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Jérôme Guedj traité de « sale sioniste » à un rassemblement pour Aboubakar Cissé

Le député socialiste avait souhaité participé au "rassemblement contre l'islamophobie" à Paris pour ne pas laisser les musulmans face à un "sentiment de solitude" après ce meurtre

Le député français Jérôme Guedj; à l'Hôtel des Invalides à Paris, le 5 janvier 2024. (Crédit : Ludovic MARIN / AFP)
Le député français Jérôme Guedj; à l'Hôtel des Invalides à Paris, le 5 janvier 2024. (Crédit : Ludovic MARIN / AFP)

« J’ai été rejeté par quelques excités qui abandonnent, renoncent au combat anti-raciste unitaire ». Le député socialiste Jérôme Guedj, qui a fait maintes fois les frais d’un rejet par des militants d’extrême-gauche, notamment qu’il a dénoncé l’antisémitisme de Jean-Luc Mélenchon et de certains membres de son parti La France insoumise (LFI), a une nouvelle fois été hué lors d’un rassemblement contre l’islamophobie, dimanche soir à Paris.

Le rassemblement, auquel avaient notamment appelé des associations telles que SOS Racisme et le parti LFI, a eu lieu en réponse au meurtre d’un jeune musulman dans une mosquée deux jours plus tôt, dans le département du Gard.

Vendredi, Aboubakar Cissé, un Malien âgé d’une vingtaine d’années, a été assassiné à coups de couteau pendant la prière à la mosquée de La Grand-Combe. Après trois jours de cavale, l’auteur des coups s’est rendu dans un commissariat italien dimanche soir. Selon le parquet d’Ales, « la piste de l’acte anti-musulman et islamophobe est la piste privilégiée ».

Sur les réseaux sociaux, des vidéos ont rapidement été relayées montrant Jérôme Guedj se faire interpeller par des dizaines de manifestants aux cris de : « Fils de pute », « PS… parti sioniste », « Dégage ».

D’autres manifestants ont tenté d’établir un dialogue avec le député, sans l’insulter.

« Je suis un universaliste républicain, donc quand un musulman est assassiné, quand un catholique est assassiné, quand un Juif est assassiné, je pense que c’est la République qui est fragilisée », a déclaré le socialiste au micro de France Info lundi matin, ajoutant que dans ces moments-là, « on ne doit surtout pas laisser les uns et les autres à leur sentiment de solitude ».

Une voiture de la gendarmerie française patrouille devant la mosquée Khadija à La Grand-Combe, dans le sud de la France, le 27 avril 2025, après le meurtre d’Aboubakar, un fidèle tué de plusieurs dizaines de coups de couteau à l’intérieur de la mosquée le 25 avril. Quarante-huit heures après le meurtre d’Aboubakar, un fidèle musulman tué de plusieurs dizaines de coups de couteau le 25 avril 2025 dans la mosquée de la petite commune de La Grand-Combe, dans le sud de la France, son assassin, un homme d’une vingtaine d’années « potentiellement extrêmement dangereux », était toujours en fuite le 27 avril 2025. (Crédit : Miguel MEDINA / AFP)

« J’étais triste pour deux choses. La première, c’est qu’il n’y avait pas beaucoup de monde et ça m’a désolé. Et j’ai pensé aux musulmans qui pouvaient se dire : ‘On n’est pas à nos côtés’. Et donc moi, comme parlementaire de la nation, ma place était là-bas . »

Au moment de rejoindre le rassemblement, le député a été hué et rejeté par des militants qui auraient crié en sa direction : « Dehors le sioniste ».

« C’est dingue », a estimé Guedj. « Vous venez exprimer la solidarité et, sur d’autres sujets dont on peut considérer qu’ils n’ont pas de lien direct, on vient vous chercher des poux. Et d’une certaine manière, on vient vous essentialiser. »

Interrogé par Le Figaro, Jérôme Guedj est revenu sur les insultes récurrentes dont il est la cible, symptôme selon lui des fractures qui traversent la gauche : « Cela fait trois manifs où on me traite de sioniste. Le 1er mai (fête du travail) ce sera sans doute pareil… Ce qui me décourage, c’est que la nature que ça prend décourage sûrement beaucoup de gens de venir.»

