Israël promet de soulager l’économie en Cisjordanie lors d’une réunion secrète avec l’AP
Les responsables israéliens ont fait savoir que Jérusalem pourrait afficher plus de "flexibilité" concernant le blocage de l'argent issu des revenus fiscaux qui est prélevé par Israël pour le compte de Ramallah
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
De hauts-responsables israéliens en charge de la sécurité ont rencontré, dans le plus grand secret, leurs homologues de l’Autorité palestinienne (AP) à Tel Aviv, mardi, pour évoquer les efforts livrés en faveur d’un apaisement des tensions en Cisjordanie avant le Ramadan qui commencera le mois prochain, ont indiqué un officiel israélien et un éminent diplomate proches du dossier au Times of Israel.
Présents lors de ces échanges, le président du Conseil national de la sécurité Tzachi Hanegbi, le chef du Shin Bet Ronen Bar et le responsable du COGAT Ghassan Alian du côté israélien, et le dirigeant des renseignements Majed Faraj et le ministre des Affaires civiles Hussein al-Sheikh du côté de l’AP.
Les deux parties ont discuté des mesures qu’Israël pourrait prendre pour s’attaquer à la crise économique palestinienne, qui a été intensifiée par le blocage, de la part de Jérusalem, du versement de centaines de millions de dollars prélevés par l’État juif pour le compte de Ramallah. La crise a aussi été aggravée par l’interdiction faite aux 150 000 ouvriers palestiniens qui travaillaient en Israël et dans les implantations de reprendre leurs activités professionnelles depuis le massacre du 7 octobre ; par l’interdiction, décidée à cause de la guerre, de l’entrée des Arabes israéliens dans les villes palestiniennes où un grand nombre d’entre eux vont faire leurs courses et par l’installation de nombreux nouveaux checkpoints dans toute la Cisjordanie, qui limitent encore davantage les déplacements et les activités économiques.
Les responsables israéliens ont indiqué à leurs homologues de l’AP qu’ils allaient prendre un certain nombre d’initiatives pour changer la situation, en réduisant notamment le nombre de checkpoints, le nombre d’opérations menées pour procéder à des arrestations et en permettant à une partie des plusieurs milliers d’employés palestiniens âgés de plus de 45 ans de reprendre le travail en Israël, en plus de rouvrir plusieurs villes palestiniennes aux Arabes israéliens, ont dit les deux sources au Times of Israel.
Elles ont confié que les officiels israéliens avaient dit être optimistes concernant l’approbation de ces mesures par le gouvernement – des mesures qui devraient probablement se heurter à l’opposition des membres de la ligne dure de ce dernier, qui font depuis longtemps l’équivalence entre l’AP et le groupe terroriste du Hamas.
Sur la question – toujours non résolue – du versement des revenus fiscaux collectés pour Ramallah, le diplomate a expliqué que les responsables de la sécurité israéliens avaient dit que Jérusalem voudrait afficher plus de flexibilité sur cette problématique.
Israël a bloqué une somme de 275 millions de shekels en revenus fiscaux collectés pour le compte de Ramallah. Un chiffre qui correspond au montant que l’AP verse habituellement pour payer ses employés et ses services à Gaza. Le cabinet de sécurité a décidé par un vote, au mois de novembre, de bloquer la part allouée à Gaza dans ses transferts mensuels à Ramallah, disant craindre que les fonds ne soient remis au Hamas, le groupe rival de l’AP.
L’AP a discuté avec les Émirats arabes unis et avec la Norvège, demandant à Abou Dhabi ou à Oslo de lui octroyer un prêt mensuel qui viendrait compenser cette perte de revenus, avait dit le même diplomate au Times of Israel , le mois dernier.
Une initiative qu’Israël avait bloquée, menaçant l’AP de suspendre le paiement de l’intégralité des revenus des taxes – une somme qui représente la vaste majorité du budget de Ramallah.
Alors que la part des revenus réservée à Gaza est habituellement de 75 millions de shekels – soit 25 % de l’argent transféré – ces chiffres ont été bien plus bas depuis le début de la guerre dans la mesure où l’économie s’est arrêtée au sein de l’enclave.
Les officiels israéliens, lors de la rencontre qui a eu lieu à Tel Aviv, ont indiqué que Jérusalem souhaiterait abaisser le montant des revenus de Gaza qui sont actuellement bloqués, chaque mois, de manière à ce qu’il soit proportionnel à la situation économique, a confié le diplomate.
Il serait encore interdit à l’AP d’utiliser les revenus fiscaux pour payer ses services à Gaza. Israël a approuvé, le mois dernier, un cadre prévoyant de transférer les fonds à destination de la bande à la Norvège, qui conservera l’argent jusqu’à ce que le ministre des Finances d’extrême-droite, Bezalel Smotrich, autorise leur transfert à l’AP. Oslo n’a pas encore officiellement accepté cette proposition.
Afin de payer les services et les employés à Gaza, dans l’intervalle, l’AP utilisera le montant moins important des revenus fiscaux qu’elle collecte en Cisjordanie de manière indépendante, a ajouté le diplomate.
Les États-Unis ont critiqué Israël pour le blocage de ces fonds, accusant dans les faits Jérusalem de vol et soulignant que l’argent appartenait à Ramallah.
Les Américains ont néanmoins apporté leur soutien au cadre adopté, le mois dernier, par le cabinet, exhortant l’AP à l’accepter même si Ramallah a averti qu’il offrait trop d’autorité à Smotrich, qui appelle à dissoudre totalement l’AP.