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Kerry presse Ryad de marquer une pause humanitaire au Yémen

L'Arabie saoudite mène une opération aérienne contre les rebelles chiites Houthis qui sont soutenus par l'Iran

John Kerry, alors secrétaire d'Etat américain,à droite,  avec le prince Mohammed ben Salmane (2e à gauche), le fils du roi Salmane d'Arabie saoudite, et d'autres fonctionnaires de la Cour royale, à Riyad, en Arabie Saoudite, le 7 mai 2015. (Crédit : Andrew Harnik/Pool/AFP)
John Kerry, alors secrétaire d'Etat américain,à droite, avec le prince Mohammed ben Salmane (2e à gauche), le fils du roi Salmane d'Arabie saoudite, et d'autres fonctionnaires de la Cour royale, à Riyad, en Arabie Saoudite, le 7 mai 2015. (Crédit : Andrew Harnik/Pool/AFP)

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry pressait jeudi l’Arabie saoudite de marquer une « pause » dans les bombardements contre les rebelles au Yémen, au moment où les autorités en exil réclamaient une « intervention terrestre » pour protéger les civils.

Kerry s’est entretenu dès son arrivée mercredi soir à Ryad avec le prince héritier Mohammed ben Nayef. Jeudi, il a vu le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, qui a fui son pays pour se réfugier en Arabie saoudite, puis son homologue saoudien Adel al-Jubeir avant une audience avec le roi Salmane.

« C’est un plaisir de vous recevoir comme mon premier visiteur » à Ryad, a dit Jubeir qui vient d’être nommé chef de la diplomatie après avoir été ambassadeur aux Etats-Unis.

Washington soutient politiquement et logistiquement la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite qui mène depuis le 26 mars des frappes contre les rebelles chiites Houthis, soutenus par l’Iran, pour les empêcher de prendre le contrôle de l’ensemble du Yémen.

Mais John Kerry a réclamé une « pause » dans les raids après avoir exprimé son « extrême préoccupation » devant la situation humanitaire. Selon un responsable américain, il a aussi parlé avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif.

L’ONU, le Comité international de la Croix-Rouge et des organisations humanitaires ont qualifié de « catastrophique » la situation de millions de civils pris au piège des combats au Yémen, où des pénuries de carburant menacent le fonctionnement des hôpitaux et la distribution des secours.

Le conflit se poursuit sur plusieurs fronts: malgré l’annonce le 21 avril de la fin de la campagne aérienne, la coalition arabo-sunnite a continué ses raids quotidiens contre les rebelles.

Les Houthis se sont attaqués au territoire saoudien. Mardi et mercredi, 10 personnes ont péri dans des bombardements qui ont visé deux provinces saoudiennes frontalières du Yémen.

‘Sauver le Yémen’

Dans le sud du Yémen, les combats ont été d’une rare intensité ces derniers jours à Aden, deuxième ville du pays, où les rebelles ont progressé dans au moins un quartier, celui de Tawahi, poussant les habitants à fuir.

Les « Comités de résistance populaire », forces pro-Hadi, ont accusé les Houthis d’avoir tiré mercredi sur des civils qui tentaient d’échapper par la mer. Au moins 38 personnes ont été tuées par des tirs d’obus sur un petit port de pêcheurs et une barge tirée par des remorqueurs, selon un responsable des services de santé à Aden, Al-Khader Lassouar.

Dans la nuit, cinq civils ont encore péri dans des bombardements « aveugles » à Tawahi, selon Lassouar. Cinq rebelles sont morts dans une embuscade ailleurs à Aden.

La situation « dramatique » des civils à Aden, mais aussi à Taëz, autre grande ville du sud, a poussé le gouvernement en exil à demander « à la communauté internationale d’intervenir rapidement avec des forces terrestres pour sauver le Yémen, en particulier Aden et Taëz ».

Cette demande est contenue dans une lettre adressée mercredi au Conseil de sécurité de l’ONU. L’ambassadeur du Yémen à l’ONU Khaled Alyemany s’y est insurgé contre les « atrocités » commises par les Houthis notamment à Aden.

Médiateur de l’ONU à Ryad

Les Houthis, aidés par des soldats restés fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, ont lancé en juillet 2014 leur offensive à partir de leur fief de Saada (nord), qui leur a permis de s’emparer de larges pans du territoire dont la capitale Sanaa.

Alors qu’ils tentent de prendre Aden, Human Rights Watch (HRW) a affirmé que les rebelles devraient tout faire pour minimiser l’impact sur les civils et punir ceux qui parmi eux sont responsables d’abus. « Les attaques délibérées contre des civils et les prises d’otages sont des crimes de guerre ».

Après John Kerry, ce sera au tour du nouveau médiateur de l’ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, de venir à Ryad, à l’occasion de sa première mission.

Hadi a souhaité que des pourparlers de paix débutent le 17 mai à Ryad, mais les rebelles et l’Iran ont refusé jusqu’ici tout dialogue sous l’orbite saoudienne.

Le guide suprême d’Iran Ali Khamenei, dont le pays dément armer les Houthis, a dénoncé le soutien américain au « massacre » commis selon lui par Ryad au Yémen. Des manifestations sont prévues vendredi en Iran contre ces « crimes ».

Appel pressant de 22 organisations humanitaires

Vingt-deux organisations humanitaires présentes au Yémen ont averti mercredi qu’elles pourraient arrêter leur aide d’urgence si les voies terrestres, maritimes et aériennes n’étaient pas immédiatement rouvertes pour permettre l’approvisionnement en fuel.

Cet avertissement a été lancé alors que le secrétaire d’Etat américain John Kerry est attendu dans la soirée à Ryad pour discuter d’une « pause » dans les raids aériens au Yémen de la coalition menée par l’Arabie saoudite qui a par ailleurs imposé un blocus pour empêcher des rebelles qu’elle combat de se réapprovisionner.

Mais « l’annonce d’une potentielle +pause humanitaire+ dans les opérations militaires ne réduira pas l’impact du conflit », a estimé le Forum des 22 organisations humanitaires internationales signataires d’un communiqué conjoint.

« Une cessation immédiate et permanente du conflit doit être mise en place maintenant », a prévenu Grace Ommer, responsable d’Oxfam au Yémen, citée dans le communiqué.

« Les voies terrestres, maritimes et aériennes doivent rouvrir afin d’acheminer les produits de première nécessité tels que la nourriture, le carburant et le matériel médical pour assister les millions de personnes dans le besoin », a-t-elle ajouté.

« Nous risquons de manquer de carburant dans les prochains jours », estime pour sa part Hajir Maalim, responsable d’Action contre la Faim.

« Les pénuries de carburant ont atteint un niveau critique. En l’absence d’importations régulières, il nous sera bientôt impossible de fournir une assistance vitale au nombre croissant de personnes dans le besoin », met de son côté en garde Edward Santiago, directeur de Save the Children pour le Yémen.

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