Journée de deuil dans le plus grand lycée d’Afula : entre obscurité et espoir
Conformément au calendrier hébraïque, les écoles d'Israël ont organisé des événements pour le premier anniversaire du pogrom du Hamas en Israël qui a déclenché la guerre actuelle
La première commémoration officielle du pogrom du Hamas sur le sud d’Israël a commencé à 10h15, dimanche, au lycée Ort Ben Gurion d’Afula, dans le nord du pays.
Elèves, enseignants et autres participants, pour l’essentiel vêtus de blanc, se sont retrouvés dehors, par 31 ° C, pour un événement d’environ une heure, triste rentrée scolaire après les vacances qui ont accompagné les grandes fêtes juives.
« Les vacances sont terminées et une nouvelle année est devant nous », a déclaré la directrice pédagogique Ayelet Yishai au début de l’événement, mais il nous reste la « vision douloureuse de l’année écoulée, absolument terrible ».
La cérémonie matinale a constitué « une pause au milieu des activités quotidiennes… À l’avenir, par-delà le deuil, par-delà la douleur, nous nous allons reconstruire », a-t-elle poursuivi.
La cérémonie, a-t-elle expliqué, consisterait en l’allumage de sept bougies, une par thème éducatif lié au massacre des 1 206 personnes et à l’enlèvement de 251 personnes à Gaza le 7 octobre 2023, qui ont déclenché la guerre et ouvert sept fronts – la mémoire, la douleur, le courage, la cohésion sociale, la guérison, la paix et l’espoir.
La première bougie a été allumée, en mémoire aux morts, alors que le drapeau israélien était mis en berne.
Les établissements scolaires ont organisé leur propre cérémonie commémorative en suivant les directives publiées par le ministère de l’Éducation début octobre. Nombre d’entre elles avaient organisé un événement le 7 octobre, un an jour pour jour après le pogrom, suivant le calendrier laïc.
Ces directives proposaient du matériel pédagogique et des suggestions sur la manière d’aborder ce sujet difficile selon le niveau scolaire, avec pour instruction de « se concentrer sur l’héroïsme et le courage des centaines de citoyens et de membres des forces de l’ordre » qui ont perdu la vie le 7 octobre, a indiqué le ministère.
La plupart des écoles ont pris pour exemple, pour commémorer le 7 octobre, sur les cérémonies organisées au printemps pour Yom HaZikaron ou encore Yom HaShoah et ont demandé aux élèves et aux enseignants de porter des tenues blanches.
La date officielle de commémoration du 7 octobre – le 24e jour du mois de Tichri suivant le calendrier juif – a été décidée en mars par le gouvernement.
Le 24 Tichri, qui est traditionnellement le jour de rentrée scolaire après les vacances de Souccot, tombait un samedi cette année, de sorte que le gouvernement et l’Education nationale ont choisi de commémorer officiellement les événements du 7 octobre un jour plus tard, soit le dimanche – 25 Tichri ou encore 27 octobre.
Une cérémonie pour tous
Le lycée Ort Ben Gurion compte près de 1 100 élèves, du CM2 à la Terminale : la plupart étaient là ce dimanche, a précisé la direction de l’école au Times of Israel. Il s’agit du plus important établissement scolaire d’Afula, ville ouvrière de près de 65 000 habitants située dans la vallée de Jezréel, dans le nord d’Israël.
Plusieurs anciens de l’école sont morts au combat, mais la cérémonie de dimanche était plutôt consacrée à la dizaine d’habitants ou d’anciens habitants d’Afula tués pendant la guerre, notamment lors du massacre du festival Nova, le 7 octobre, a expliqué au Times of Israel la directrice de l’école, Iris Krel.
Avec de solides programmes dans le domaine des sciences et de l’art, l’Ort Ben Gurion est « un établissement complexe, à l’instar des lycées de l’État d’Israël, avec des élèves de tous styles et de toutes origines… Cette dernière année a été très difficile pour tout le monde. Nous avons beaucoup de travail devant nous pour reconquérir la résilience », a-t-elle poursuivi.
En raison des « cercles de communautés » qui existent à Afula, et aussi parce que de nombreux élèves ont des proches en dehors de la ville, presque tous connaissent quelqu’un qui a été directement touché par le 7 octobre ou la guerre actuelle, a ajouté Krel.
