JO : La délégation palestinienne à Paris pour « la cause », pas « pour les médailles »
Parmi les huit athlètes palestiniens concourant aux JO, seuls quelques-uns ont été qualifiés ; les autres ont bénéficié d'une invitation du CIO
Ils ont été accueillis jeudi matin à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle par quelques « Free, Free, Palestine ». Au-delà des compétitions, la délégation palestinienne aux Jeux olympiques de Paris veut profiter de l’événement pour dénoncer ce qu’elle appelle « le traitement inhumain » des Palestiniens.
Dattes à la main, une centaine de soutiens de la cause palestinienne étaient présents au Terminal 2C dès 6h00 pour accueillir la petite délégation en provenance de Ramallah à Paris, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Enveloppés de keffieh – le foulard arabe censé protéger du soleil et du sable qui est devenu un symbole du nationalisme palestinien – et drapeaux de la Palestine, ils ont abondamment scandé « Free Free Palestine » et « De Paris à Gaza, résistance, résistance ».
« Je suis là pour souhaiter la bienvenue aux athlètes palestiniens », a témoigné Awatef, venue de Pantin (Seine-Saint-Denis/nord de la France), en soutien à un « peuple opprimé depuis bien trop longtemps ». « Même si les gouvernements les abandonnent, nous, les gens, les humains, on est là pour eux », a-t-elle assuré.
Parmi les huit athlètes palestiniens concourant aux JO, seuls quelques-uns ont été qualifiés. Les autres ont bénéficié d’une invitation du Comité international olympique (CIO). Et pour la délégation, la course aux médailles n’est pas l’objectif premier.
« Aujourd’hui la Palestine envoie un message au monde : le besoin de mettre fin au génocide contre notre peuple dans la bande de Gaza, cesser l’occupation [la présence israélienne] et le régime d’apartheid dans les Territoires palestiniens occupés, stopper le terrorisme des colons [résidents d’implantations] en Cisjordanie et remettre en question le statu quo à Jérusalem », a déclaré la représentante de l’Autorité palestinienne (AP) en France, Hala Abou Hassira.
D’après le dernier bilan du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza mercredi, 39 145 personnes seraient mortes, principalement des civils, dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre avec Israël, désormais dans son dixième mois. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
La guerre a éclaté lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tué près de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
« Pas pour les médailles »
Les Jeux olympiques de Paris se dérouleront dans un contexte sécuritaire fort.
« Le Comité olympique israélien a perdu les droits moraux, sportifs, humanitaires et légaux de participer en encourageant et pour certains en participant à la guerre, au génocide et au nettoyage ethnique en cours à Gaza », a accusé le président du Comité olympique palestinien, Jibril Rajoub.
« D’un point de vue psychologique, humanitaire et moral, c’est impossible » que des athlètes palestiniens se retrouvent face à des Israéliens lors d’épreuves. « Nous sommes les victimes et ils sont les criminels », a asséné ce membre historique du Fatah, le parti du président de l’AP Mahmoud Abbas.
D’après le Comité olympique palestinien, 300 athlètes, employés et bénévoles du monde sportif seraient morts dans la bande de Gaza.
Les restrictions de voyage rendent difficiles aux athlètes l’accès aux évènements sportifs internationaux ou la possibilité de s’entraîner à l’étranger.
Pour les athlètes palestiniens présents à Paris, le symbole est d’autant plus fort.
« Ce n’est pas pour les médailles mais pour atteindre le maximum de monde au sujet de la cause palestinienne. Je m’en fiche de l’argent. Si une médaille me permet d’attirer plus d’attention, c’est ce qui m’intéresse », a déclaré à l’AFP Yazan Al Bawwab, nageur du 100 m dos, vêtu d’un bob Paris 2024 noir et du gilet blanc de la délégation strié de noir avec les motifs à carreaux du keffieh en filigrane.
« J’ai l’opportunité d’être entendu en tant que Palestinien alors que des milliers et des milliers sont traités de manière inhumaine et comme des numéros », a ajouté celui qui était présent à Tokyo 2020. « Il n’y a pas de pression sur nous. La pression est sur les Palestiniens en Palestine. »
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