Johnson reconnaît que le Royaume-Uni a en partie rédigé la résolution 2334
Le chef de la diplomatie britannique a déclaré au Parlement que Londres avait soutenu le texte car il condamne le terrorisme mais Netanyahu continue d'accuser Obama

Le secrétaire d’Etat britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a déclaré mardi au Parlement britannique que le Royaume-Uni avait joué un rôle clé dans la promotion d’une résolution anti-implantations adoptée le mois dernier par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Le Secrétaire des Affaires étrangères britannique a également affirmé son soutien à son homologue américain John Kerry qui, lors d’un discours majeur sur le Moyen Orient, a vivement critiqué les implantations juives de Cisjordanie, affirmant qu’elles formaient un obstacle majeur à la paix.
« Je rappelle à la Chambre que le Royaume-Uni a été étroitement impliqué dans sa rédaction, même si évidemment la résolution a été initiée par l’Egypte », a déclaré Johnson mardi, selon la transcription des débats. « Nous la soutenons non seulement parce qu’elle contient de nouveaux éléments soulignant l’infamie du terrorisme dont souffre Israël chaque jour, – pas plus tard que dimanche dernier, où un attentat s’est produit à Jérusalem. »
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait affirmé que l’administration Obama avait encouragé la soumission de la résolution au vote de l’institution internationale, et a réitéré cette accusation mardi.
La résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies a été adoptée le 23 décembre par 14 voix contre 0. Le Royaume-Uni a voté en faveur de la mesure. Les Etats-Unis se sont abstenus et n’ont pas utilisé leur veto pour bloquer la résolution.
Le texte affirme que les implantations sont contraires au droit international et n’ont aucun fondement juridique. Il demande la fin des constructions à Jérusalem Est et dans les implantations de Cisjordanie. La résolution dénonce aussi le terrorisme et les incitations à la violence.
L’Egypte l’avait à l’origine présentée avant de la retirer, après des pressions israéliennes et une intervention de la part du président élu. Elle avait ensuite été soumise cette fois par la Nouvelle-Zélande, le Sénégal, la Malaisie et le Venezuela.

Israël avait répliqué avec fureur après le vote des Nations unies. Netanyahu avait été à l’origine de cette réponse, principalement dirigée contre l’administration Obama qui, selon lui, était de connivence avec les Palestiniens, et avait participé à la rédaction de la résolution.
Netanyahu, qui est aussi ministre des Affaires étrangères, avait ordonné à son ministère de convoquer 12 ambassadeurs le jour de Noël pour une réprimande à Jérusalem, et de limiter les activités avec les ambassades de ces états en Israël.
Malgré l’aveu de Johnson et plusieurs démentis de Washington, qui répète n’avoir joué aucun rôle dans la rédaction de la résolution, Netanyahu continue d’affirmer que les Etats-Unis portaient une responsabilité à l’égard du texte. Il a déclaré mardi lors d’une réunion avec des responsables de l’AIPAC qu’Israël possédait des preuves « sans équivoque » de l’implication des Etats Unis.
« Nous possédons des preuves sans équivoque sur le fait que la résolution adoptée contre Israël par le Conseil de Sécurité a été dirigée par l’administration [Obama], a déclaré Netanyahu. Il n’y a aucun doute possible à ce sujet. »
Citant des diplomates israéliens et occidentaux, le quotidien Haaretz a annoncé mardi que des responsables britanniques avaient travaillé avec les Palestiniens pour formuler la résolution avant que les Égyptiens ne reprennent le document. Israël n’était pas, à ce moment-là, informé de l’implication britannique.
Même après le retrait des Egyptiens, c’est le Royaume-Uni qui a demandé à la Nouvelle-Zélande de porter la résolution devant le Conseil, selon le quotidien.
Quelques jours après le vote, des responsables britanniques avaient déjà déclaré que la résolution était la leur, pas celle de la Maison Blanche. Le Jewish Chronicle de Londres avait cité une source politique britannique anonyme qui déclarait qu’au moment où le texte avait été présenté au Conseil de sécurité, c’était « en effet une résolution britannique ».
Le Guardian avait lui aussi annoncé que la Grande-Bretagne « avait joué un rôle en coulisses » pour assurer le vote de la résolution.
Une autre source britannique avait déclaré au Chronicle que le vote favorable de la résolution s’inscrivait dans la nouvelle stratégie de la Première ministre britannique Theresa May vis-à-vis d’Israël. Selon elle, les amis de l’Etat juif doivent se positionner avec force contre les implantations pour obtenir les faveurs des Palestiniens.
Les Etats-Unis ont catégoriquement démenti les accusations israéliennes, Kerry soulignant que les Etats-Unis « n’ont pas rédigé et ne sont pas à l’origine » de la résolution, présentée par l’Egypte puis par quatre autre pays après le retrait du Caire.

Citant le discours du secrétaire d’Etat américain, prononcé au département d’Etat, à Washington, D.C., moins d’une semaine après le vote, Johnson a affirmé que « Kerry a eu totalement raison d’attirer l’attention sur les colonies illégales, et il a eu totalement raison d’attirer l’attention sur le fond de la résolution 2334. »
Dans son discours du 28 décembre, Kerry a défendu la décision des Etats-Unis de ne pas apposer leur veto à la résolution 2334 et s’est largement concentré sur les implantations, principale raison de l’échec de la résolution du conflit israélo-palestinien.
Kerry a prévenu que la politique israélienne était influencée par des extrémistes. Il a critiqué la composition du gouvernement israélien, en affirmant que l’avenir de la solution à deux états était en danger à cause de la politique israélienne.
Le lendemain, un porte-parole de May, qui a exprimé un important soutien à Israël dans plusieurs discours et messages récents, a fustigé le discours de Kerry, accusant son approche d’être insensée et injuste envers Israël.
Le département d’Etat américain avait répliqué avec ses propres termes, démentant que Kerry s’était montré injuste envers Israël, et accusant implicitement le Royaume-Uni d’hypocrisie après son ‘oui’ en faveur de la résolution, puis les critiques qui s’en sont suivies vis-à-vis du discours de Kerry.
« Nous sommes surpris par la déclaration du bureau de la Première ministre britannique, étant donné que les propos du Secrétaire Kerry, qui ont couvert toutes les menaces à une solution à deux états, notamment le terrorisme, la violence, les incitations à la violence et les colonies, défendent la même vision que la politique du Royaume-Uni, et son vote aux Nations unies de la semaine dernière », avait alors déclaré le département d’Etat dans un communiqué.