Khakol lavan et Tikva Hadasha présenteront une liste électorale commune
Benny Gantz et Gideon Saar disent espérer établir "un gouvernement responsable, réaliste, sûr et libéral" ; ils dénoncent Netanyahu sans l'écarter expressément
Le parti Kakhol lavan du ministre de la Défense Benny Gantz et la formation Tikva Hadasha du ministre de la Justice Gideon Saar ont signé un accord qui les engage à se présenter sur une liste commune au cours des prochaines élections, lors du vote national prévu en date du 1er novembre.
Rejetant les extrémismes, Gantz a indiqué lors d’une conférence de presse que les deux factions établiront un gouvernement « responsable, réaliste, sûr et libéral ». Une telle coalition, a-t-il ajouté, « dira non au racisme, non à l’extrémisme et oui à l’unité partout dans le pays et pour tous les types de citoyens… Ultra-orthodoxes, orthodoxes, laïcs, musulmans, chrétiens, druzes et Juifs ».
« Israël mérite mieux », s’est exclamé Gantz, qui a noté que les électeurs « ne devraient pas être obligés de faire leur choix parmi les extrêmes » mais qu’ils méritent une option centriste saine.
Il faisait probablement référence aux factions telles que la Liste arabe unie, à majorité arabe, ou le parti Sionisme religieux d’extrême-droite, qui est dirigé par Bezalel Smotrich et qui comprend Itamar Ben Gvir, à la tête de la faction d’extrême-droite Otzma Yehudit. Ben Gvir est entré au Parlement lors des élections du mois de mars 2021 après avoir fusionné Otzma Yehudit avec le parti Sionisme religieux dans un accord qui avait été négocié par l’ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu qui tentait alors de s’assurer qu’aucune voix de droite ne serait perdue.
Gantz a estimé que Netanyahu amenait depuis trop longtemps la formation du Likud à adopter des positionnements qui nuisent à l’unité nationale et aux principes démocratiques de l’État juif.
« Nous posons la première pierre du prochain gouvernement », a dit Gantz. Il a appelé les autres groupes « qui partagent nos valeurs » à rejoindre leur union. L’objectif de cette dernière, a-t-il dit, « est d’unir toutes celles et tous ceux qui soutiennent un Israël juif, démocratique et sûr ».
Gantz a expliqué qu’il pensait que la liste conjointe pouvait séduire « de nombreuses personnes qui croient à un gouvernement de droite » et qui sont actuellement en quête d’un foyer politique.
« Depuis le moment où je suis entré en politique, j’ai dit et répété que nous nous trouvons actuellement dans une situation illogique et sans précédent », a commenté Gantz en évoquant l’impasse politique qui représente, selon lui, « la pire crise démocratique et politique de toute l’Histoire d’Israël ».
Le scrutin du 1er novembre sera le cinquième cycle électoral organisé depuis 2019.
Selon une information révélée par la Douzième chaîne, dimanche – qui n’a pas cité sa source – Gantz et Saar ont décidé que leur formation n’intégrerait pas un gouvernement avec Netanyahu mais si Gantz a dénoncé le leader du Likud, ni lui, ni Saar, n’ont expressément écarté un potentiel partenariat dans la prochaine coalition.
Dans son discours de dimanche, Gantz a rendu hommage à la coalition sortante qui était placée sous l’autorité de Naftali Bennett jusqu’au mois dernier, disant que quelques-uns de ses membres, à la marge, l’avaient fait sortir de route. L’alliance improbable de Bennett qui avait rassemblé autour de lui des partis de droite, du centre, de gauche et une faction islamiste aura vécu un an avant de se séparer, mise à mal à la fin de son existence par les départs d’importants députés du parti Yamina de Bennett.
Prenant la parole après Gantz, Saar a expliqué que l’État juif « a besoin d’un nouvel espoir et d’une sortie de crise ». Il a précisé que lui et Gantz avaient dévoué toute leur existence à l’État d’Israël et qu’ils avaient convenu de créer une liste électorale « large, patriotique et de centre-droit ».
Saar a aussi déclaré que Gantz – qui prendra la première place de la liste – était le candidat idéal pour prendre la tête du gouvernement.
Kakhol lavan compte actuellement huit sièges à la Knesset, forte de 120 membres et Tikva Hadasha six.
Les récents sondages – qui ne sont pas nécessairement fiables – accordent 8 à 9 sièges à Kakhol lavan et 4 à 5 sièges à Tikva Hadasha.
Le Premier ministre Yair Lapid a salué la nouvelle, disant qu’il était convaincu des bonnes intentions de Gantz et de Saar.
« Je souhaite bonne chance à Benny Gantz et à Gideon Saar », a écrit Lapid sur Twitter. « Je suis convaincu de vos bonnes intentions. Je suis impatient de continuer à travailler à vos côtés au nom des citoyens d’Israël. »
Le parti Yesh Atid de Yair Lapid s’était présenté avec Kakhol lavan de Gantz lors des élections du mois d’avril 2019, du mois de septembre 2019 et du mois de mars 2020. Puis Gantz avait décidé de rejoindre une coalition placée sous l’autorité de Netanyahu, entraînant une rupture des deux formations qui sont restées séparées depuis.
Pour leur liste conjointe, Gantz et Saar espèreraient rallier à eux l’ex-chef d’État-major Gadi Eizenkot, qui est aussi courtisé par Yesh Atid. Sa forte popularité et sa réputation solide en feraient une prise de choix pour les deux partis.
Eizenkot prendrait la troisième place de la liste s’il devait intégrer la faction Kakhol lavan-Tikva Hadasha, ont fait savoir des informations parues dans les médias israéliens.
Eizenkot, chef d’État-major de Tsahal de 2015 à 2019, aurait la capacité de séduire des électeurs de la gauche et de la droite de l’échiquier politique. Ce général à la retraite avait été l’une des personnalités les plus convoitées pendant les élections du mois de mars 2021 et son nom avait été lié à un certain nombre de formations politiques. Il avait finalement renoncé à se présenter.
Selon des informations, les autres places en tête de liste reviendraient à la ministre de l’Immigration Pnina Tamano-Shata (Kakhol lavan), au ministre de la Culture Chili Tropper (Kakhol lavan), à la ministre de l’Éducation Yifat Shasha-Biton (Tikva Hadasha), au président de la Commission de l’économie à la Knesset Michael Biton (Kakhol lavan) et au ministre du Logement Zeev Elkin (Tikva Hadasha).
Le ministre des Communications Yoaz Hendel et le député Zvi Hauser, dont le parti Derekh Eretz avait rejoint Tikva Hadasha après s’être séparé d’une alliance formée par Kakhol lavan, ne devraient pas avoir de place sur la liste même s’il est pour le moment impossible de dire laquelle des deux parties aurait pris cette décision.
Hendel serait en négociation avec la nouvelle dirigeante de Yamina, Ayelet Shaked, pour la potentielle mise en place d’une liste commune, a annoncé la chaîne Kan.
Dans un post qui a été publié dimanche sur Facebook, Hendel a indiqué ne pas regretter d’avoir assumé son portefeuille et il a estimé qu’il avait su rester fidèle à ses principes. « Je vais travailler dur de manière à m’assurer que les votes pour la droite de gouvernement auront une représentation respectable dans la prochaine Knesset », a-t-il écrit. « Je vous promets de vous donner de nouvelles informations très rapidement ».