JO-2024 : la France « peut être fière » de Pierre de Coubertin, estime le patron du CIO
"Les Jeux olympiques et le modèle sportif qu'il a créés ont passé l'épreuve du temps", a estimé Thomas Bach, en dépit des critiques concernant les prises de position de Coubertin sur les femmes et le colonialisme
Le président du CIO, Thomas Bach, a exhorté dimanche la France à être « fière » de Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux olympiques modernes, en dépit des critiques concernant ses prises de position il y a cent ans sur les femmes et le colonialisme.
« Les Jeux olympiques et le modèle sportif qu’il a créés ont passé l’épreuve du temps », a estimé M. Bach lors d’une conférence à l’université de la Sorbonne à Paris, à l’occasion du 130e anniversaire de la création du CIO, préalable à la renaissance des JO.
« C’est pourquoi la France peut être fière de Coubertin et de son héritage », a-t-il ajouté, devant une assemblée où ne figuraient ni la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, ni la maire de Paris Anne Hidalgo.
Le baron a été relégué au second plan, tout au long de la préparation des Jeux olympiques de Paris 2024, qui débuteront le mois prochain (26 juillet-11 août). Son cas divise : quand les uns déplorent ses propos sexistes, misogynes, procolonialistes, en un mot réactionnaires, d’autres louent son dévouement à l’utilisation du sport pour promouvoir la paix et voient en lui un visionnaire et un humaniste.
A propos des femmes, qu’il ne voulait pas voir dans les stades, Coubertin écrivit en 1922 cette tirade : « Une petite olympiade femelle à côté de la grande olympiade mâle. Où serait l’intérêt ? (…) Inintéressante, inesthétique, et nous ne craignons pas d’ajouter : incorrecte, telle serait à notre avis cette demi-olympiade féminine ». Sur un autre terrain, on exhume aujourd’hui ses propos favorables à la colonisation et une phrase sur les « races inférieures ».
« Nous ne l’oublierons pas »
Pour Thomas Bach, il s’agit de juger Pierre de Coubertin à l’aune des valeurs du début du XXe siècle.
« Chaque être humain a le droit d’être jugé uniquement dans le contexte de son époque. J’aimerais que notre fondateur visionnaire soit jugé de la même manière », a-t-il dit, en rappelant que l’aristocrate « militant de la paix » avait défié la vague montante de nationalisme en Europe.
Tony Estanguet, patron du comité organisateur des Jeux (Cojo) a lui salué « l’audace et le courage » de Coubertin dans son discours. « En France, plus qu’ailleurs, nous savons ce que nous devons à Pierre de Coubertin. Nous en sommes fiers et nous ne l’oublierons pas », a-t-il promis.
L’admiration sans retenue du baron pour l’organisation grandiose des Jeux de Berlin en 1936 par le régime nazi lui est aussi reprochée, même s’il n’y assista pas en personne.
« A une époque marquée par le nationalisme et les tensions, il était convaincu que le sport pouvait rassembler les gens », l’a défendu dimanche Alexandra de Navacelle de Coubertin, présidente de l’association familiale éponyme.
Quant aux législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet, qui plongent la France dans l’incertitude, au cours desquelles le Rassemblement national, parti d’extrême droite, espère obtenir la majorité, Thomas Bach s’est bien gardé de faire tout commentaire.
« Je ne suis pas un citoyen français. Je n’ai pas le droit de vote », a-t-il argué.