Israël rétrogradé dans un rapport d’État américain sur le trafic d’êtres humains
Les États-Unis reprochent à l'État hébreu d'avoir mené moins d'enquêtes et de poursuites dans des affaires de trafic d'êtres humains en 2020 qu'en 2019
Israël a été rétrogradé du niveau 1 au niveau 2 dans un rapport sur le trafic d’êtres humains publié jeudi par le département d’État américain. Selon le rapport, la décision a été prise car Israël n’a pas « satisfait les normes minimales pour l’élimination du trafic mais fait des efforts significatifs pour y parvenir ».
« Le gouvernement [d’Israël] a maintenu des efforts terriblement insuffisants pour prévenir la traite des êtres humains et les politiques gouvernementales à l’égard des travailleurs étrangers ont augmenté leur vulnérabilité au trafic », selon le rapport détaillé du département d’État. « Les migrants et demandeurs d’asile érythréens et soudanais, hommes et femmes, sont très vulnérables au trafic sexuel et au trafic de main-d’œuvre en Israël. »
Israël était classé comme un pays de niveau 1 depuis 2012. Avec Chypre, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Portugal et la Suisse, Israël a été jugé cette année comme n’ayant pas fait de « progrès appréciables » dans la lutte contre la traite des êtres humains et a donc été rétrogradé. L’Allemagne, le Danemark, l’Italie, la Norvège et près de 100 autres pays sont tous considérés comme des pays de niveau 2. Plus de 50 pays figurent sur la « liste de surveillance de niveau 2 » et 17 autres sur la liste de niveau 3.
Le rapport note que « les enfants israéliens, les femmes et les filles bédouines et palestiniennes, les femmes étrangères et les adultes et enfants transgenres sont vulnérables à la traite sexuelle en Israël », ajoutant que de nombreux trafiquants utilisent les réseaux sociaux pour exploiter les jeunes filles. « En 2020, une ONG a signalé qu’il y avait environ 3 000 enfants israéliens victimes de trafic sexuel en Israël. »
Selon le département d’État, qui s’est appuyé en partie sur les ONG locales pour obtenir des données et des informations, les « politiques d’identification des victimes du gouvernement israélien ont parfois retraumatisé les victimes de trafic et retardé l’accès aux soins nécessaires, parfois pendant des années ». L’étude note également qu’en matière de travail forcé, « les Palestiniens et les travailleurs étrangers, principalement originaires d’Asie du Sud et du Sud-Est, d’Europe de l’Est et de l’ancienne Union soviétique » sont considérés comme les populations les plus vulnérables.
Le rapport a également critiqué Israël pour une baisse du nombre d’enquêtes et des poursuites en matière de traite d’êtres humains en 2020 par rapport à 2019. Il note qu’en 2020, la police israélienne a ouvert 11 enquêtes, contre 18 en 2019. Le rapport a également cité seulement neuf poursuites au total en 2020, contre 20 en 2019.
Mais le rapport du Département d’État a félicité Israël pour avoir continué à offrir « un large éventail de services de protection pour les victimes de toutes les formes de trafic », ainsi que pour avoir encouragé les victimes « à aider à l’enquête et à la poursuite de leurs trafiquants » sans exiger leur participation à des affaires judiciaires pour obtenir des visas.
Le département d’État a recommandé à Israël d’adopter une longue liste de mesures, dont l’accélération du processus d’identification et d’orientation des victimes de trafic « vers les soins appropriés sans les traumatiser à nouveau », l’augmentation du nombre de fonctionnaires travaillant à l’identification des victimes de trafic, un meilleur dépistage des victimes parmi les migrants africains et les travailleurs étrangers, et la création d’une commission ou d’une sous-commission de la Knesset chargée de la traite des travailleurs.
L’année dernière, Israël a inculpé l’ancienne athlète de haut niveau Svetlana Gnezdilov pour avoir dirigé un réseau de trafic sexuel qui aurait amené des femmes de l’étranger dans le pays à des fins de prostitution. Selon l’acte d’accusation, Svetlana Gnezdilov a géré ce réseau de trafic pendant cinq ans dans plusieurs appartements de la région métropolitaine de Tel Aviv, sous couvert de services de massage.