, j’espère que la famille des nations reconnaît cela et qu’elle reconnaîtra aussi le visage du chef d’orchestre de ces atrocités, l’Iran, et le danger que représente son programme vorace pour le monde libre.

C’est le cas – pleinement – des États-Unis. L’administration s’est engagée à nos côtés autant qu’elle pouvait le faire, avec le président Joe Biden qui vient à nous en traversant l’espace aérien d’une zone de guerre, et le secrétaire d’État Antony Blinken qui a pris part, pendant des heures, à une réunion du cabinet de guerre dans la journée de lundi.

Lors de son déplacement dans la région où il s’est rendu auprès des uns et des autres, Blinken n’a pas réussi à arracher une condamnation du Hamas auprès des partenaires de paix d’Israël, que ce soit en Égypte, en Jordanie ou au Maroc – dont les leaders craignent beaucoup l’opinion publique. Il y a aussi une vague croissante d’hostilité à l’égard d’Israël et des Juifs dans certaines des nations les plus éclairées d’Europe.

Pour sa part, dans son discours, le leader de l’opposition, Yair Lapid, n’a pas l’air convaincu de la fermeté du soutien de la « famille des nations ». Il affirme qu’Israël va « déraciner le Hamas » parce que « il est impossible de vivre à côté d’un groupe terroriste… Cela va prendre du temps, cela nécessitera l’usage d’une grande force. Si le monde n’est pas content, alors tant pis. Ce ne sont pas les enfants du monde qui ont été assassinés : ce sont nos enfants qui ont été assassinés ».

De son côté, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, promettant une « victoire écrasante », qualifie le Hamas de « nouvelle version des nazis ».

Et certains soldats, en effet, ont déclaré que les tireurs du Hamas venus assassiner les nôtres étaient des Einsatzgruppen.

Les proches de Shaked Haran, du kibboutz Beeri, à proximité de la frontière de Gaza, qui auraient été enlevés par le Hamas depuis le 7 octobre 2023. (Autorisation)

Rien ne sera plus jamais pareil ici

Ces écrits courts ne parviennent certainement pas à rendre compte des horreurs vécues par ceux qui ont été tués, torturés, enlevés ou blessés la semaine dernière, des traumatismes qui ont assailli leurs proches, ou encore de l’impact des événements sur l’État d’Israël. Rien ne sera plus jamais pareil, ici.

Mais nous avons un impératif à respecter, alors même que nous sommes en train de sortir de l’enfer dans lequel nous avons été plongé : celui de conserver la résilience affichée, ces derniers jours, par la majorité d’entre nous, cette détermination à surmonter l’horreur indicible.

Autre impératif, la nécessité, pour nos dirigeants, de faire preuve de sagesse tactique et stratégique pour garantir que, dans le conflit profond qui s’annonce, ces soldats motivés qui sont rassemblés, en ce moment même, autour de Gaza seront dirigés de manière appropriée, sans illusion contre l’ennemi qu’ils vont combattre. Le Hamas, comme je l’ai écrit auparavant, sera sur le terrain et il est convaincu d’attirer Israël dans un piège mortel. Il a forcément su qu’Israël rentrerait à Gaza après le 7 octobre, et il pourrait bien en savoir davantage sur les capacités et sur les plans d’Israël après avoir pris d’assaut les bases de Tsahal en cette journée funeste.

A cet égard, la large implication directe de Blinken dans le planification de notre guerre marque un précédent qui peut à la fois souligner le soutien américain, signaler que nous avons plus besoin que jamais de l’aide des États-Unis actuellement ou laisser entendre que les États-Unis ne nous portent pas une confiance absolue concernant la gestion efficace de cette crise. Ou peut-être encore les trois à la fois.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, à gauche, serrant la main du Premier ministre Benjamin Netanyahu après leur déclaration commune aux médias à l’intérieur de la Kirya après leur rencontre, à Tel Aviv, le 12 octobre 2023. (Crédit : Jacquelyn Martin/AP/Pool)

Nous avons une armée puissante, très motivée.

Et elle doit affronter aujourd’hui des ennemis qui ont perdu toute once d’humanité et qui ne doivent, encore une fois, par être sous-estimés. Des ennemis que nous devrons prendre par surprise et que nous devrons vaincre.

Une fois que le Hamas ne sera plus en mesure de menacer Israël, il est inutile de le dire, il ne faudra plus jamais permettre à de telles atrocités de se reproduire. Mais pour le moment, il y a une guerre à gagner.

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