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Carter : le Hamas veut la paix, Israël non

Selon l'ex président américain, Khaled Mashaal est un fervent partisan du processus de paix, mais rencontrer Netanyahu serait "une perte de temps"

Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne (à doite) avec l'ancien président américain Jimmy Carter, à Ramallah, le 2 mai 2015. (Crédit : AFP/Pool/Abbas Momani)
Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne (à doite) avec l'ancien président américain Jimmy Carter, à Ramallah, le 2 mai 2015. (Crédit : AFP/Pool/Abbas Momani)

L’ancien président américain Jimmy Carter a qualifié samedi le chef du Hamas Khaled Mashaal de fervent partisan du processus de paix, et affirmé qu’il ne rencontre avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu parce que ce serait « une perte de temps ».

Il a déclaré aux journalistes qu’il n’a pas demandé à rencontrer Netanyahu ou son gouvernement, parce que ce serait une « perte de temps. »

Il a affirmé dans une interview diffusée samedi sur la Deuxième chaîne qu’il a demandé à rencontrer Rivlin, mais le bureau du président aurait refusé.

Carter a appelé samedi les Palestiniens à organiser des élections pour mettre fin à la division de fait entre la Cisjordanie, où siège l’Autorité du président Mahmoud Abbas, et la bande de Gaza, tenue par le Hamas islamiste.

Les responsables israéliens ont déclaré la semaine dernière que Netanyahu et Rivlin avaient refusé des invitations à rencontrer Carter, qualifié par une source diplomatique israélienne de « désastre pour Israël, » et ayant des « positions anti-israéliennes ».

Carter, qui a annulé une visite prévue à Gaza lors de ce voyage, a déclaré samedi qu’il a « déploré » les actes criminels commis par des membres du Hamas, mais a dit qu’il était à la recherche pour soutenir les membres modérés du groupe, qui n’est pas une organisation terroriste, selon lui.

« Je ne crois pas qu’il soit un terroriste. Il est fortement en faveur du processus de paix », a déclaré Carter parlant du chef de bureau politique du Hamas Khaled Mashaal.

Il a affirmé que Mashaal a exprimé son intérêt pour que les Saoudiens accueillent une « réunion de paix » et que le chef du Hamas basé à Doha reconnaîtrait le droit d’Israël à exister, selon l’Initiative de paix arabe de 2002.

Netanyahu, d’autre part, n’est pas « en faveur d’une solution à deux Etats », a déclaré l’ancien président, qui a orchestré les accords de paix entre Israël et l’Egypte en 1979.

« Je ne vois pas cet engagement profond de la part de Netanyahu à faire des concessions que [l’ancien Premier ministre] Menachem Begin a fait pour aboutir à la paix avec ses ennemis potentiels », a déclaré Carter à la Deuxième chaîne.

Le Hamas est désigné par Israël, les Etats-Unis et d’autres pays comme un groupe terroriste. Il est officiellement engagé à la destruction d’Israël.

A l’issue d’une visite dans les Territoires palestiniens et en Israël, Carter et Gro Harlem Brundtland, ex-Premier ministre norvégienne, ont en outre dénoncé la politique de Benjamin Netanyahu, le Premier ministre sortant qui pourrait dévoiler dans les jours à venir la composition du futur gouvernement israélien, que les commentateurs annoncent encore plus à droite que le précédent.

« Le Premier ministre Netanyahu a été clair durant sa campagne : il ne veut pas d’une solution à deux Etats » israélien et palestinien, une solution pourtant prônée « par l’ONU et toutes les nations », a accusé Carter lors d’une conférence de presse à Jérusalem-Est.

Gro Harlem Brundtland et Carter ont rencontré Abbas à Ramallah, en Cisjordanie, ainsi que des acteurs de la société civile israélienne, mais aucun dirigeant de l’Etat juif.

Lors des précédentes visites, le président, Shimon Peres à l’époque, avait rencontré les délégations des « Elders » (anciens) –des personnalités oeuvrant au règlement des conflits comme Kofi Annan ou Desmond Tutu.

Cette fois, « le président Reuven Rivlin a décidé de ne pas nous recevoir pour des considérations politiques », a affirmé Carter. Les dirigeants israéliens « ne veulent pas entendre des avis qu’ils ne partagent pas », a renchéri Harlem Brundtland.

Depuis Ramallah, Carter a dit espérer « voir bientôt des élections dans les Territoires palestiniens, à Jérusalem-Est, à Gaza et en Cisjordanie », alors qu’aucun scrutin n’a été organisé dans les Territoires occupés depuis près d’une décennie.

Le mandat d’Abbas a expiré en 2009 mais se poursuit faute d’élections tandis que le parlement ne s’est pas réuni depuis 2007.

En 2006, un an après l’élection d’Abbas, le Hamas a remporté les législatives. Fatah et Hamas se sont ensuite livrés une quasi-guerre civile qui a mené à la division.

Aujourd’hui, un an après un accord de réconciliation entre les deux rivaux, le Hamas rechigne à remettre le pouvoir à Gaza au gouvernement d’indépendants qu’ils ont formé ensemble. 

Les deux membres des « Elders », qui avaient prévu de se rendre à Gaza mais ont annulé la visite « pour des raisons de sécurité » sur lesquelles Carter a refusé de s’étendre ont plaidé pour « une mise en oeuvre concrète de cet accord ».

Harlem Brundtland a toutefois assuré qu’ils avaient « pu discuter avec des gens qui connaissent les problèmes dans la bande de Gaza », notamment la question de la reconstruction de l’enclave palestinienne qui n’a toujours pas été entamée huit mois après la fin de la guerre de l’été avec Israël, la troisième en six ans.

« Sans un changement complet de paradigme (…) un nouveau conflit est inévitable », a-t-elle encore estimé.

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