Kerry : l’argent que l’Iran touchera peut financer des groupes terroristes
Le Trésor américain évalue à 55 milliards de dollars la somme que Téhéran doit empocher suite à la levée des sanctions

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a reconnu jeudi qu’une partie des fonds que l’Iran va récupérer grâce à la levée des sanctions américaines allait financer certaines de ses organisations terroristes.
Le Trésor américain évalue à 55 milliards de dollars la somme que Téhéran doit empocher du fait de l’allègement des mesures de rétorsion contre son économie, grâce à la mise en oeuvre, le 16 janvier, de l’accord international de Vienne scellé en juillet sur le contrôle du programme nucléaire iranien.
Interrogé par la chaîne américaine CNBC en marge du Forum économique de Davos pour savoir si une portion de ces 55 milliards de dollars allait « tomber dans les mains de terroristes », M. Kerry a répondu : « Je pense qu’une partie finira dans les mains du CGR (les Gardiens de la révolution, l’armée d’élite du régime iranien, Ndlr) ou d’autres entités, dont certaines sont classées terroristes ».
« Je ne vais pas m’asseoir ici et vous dire que chaque composante de cela peut être empêchée », a admis le secrétaire d’Etat.
Juridiquement, le département d’Etat, qui a autorité sur les classements d’ « organisations terroristes étrangères » n’a pas inscrit les Gardiens de la révolution sur sa liste noire, malgré les demandes du Congrès.
En revanche, la force Qods, chargée des opérations extérieures des Gardiens de la révolution, est considérée depuis 2007 par le Trésor américain comme une « entité terroriste ». De même pour le Hezbollah chiite libanais soutenu par l’Iran.
« Si nous les attrapons (l’Iran, Ndlr) en train de financer du terrorisme, ils auront bien entendu un problème avec le Congrès des Etats-Unis et avec d’autres », a par la suite expliqué à quelques journalistes le chef de la diplomatie américaine.
« J’essaie juste d’être honnête. Je ne peux pas dire aux gens, non, il n’y aura pas d’argent (…) Mais nous ne pensons que c’est ce qui a fait la différence dans les activités de l’Iran dans la région », a-t-il ajouté.
Tout en saluant dimanche dernier les « progrès historiques » réalisés par Washington et Téhéran grâce à l’accord sur le nucléaire, le président Barack Obama avait réaffirmé que la République islamique jouait un rôle « déstabilisateur » au Moyen-Orient, notamment en Syrie.
A Davos, John Kerry a d’ailleurs aussi justifié les sanctions américaines prises dimanche contre le programme iranien de missiles balistiques.
« Nous avons dit clairement que nous avons recours aux sanctions quand nous estimons que c’est justifié pour contrecarrer un comportement qui, de notre point de vue, enfreint la loi ou le Conseil de sécurité de l’ONU ou menace la sécurité des Etats-Unis », a-t-il déclaré.
« Nous soutenons nos sanctions. Nous pensons qu’elles ont été utilisées de manière judicieuse et efficace », a défendu M. Kerry.
Son homologue iranien Mohammad Javad Zarif avait jugé mercredi à Davos « plutôt bizarre que les Etats-Unis expriment leur inquiétude sur le programme de missiles iranien qui est à vocation défensive et ne viole aucune règle internationale en vigueur ».