Jordanie : le Parlement autorise le mariage de mineures par dérogation
Ces mariages doivent recevoir l'autorisation du juge et obéir à une série de conditions, dont le consentement de la jeune fille.ou par "impératif dicté par l'intérêt" de la famille
Le Parlement jordanien a adopté lundi des amendements au code du statut personnel qui autorisent, « avec l’accord d’un juge », le mariage des mineures âgées de 16 à 18 ans.
L’âge du mariage est de 18 ans en Jordanie, mais les deux chambres du Parlement réunies lundi ont adopté des amendements autorisant « exceptionnellement » le mariage de filles âgés de 16 ans et plus, au lieu de 15 à 18 ans auparavant.
Ces mariages exceptionnels doivent au préalable recevoir l’autorisation du juge et obéir à une série de conditions, dont le consentement de la jeune fille. Ces dérogations sont aussi valables lorsque le mariage est un « impératif dicté par l’intérêt » de la famille.
Les associations féministes en Jordanie font depuis des années campagne contre le mariage des mineures et, la semaine dernière, Human Rights Watch (HRW) avait exhorté le Parlement jordanien à proscrire le mariage des mineures dans le royaume.
« La Jordanie doit saisir l’occasion d’interdire le mariage des mineurs et s’en tenir à l’âge légal de 18 ans sans dérogations », avait dit l’ONG des droits humains dans un communiqué.
Selon des statistiques du ministère de la Justice, 77 700 mariages ont été conclus en 2017 parmi lesquels quelque 10 434 cas de mariage, soit 13,4 %, impliquant une mineure.
« Le mariage d’enfants vole aux filles leur enfance et expose leur santé et leur éducation à des risques », avait averti Michael Page, directeur-adjoint de HRW pour le Moyen-Orient.
Plusieurs pays arabes sont confrontés à ce phénomène et tirent épisodiquement la sonnette d’alarme. Au Maroc, le ministre de la Justice Mohamed Aujjar a affirmé le 22 mars que le nombre de mariages de mineures augmentait « de façon alarmante » dans son pays, avec plus de
25 000 dérogations légales au code de la famille accordées en 2018.
Des chiffres qui « font peur », a estimé ce ministre, reconnaissant qu’il fallait « abolir les exceptions ».