Israël ne reconnaîtra pas les victimes de Berlin comme victimes du terrorisme
Rami Elyakim a été grièvement blessé en 2016 lors d’un attentat sur un marché de Noël allemand qui a entraîné la mort de son épouse. Mais il ne pourra pas prétendre à des indemnisations
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Un Israélien qui avait été blessé et dont l’épouse a été tuée lors d’un attentat terroriste commis le 16 décembre sur un marché de noël de Berlin a critiqué dimanche le gouvernement qui refuse de reconnaître le couple comme des victimes du terrorisme.
Dans une interview accordée à la radio militaire, Rami Elyakim, qui a été grièvement blessé lors de cet attentat au camion-bélier, a expliqué que le gouvernement israélien avait refusé de le considérer ainsi que son épouse comme des victimes du terrorisme, l’attentat ayant été perpétré hors des frontières israéliennes.
« C’est le seul pays qui se réfère à cet incident comme à un accident de voiture et non comme à une attaque terroriste », a commenté Elyakim.
Il a ajouté qu’un accident de voiture était pas dû au hasard. « Ici, nous avons un homme qui a tué intentionnellement. S’il était venu avec un fusil et qu’il nous avait tirés dessus, cela aurait été la même chose ».
Le 19 décembre, Elyakim et sa défunte femme Dalia déambulaient sur ce marché situé aux abords de l’église du souvenir de l’empereur Guillaume lorsqu’un demandeur d’asile en situation irrégulière tunisien et djihadiste présumé de l’Etat Islamique, Anis Amri, avait lancé son camion dans la foule amassée, tuant 12 personnes et faisant 56 blessés.
Il a fallu deux jours aux autorités pour identifier Dalia. Elle a été enterrée en présence de centaines de personnes, famille et amis, à Herzliya alors que son mari se trouvait toujours dans un coma artificiel dans un hôpital de Berlin.
Elyakim s’était réveillé 12 jours après l’attentat, puis avait été transféré au sein de l’unité de réeducation de l’hôpital de Tel Hashomer où il continue doucement sa convalescence.
Les victimes israéliennes décédées ou blessées dans des attentats terroristes, que ce soit en Israël ou à l’étranger, sont considérées comme des “victimes des hostilités” par l’Etat, selon les termes d’une loi adoptée en 1970.
Les blessés reçoivent des avantages particuliers des autorités fiscales israéliennes et une compensation de la sécurité sociale israélienne, ainsi que les familles de ceux qui ont été tués. Mais l’attentat terroriste doit spécifiquement cibler les Israéliens pour que les victimes soient considérés comme relevant de ce statut.
« Selon les informations actuellement détenues par les services de sécurité, l’attentat de Berlin n’était pas dirigé contre une cible israélienne… Par conséquent, la loi ne reconnaît pas Dalia Elyakim, de mémoire bénie, et Rami Elyakim comme des victimes des hostilités », a fait savoir un communiqué officiel du ministère de la Défense.
En comparaison avec Israël, Elyakim a expliqué que le gouvernement allemand a immédiatement classé l’incident comme attentat terroriste et que des représentants officiels de l’Etat lui ont rendu visite à de multiples reprises à l’hôpital pour lui demander pardon.
Elyakim a été blessé sur tout le corps, en particulier à sa jambe gauche et à l’épaule. Tandis que les médecins sont jusqu’à présent satisfaits de sa convalescence, il n’est pas encore parvenu à remarcher.
La Commission minstérielle pour la Législation devrait débattre dimache d’un amendemant proposé par Yossi Yonah (de l’Union sioniste) et Moshe Gafni (Yahadout HaTorah) visant à élargir la définition des victimes du terrorisme, en rendant les proches de ceux qui ont été tués lors d’attaques au-delà des frontières d’Israël éligibles aux indemnisations du gouvernement.
En plus de Dalia Elyakim, l’amendement cite Lian Zaher Nasser, une habitante de 19 ans de la ville israélo-arabe de Tira, qui a perdu la vie lors d’un massacre à l’arme à feu survenu dans une boîte de nuit d’Istanbul, le Reina, où des fêtards célébraient la nouvelle année.