Israël est prêt à relâcher Allaan si son cerveau est endommagé
"Si l'examen montre que cela a des dommages cognitifs irréversibles, l'Etat annoncera l'annulation de sa détention administrative", a statué le procureur
Israël est prêt à libérer le gréviste de la faim palestinien Mohammed Allaan s’il a subi des dommages irréversibles au cerveau, a affirmé le procureur de l’État dans une audience de la Haute Cour.
« Si l’examen montre que cela est un [cas de] dommages cognitifs irréversibles, l’Etat annoncera l’annulation de sa détention administrative », a statué le procureur.
Les procureurs de l’Etat ont offert mercredi de ne pas prolonger la détention du prisonnier palestinien Mohammed Allaan après sa date de libération en novembre, s’il met fin à sa grève de la faim de 64 jours, annonce l’avocat du détenu.
Les procureurs ont appelé à la Haute Cour de Justice à ne pas faire appel sur la date de libération d’Allaan, dont l’audience est fixée mercredi à midi, alors que les négociations avec les avocats du prisonnier palestinien avancent, selon les médias.
Les avocats du détenu ont rejeté la proposition, appelant à sa libération immédiate en raison de sa santé défaillante.
Fares Qadoura, chef du Club des prisonniers palestiniens, a déclaré au Times of Israel mercredi qu’une forte détérioration de l’état de santé d’Allaan exige sa libération immédiate de prison.
« Il a cessé de communiquer avec son entourage », a déclaré Fares au Times of Israel. « Il fixe simplement. Il semble que sa fonction cérébrale est détériorée. »
Fares a déclaré que le changement progressif dans la position d’Israël sur Allan – offrant lundi de l’expulser pendant quatre ans et aujourd’hui de le libérer en novembre – est important.
Le frère d’Allaan, Amid, a affirmé que Mohammed a demandé aux médecins d’interrompre le traitement médical qui le maintient en vie, après un jeûne de protestation de 64 jours.
Auparavant, l’Etat a offert de libérer Allaan à condition qu’il quitte le pays pendant quatre ans. Les avocats d’Allaan ont demandé qu’il soit libéré avant le 22 septembre, la fête musulmane de l’Aïd al-Adha. Si les nouvelles conditions sont acceptées, il sera libéré le 3 novembre.
Amid a dit à la radio militaire que Mohammed entend poursuivre son jeûne. « Je continuerai – soit je meurs, soit je reviens à la maison, » a affirmé Mohammed, selon Amid.
« Je ne crois pas avoir vu un être humain. Ce n’est pas un être humain, c’est les restes d’un être humain. Il n’entend pas, il ne voit pas », a déclaré Amid.
La mère d’Allaan, quant à elle, a déclaré au quotidien Maariv que les autorités israéliennes l’ont empêchée de voir son fils au centre médical Barzilai d’Ashkelon.
« Maintenant, ils ont laissé son frère Amid visiter Mohammed. Ils ne m’ont pas laissée entrer », a déclaré Maazouze Allaan. « Au nom de quelle loi au monde empêchent-ils une mère de rendre visite à son fils ? Ils ne me laissent pas entrer parce que je le soutiens dans son juste combat. »
Allaan a déclaré que « si on ne trouve pas de solution à son cas dans les 24 heures, il demandera à ce qu’on arrête tout traitement et il arrêtera de boire de l’eau », a rapporté dans un communiqué mardi le Club des prisonniers palestiniens, l’organisation qui le soutient.
D’ici là, Allaan s’est laissé convaincre d’accepter un traitement médical, ont affirmé l’organisation et l’avocat du détenu.
Avec cet ultimatum, la pression augmente encore sur le gouvernement israélien, conscient du risque d’un nouvel accès de violence si Allaan meurt, mais aussi soucieux de ne pas sembler céder à un quelconque chantage.
L’avocat d’Allaan, Me Jamil al-Khatib, qui lui a rendu visite, a décrit auprès de l’AFP un homme déterminé à aller jusqu’au bout. Il a cependant émis l’espoir que les autorités israéliennes réexaminent son cas.
Le sort d’Allaan, encore inconnu il y a quelques semaines, mobilise désormais l’opinion palestinienne. Il représente un casse-tête de plus en plus ardu pour Israël, tant sa mort est susceptible d’aggraver encore les tensions entre Palestiniens et Israéliens. Le Jihad islamique a prévenu qu’il ne serait plus tenu par la trêve actuelle s’il mourait.