Israël travaille à la normalisation des liens avec l’Arabie saoudite, dit Yair Lapid
Le ministre des Affaires étrangères a souligné que le processus, mené avec les USA et les pays du Golfe, serait "long", les intérêts sécuritaires de Jérusalem et Ryad étant en jeu
Israël se coordonne avec les États-Unis et les nations du Golfe dans un processus de normalisation des liens avec l’Arabie saoudite, a annoncé lundi le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid.
« Nous croyons qu’il est possible d’avoir un processus de normalisation avec l’Arabie saoudite. Et c’est dans notre intérêt », a déclaré Lapid au micro de la radio militaire.
« Nous avons d’ores et déjà dit que c’était l’étape d’après dans les Accords d’Abraham et qu’il s’agirait d’un processus long et minutieux », a-t-il ajouté, se référant aux accords de normalisation négociés par les États-Unis et conclus en 2020 entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc respectivement.
« Nous travaillons là-dessus avec les États-Unis et les États du Golfe », a-t-il poursuivi.
L’État juif et l’Arabie saoudite n’entretiennent pas de relations diplomatiques officielles mais les liens discrets entre les deux pays se sont réchauffés, ces dernières années. Le puissant prince héritier saoudien, Mohammad bin Salman, considérerait Israël comme un partenaire stratégique dans la lutte contre l’influence iranienne dans la région.
Lapid a toutefois noté qu’un processus de normalisation avec l’Arabie saoudite serait long et que les progrès se feraient graduellement, soulignant que les deux pays ont des intérêts sécuritaires qui sont en jeu.
« Les choses ne vont pas se faire comme la dernière fois », a signalé Lapid, se référant à la rapidité de l’annonce-surprise de la conclusion des accords de normalisation en 2020. « On ne va pas se réveiller un beau matin en découvrant que ça s’est fait ».
« Peut-être que parmi les trois ministres des Affaires étrangères qui me succèderont, l’un d’entre eux pourra monter à la tribune et fêter cela – et c’est parfait ainsi, c’est ainsi qu’on dirige un pays », a dit Lapid.
Ces propos ont été tenus lors que des dizaines d’entrepreneurs israéliens, spécialisés dans la technologie, et des hommes d’affaires se sont récemment rendus en Arabie saoudite pour des discussions sur les investissements saoudiens dans les firmes et dans les fonds d’investissement israéliens, selon un reportage qui a été publié dimanche dans le quotidien économique Globes.
La semaine dernière, de hauts-responsables américains seraient allés en Arabie saoudite pour des discussions secrètes sur un accord de renforcement des liens entre Washington et Ryad, et qui rapprocherait également le royaume de la normalisation des relations avec l’État juif.
Selon le site d’information Axios, ce déplacement serait entré dans le cadre des initiatives visant à finaliser un accord sur le transfert du contrôle des îles de Tiran et de Sanafir, dans la mer Rouge, des mains de l’Égypte à celles de l’Arabie saoudite.
Ces îles figurent largement dans le traité de paix signé en 1979 par Israël et par l’Égypte, et leur transfert à l’Arabie saoudite nécessite un certain degré de soutien israélien. En résultat, les États-Unis et Israël pousseraient actuellement Ryad à prendre une série de petites initiatives qui permettront, à terme, la normalisation des relations avec Jérusalem.
Parmi les initiatives proposées, a dit le site d’information, la permission donnée à Israël d’utiliser l’espace aérien saoudien pour tous ses vols – cette autorisation ne concerne jusqu’à présent que les vols en direction des pays du Golfe – et la mise en place de liaisons aériennes directes entre l’État juif et l’Arabie saoudite pour les pèlerins musulmans qui se rendent à la Mecque et à Médine.
De plus, un haut-responsable israélien a été récemment accueilli dans un palais de Ryad pour des discussions sur des aspects variés de la sécurité et de coordination, a noté la Douzième chaîne vendredi dans un reportage, sans citer ses sources.
Le quotidien Yedioth Ahronoth a aussi fait état de rencontres entre des personnalités des deux pays, sans donner de détail supplémentaire.
Ces informations surviennent avant la visite attendue du président américain Joe Biden au Moyen-Orient, qui comprendra des arrêts en Israël et en Arabie saoudite.