Israël rase des maisons palestiniennes dans une zone sous contrôle militaire en Cisjordanie
Le ministère de la Défense dit que des structures dans le sud des hauteurs de Hébron seront détruites après qu’un effort pour atteindre un accord avec les résidents a abouti à une impasse ; des députés pétitionnent pour une suspension de la décision
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Les forces israéliennes ont commencé à détruire des douzaines de bâtiments mardi matin dans deux villages palestiniens au sud de Hébron, après qu’ils ont été déclarés illégaux par l’institution qui surveille les activités israéliennes civiles dans les territoires.
Le coordinateur des activités du gouvernement dans les territoires (COGAT), du ministère de la Défense, a confirmé les démolitions et a déclaré qu’elles intervenaient après un arbitrage sur le destin des bâtiments n’ayant mené à aucun résultat.
« Les bâtiments qui sont démolis dans la zone 918 ont été construits illégalement », a déclaré le COGAT dans un communiqué.
« Pendant les deux dernières années, l’administration civile [du ministère de la Défense] a conduit un processus de dialogue avec la population afin de légaliser les structures. Quand les propriétaires des bâtiments n’ont montré aucune volonté à remettre en ordre la situation et que les constructions illégales n’ont pas cessé, des mesures ont été prises en accord avec la loi. »
La zone 918 comprend 300 km² et a été déclaré zone militaire restreinte dans les années 1970.
En 1999, des ordres d’évacuation ont été délivrés aux habitants des villages de la région, déclenchant une longue bataille judiciaire.
L’ONG B’Tselem, qui a mené campagne pour les résidents palestiniens de la région, a déclaré que l’administration civile avait commencé à détruire les maisons du village de Khirbat Jenba « suite à la fin du processus d’arbitrage entre les résidents et l’Etat ».
Environ 40 bâtiments ont été marqués pour la démolition dans le village et le hameau voisin de Khirbat el-Halawa, a déclaré l’organisation dans un communiqué.
L’organisation de vétérans Breaking the silence, qui dit exposer les méfaits de l’armée israélienne dans les territoires, parle du « plus grand ordre de démolition » en dix ans
Le ministère de la Défense a déclaré que les structures n’avaient pas les permis appropriés.
La Cour suprême israélienne a établi en mai que l’administration civile avait le droit de démolir les maisons palestiniennes dans la zone puisqu’elles avaient été construites sans permission.
Les habitants affirment qu’ils n’ont pas le choix de construire illégalement parce que l’administration civile n’accorde que rarement des permis aux Palestiniens dans la zone C de Cisjordanie, qui est sous contrôle civil et militaire israélien depuis les accords de paix d’Oslo en 1993.
Dans une lettre envoyée au ministre de la Défense Moshe Yaalon mardi matin, le député Dov Khenin, de la Liste arabe unie, a appelé à stopper les démolitions, déclarant qu’elles laisseraient des personnes sans domicile en plein froid hivernal.
« La décision est venue sans avertissement la précédant, dans une action soudaine et extrême qui laissera beaucoup de familles sans toit au-dessus de leurs têtes pendant l’hiver », a écrit Khenin.
Dans une dernière action de la bataille judiciaire, l’avocat Shlomo Lecker, de l’association des droits civiques en Israël, a fait une demande devant la cour suprême le mois dernier afin d’empêcher les démolitions.