Le président du Parti socialiste, Olivier Faure, a apporté son soutien à son collègue en déclarant sur X : « On ne chasse pas la haine en en suscitant d’autres. »

De son côté, Mario Stasi, président de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), a appelé, toujours sur France Info, les responsables politiques à « dépasser l’émotion » pour faire de la lutte contre le racisme une « grande cause nationale ».

« Je souhaiterais vraiment que la lutte contre le racisme et l’antisémitisme devienne une grande cause nationale, avec un plan d’action, avec un agenda, avec des financements, avec une prise de conscience collective de l’urgence », a-t-il déclaré.

« La responsabilité d’un homme politique, c’est de préparer un plan d’action efficace contre ce racisme qui gangrène notre société. Où sont les propositions ? Nous vivons dans une société de violence car nous ne nous attaquons pas assez à l’ignorance. Il y a un vrai travail de fond à mener », a-t-il ajouté.

Depuis l’annonce de l’assassinat d’Aboubakar Cissé, les autorités françaises sont pointées du doigt, notamment par les milieux de gauche, pour ce qu’ils considèrent comme du « deux poids deux mesures » dans sa réponse à ce nouveau meurtre à caractère raciste.

En cause : le fait que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau ne se soit pas immédiatement rendu sur place, comme il avait pu le faire après l’attentat commis à Mulhouse, en février dernier, par un ressortissant algérien.

Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau s’adresse à la presse lors d’une visite au lycée Notre-Dame de Toutes-Aides après une attaque au couteau qui a fait un mort et trois blessés, à Nantes, dans l’ouest de la France, le 24 avril 2025. Un élève armé d’un couteau a attaqué quatre de ses camarades avant d’être maîtrisé par le personnel enseignant, selon des informations obtenues par l’AFP auprès d’une source proche du dossier. (Crédit : Loic VENANCE / AFP)

« Il n’y a aucun deux poids deux mesures » dans la réaction du gouvernement au meurtre du jeune Malien vendredi, a assuré lundi la porte-parole de l’exécutif Sophie Primas.

« C’est l’égalité pour tout le monde dans la considération que nous avons de la sécurité des Français, quelle que soit leur religion et d’ailleurs s’ils n’ont pas de religion, c’est pas deux poids, deux mesures, c’est tout le monde au même niveau d’égalité », a expliqué la porte-parole lors du compte-rendu du Conseil des ministres.

« Bruno Retailleau est très déterminé à lutter contre toutes les formes de ségrégations, de stigmatisation et de violence contre quelque communauté que ce soit, y compris bien entendu sur nos compatriotes musulmans », a-t-elle ajouté, estimant que « penser que Bruno Retailleau néglige » ce meurtre « est vraiment indigne ».

Le ministre de l’Intérieur a d’ailleurs retourné les accusations de « deux poids deux mesures » en direction de La France insoumise, accusant le parti de ne pas avoir organiser de tel rassemblement « après Mulhouse [l’attentat de février 2025] et d’autres attentats terroristes islamistes ».

Autre point de discorde : la gauche reproche au président Emmanuel Macron de n’avoir pas utiliser le mot « islamophobie » pour dénoncer le meurtre d’Aboubakar Cissé, mais de lui avoir préféré les termes de « racisme » et de « haine en raison de la religion ».

Interrogée à ce sujet, Sophie Primas a jugé que la gravité de l’événement « ne mérite pas que nous nous écharpions les uns et les autres sur du vocabulaire ».

« L’acte antimusulman qui a été proféré dans le Gard ce week-end mérite toute la dignité et toute la mobilisation de l’État », a-t-elle complété, refusant de « faire de la polémique sur les mots ».

Très largement utilisé par La France insoumise (LFI), le mot « islamophobie » est considéré avec prudence ou réticence par une partie de la classe politique, au prétexte qu’il empêcherait l’évocation critique d’une religion. Beaucoup de responsables politiques, y compris à gauche, préfèrent parler de racisme antimusulman ou d’actes antimusulmans.

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