Jérusalem : Helen Mirren dit que Golda Meïr est « l’un de ses plus grands rôles »
L'actrice britannique, qui se souvient de son passage dans un kibboutz en 1967, s'est dit "émue et excitée" de voir les rassemblements de masse en faveur de la démocratie en Israël
L’actrice britannique Helen Mirren a déclaré jeudi à Jérusalem que la Première ministre israélienne Golda Meïr était « l’un des personnages les plus extraordinaires que j’aie jamais joués ».
Mirren, qui est en ville pour la première de « Golda » au 40e Festival du film de Jérusalem jeudi soir, a déclaré aux journalistes lors d’une conférence de presse à l’hôtel Inbal que la regrettée Première ministre était une figure admirable.
« Golda est l’un des personnages les plus extraordinaires que j’ai jamais joués », a déclaré Mirren. « Son histoire, son engagement envers son pays, son caractère en général… Elle était totalement dévouée à son pays. Son engagement envers son pays prévalait sur tout – sur la famille, sur le contentement personnel, sur l’ambition personnelle. »
Mirren incarne la politicienne – la seule femme Première ministre d’Israël – aux côtés de Liev Schreiber dans le rôle du secrétaire d’État américain Henry Kissinger, Lior Ashkenazi dans le rôle du chef d’état-major de Tsahal David Elazar et Ohad Knoller dans le rôle du major général de Tsahal Ariel Sharon. Le film, réalisé par l’Israélien oscarisé Guy Nattiv, se concentre sur les actions de Meïr pendant la Guerre de Yom Kippour en 1973 et les conséquences de ce conflit dévastateur.
Mirren a déclaré qu’elle était très enthousiaste à propos du rôle, car « tout ce que je veux faire, c’est jouer de grandes femmes – et Golda était l’une des plus grandes ».
« La position de Meïr en tant que femme dans les domaines très masculins de la politique et de la sécurité israéliennes en 1973 était fascinante », a déclaré Mirren.
« Elle avait un pouvoir immense, mais comme vous le savez, on disait ‘le cabinet de cuisine de Golda’, et elle était parfaitement heureuse de se promener dans la cuisine en faisant du café à tout le monde et en jouant le rôle d’une grand-mère », a-t-elle déclaré. « C’est une attitude très différente vis-à-vis du pouvoir… mais c’est toujours un immense pouvoir. »
Alors que Meïr a laissé un héritage résolument complexe et contesté à la suite de la Guerre de Yom Kippour, Mirren a défendu la femme, la politicienne et la dirigeante.
« Je pense qu’elle avait une profonde noblesse dans son personnage. En tant que dirigeante du pays, elle devait assumer ses responsabilités – et elle l’a fait, contrairement à de nombreux autres dirigeants », a déclaré Mirren.
« Elle a porté le poids sur ses épaules. Et je pense que cela a dû être incroyablement douloureux. »
Au Festival du film de Berlin plus tôt cette année, Mirren a estimé que Meïr « aurait été complètement horrifiée » par la décision du gouvernement israélien de réformer le système judiciaire, mais à Jérusalem, elle a esquivé les questions sur le climat politique actuel.
« Je ne veux pas en parler parce que je ne suis pas israélienne et que je n’ai pas vécu en Israël », a-t-elle déclaré. « Il est évident que je suis de loin [ce qui s’y passe] ces dernières semaines. Je suis personnellement très émue quand je vois ces énormes manifestations. Je pense que c’est probablement un moment charnière dans l’Histoire d’Israël. »
Mirren a retourné la question vers Nattiv, qui a noté qu’il participait lui-même aux manifestations anti-gouvernement en cours « afin de mettre fin à cette situation folle à laquelle nous sommes confrontés en ce moment ».
« Nous nous battons pour façonner l’avenir de notre pays. »
L’actrice, aujourd’hui âgée de 77 ans, a raconté comment elle est arrivée pour la première fois en Israël en 1967, peu après la Guerre des Six Jours, avec son petit ami juif. Elle avait séjourné quelque temps dans un kibboutz.
« J’ai vu Israël comme c’était avant, et maintenant je m’étonne – à chacune de mes visites – de la façon dont Israël a changé », a-t-elle déclaré.
Lors de la conférence de presse, Mirren a de nouveau été interrogée sur la controverse qui a émergé lorsqu’elle a été choisie pour jouer Meïr, bien qu’elle n’ait aucune origine juive – ni israélienne.
« J’adhère aux deux camps – je crois que n’importe qui peut jouer n’importe quoi, et je crois aussi que parfois la vraie bonne personne pour un rôle est la personne qui peut comprendre, profondément comprendre, les problématiques en jeu », a déclaré Mirren. « Je suis incroyablement reconnaissante d’avoir eu l’opportunité d’incarner [le rôle de] Golda. »
Nattiv a noté que les petits-enfants de Meïr, dont plusieurs étaient présents à la conférence de presse, avaient donné leur bénédiction au casting.
« Gidi Meïr a été le premier à dire ‘Je vois ma grand-mère en Helen Mirren' », s’est souvenu Nattiv.
« J’ai immédiatement vu une âme juive, et c’était une évidence pour moi. C’était, selon nous, la bonne décision à prendre », a raconté le réalisateur au sujet de sa première rencontre avec Mirren.