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Analyse

Karish, clé des exportations de gaz d’Israël vers l’Europe

Dans la foulée de l'invasion de l'Ukraine, l'UE s'est adressée à différents pays producteurs de gaz pour diversifier ses approvisionnements. Et l'Etat hébreu a répondu présent

Plate-forme flottante de production et de stockage (FPSO) d'Energean sur le champ gazier de Karish, en mer Méditerranée. (Crédit : Energean)
Plate-forme flottante de production et de stockage (FPSO) d'Energean sur le champ gazier de Karish, en mer Méditerranée. (Crédit : Energean)

Après d’intenses tractations diplomatiques pour délimiter sa frontière maritime avec le Liban voisin, Israël a activé cette semaine le gisement gazier offshore de Karish, étape clé dans son projet de doper ses exportations de gaz naturel vers l’Europe.

Mercredi, à la veille de la signature de l’accord, la société Energean a entamé la production à Karish, en se félicitant de « renforcer » ainsi « la sécurité de l’approvisionnement énergétique en Méditerranée orientale ».

Ce gisement devrait alimenter le marché israélien mais aussi accroître les exportations des plateformes de Leviathan et Tamar, connectées à un gazoduc reliant le sud israélien au nord de l’Egypte, où ce gaz peut être liquéfié et acheminé par bateau vers les marchés mondiaux.

Dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Union européenne s’est adressée à différents pays producteurs de gaz, dont Israël, pour diversifier ses approvisionnements. Et l’Etat hébreu a répondu présent.

Goodbye Gazprom ?

« Nous ferons partie des efforts pour remplacer le gaz russe en Europe », a affirmé récemment le Premier ministre Yaïr Lapid, ajoutant qu’Israël comptait fournir à l’Europe « 10 % » des apports russes avant l’invasion de l’Ukraine.

Moscou avait fourni en 2021 quelque 155 milliards de m3 de gaz aux pays de l’UE.

Israël livre déjà du gaz à ses voisins jordanien et égyptien, et a signé en juin un accord pour la liquéfaction de son gaz en Egypte en vue de son acheminement vers l’Europe.

Les deux gisements offshore israéliens de Leviathan et Tamar produisent 23 milliards de m3 de gaz naturel par an.

Vue de la plateforme de traitement du gaz naturel Léviathan au large de la ville de Césarée, le 31 janvier 2019. (Crédit : Marc Israel Sellem / Pool)

Mais la consommation intérieure israélienne est de 13 milliards de m3 et les accords avec la Jordanie et l’Egypte avoisinent 9,5 milliards de m3, laissant peu de gaz disponible, explique à l’AFP Gina Cohen, spécialiste du secteur gazier israélien.

« Pour vendre plus à l’Europe, il faut une production stable du gisement de Karish », dont la capacité à court terme est de 6,5 milliards de m3 par an, dit-elle.

En outre, pour qu’Israël s’impose comme un fournisseur majeur de gaz à l’Europe, une partie du gazoduc avec l’Egypte doit encore être élargie et la production des gisements de Tamar et Leviathan augmentée.

La capacité de liquéfaction de l’Egypte n’est pas non plus infinie et Israël devra trouver à moyen terme d’autres voies pour acheminer son gaz à l’Europe comme un gazoduc Israël-Chypre-Turquie ou Israël-Chypre-Grèce, voire développer ses propres terminaux de gaz liquéfié, estiment des analystes.

Cana

L’accord frontalier Israël/Liban reconnaît les droits israéliens sur Karish et ceux du Liban sur les gisements de Cana, avec la précision que l’Etat hébreu touchera sa quote-part, environ 17 % selon le Premier ministre Yaïr Lapid, de l’exploitation de ce réservoir qui traverse en partie ses eaux maritimes.

Le navire flottant de production, de stockage et de déchargement d’Energean arrivant au champ de Karish, en juin 2022. (Crédit : Energean/Autorité du canal de Suez/AFP)

Mais Cana est loin d’être prêt à entrer en production. Une étude sismique réalisée en 2012 sur une zone limitée par la société britannique Spectrum a estimé les réserves de gaz récupérables au Liban à environ 720 milliards de mètres cubes.

Ce mois-ci, le Premier ministre libanais Najib Mikati « a demandé aux représentants » de la société française TotalEnergies, à la tête d’un consortium qui a reçu une licence d’exploitation pour Cana en 2018, d' »entamer immédiatement » « le forage d’exploration dans les eaux libanaises ».

Pour passer de l’exploration à l’exploitation, le Liban pourrait donc devoir attendre plusieurs années.

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