Au fil de la cérémonie et de l’allumage des bougies, entrecoupé de brefs discours et de spectacles musicaux ou dansés donnés par les élèves, ces derniers, rassemblés sous le regard attentif de leurs enseignants et responsables, se sont montrés remarquablement silencieux.
On autorisa quelques élèves, que la chaleur du soleil incommodait, à déplacer leur chaise ailleurs dans la cour pour trouver un peu d’ombre.
D’anciens élèves, actuellement en service actif dans les rangs de l’armée israélienne ou de la police des frontières, étaient venus, revêtus de leur uniforme, tout comme les quelques membres du personnel effectuant leur service de réserve, exceptionnellement autorisés à revenir pour les besoins de l’événement.
Les discours ont résonné dans tout le quartier de cet établissement, qui fait partie d’un complexe éducatif fort de plusieurs écoles et est entouré d’immeubles de logements hauts de plusieurs étages.
Lors d’un discours prononcé pour l’allumage de la quatrième bougie, dédiée aux « communautés juives et à la cohésion sociale », l’enseignante Anat Lalush, après un hommage au « peuple juif, divers, complexe, dispersé et uni » qui a répondu présent de diverses manières ces douze derniers mois, a évoqué « les enseignants et travailleurs qui se sont tous mobilisés, chrétiens, musulmans, juifs, circassiens, bédouins… Tous ensemble ont prêté main-forte à leur pays, fort lui aussi. »
L’Ort Ben Gurion compte en effet dans son personnel des représentants de toutes ces communautés, plus un certain nombre d’étudiants non juifs, a précisé Krel.
« Ces communautés sont indispensables à l’État d’Israël », a-t-elle souligné, tout comme l’est le bénévolat, auquel les élèves ont « profondément adhéré » depuis le 7 octobre.
Les lycéens face à l’avenir
Cette cérémonie, ce dimanche, est « le point d’orgue d’un processus » d’apprentissage sur le 7 octobre dans lequel les élèves sont engagés depuis un certain temps, a expliqué Netzer Maoz, qui, en sa qualité de directeur adjoint en charge du lycée, est responsable de l’enseignement des élèves de la seconde à la Terminale à l’Ort Ben Gurion.
Tous les thèmes et textes utilisés lors de la cérémonie ont été étudiés dans le cadre scolaire, a-t-il ajouté, et les élèves de la section artistique ont travaillé des semaines durant pour organiser plusieurs expositions installées dans l’enceinte de l’établissement, dont ces pièces dédiées aux communautés de l’enveloppe de Gaza attaquées le 7 octobre ou encore aux otages encore détenus à Gaza.
Les élèves de Terminale de cette année se trouvent dans une « situation très difficile » puisqu’ils doivent décider de ce qu’ils souhaitent faire ensuite – s’enrôler dans l’armée israélienne, faire une préparation militaire ou une année de service, explique Maoz.
L’école, et Afula en général, souligne-t-il, présentent un taux « très élevé » d’enrôlement dans l’armée israélienne.
Certains élèves de Terminale auraient dû partir cette semaine visiter les camps de concentration de Pologne – voyage considéré depuis longtemps comme un rite de passage pour les lycéens israéliens, et dont le sens est on ne peut plus profond ces jours-ci, confie-t-il.
« En attendant, nous essayons de faire en sorte que tout soit le plus normal possible », explique-t-il, tout en admettant que cela n’a rien de facile sur le plan personnel, car il a lui-même passé une grande partie de l’année en service de réserve.
« Je dois y retourner dans deux jours, pour deux mois et demi de plus », confie-t-il.
La cérémonie s’est terminée sur une note optimiste, la toute dernière bougie symbolisant « l’espoir et la foi ».
Tous les élèves de Terminale ont été invités à monter sur scène avec des ballons jaunes à la main alors que tout le monde s’était levé pour une prière pour les soldats de Tsahal, inspirée de celle qui est récitée dans de nombreuses synagogues sionistes religieuses.
Les élèves ont ensuite interprété l’hymne national israélien « Hatikvah », avant de lâcher les ballons.
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