Korsia « prêt à organiser une rencontre » entre Houellebecq et la mosquée de Paris
Le grand rabbin de France a invité l’écrivain et le recteur de la Mosquée de Paris à entrer en dialogue pour sortir de la polémique, sans passer par les tribunaux
Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, a annoncé la semaine dernière son intention de porter plainte contre l’écrivain français Michel Houellebecq pour « provocation à la haine contre les musulmans ».
La plainte fait suite à des propos de l’auteur dans la revue Front populaire, en conversation avec le fondateur de la revue, le philosophe Michel Onfray.
« Quand des territoires entiers seront sous contrôle islamique, je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers », dit M. Houellebecq. « Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu’ils s’en aillent », ajoute-t-il.
« Le fait d’essentialiser, de ne pas faire la distinction entre la majorité des musulmans qui s’intègrent à la République et les islamistes, est très grave, et c’est ce que fait Michel Houellebecq », a regretté Chems-Eddine Hafiz dans un entretien publié ce mardi dans La Croix. « Lorsqu’il évoque un ‘Bataclan à l’envers’, on peut considérer qu’il va jusqu’à appeler les gens à s’armer. »
???????????????????????????????????????? | La Grande Mosquée de Paris porte plainte contre Michel Houellebecq pour les propos très graves qu’il a tenu au sujet des musulmans de France dans une récente interview écrite : pic.twitter.com/JS4NwLM2R8
— Grande Mosquée de Paris (@mosqueedeparis) December 28, 2022
En réponse à la polémique, le grand rabbin de France Haïm Korsia a invité l’écrivain et le recteur de la Mosquée de Paris, à entrer en dialogue pour sortir de la polémique, sans passer par les tribunaux. Il a lancé son invitation lors d’une interview au Figaro.
« Le Talmud recommande aux sages de veiller à ce qu’ils disent car leurs paroles peuvent être des ‘morsures de renard’. Les mots peuvent blesser et ils peuvent tuer », explique le rabbin. Selon lui, « certaines phrases sorties de leur contexte peuvent donner le sentiment que c’est un appel à la violence alors que pour l’écrivain c’est l’exposition d’un risque majeur d’une fracture violente dans la société française ».
Le responsable religieux explique ainsi « ne pas être convaincu qu’aller en justice comme a décidé de le faire le recteur de la Grande Mosquée de Paris soit la solution. D’abord parce que Michel Houellebecq a déjà été assigné en justice pour des propos similaires et qu’il a gagné. Ce qui sera mis en cause ne sera pas la question de la liberté, mais celle de la responsabilité des propos. Pourquoi donc entrer dans des arguties juridiques quand on peut retrouver la facilité de se parler les uns les
autres ? »
Au début des années 2000, M. Houellebecq avait en effet déjà été poursuivi pour incitation à la haine après avoir déclaré : « La religion la plus con, c’est quand même l’islam. » Il avait été relaxé en première instance comme en appel.
Haïm Korsia explique que « le recteur de la Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, avait remarquablement agi au moment de l’affaire de Mila, cette adolescente qui avait critiqué l’islam sur les réseaux sociaux. Il l’avait reçue à la mosquée et lui avait offert un petit Coran. Il avait discuté avec elle et ce fut beaucoup plus efficace ! Il serait bon de sortir par le haut et je suis prêt à organiser la rencontre entre Michel Houellebecq et le recteur de la Mosquée de Paris, s’ils le veulent. Ils pourraient s’expliquer, et la mosquée de Paris pourrait rendre compte de son travail au quotidien pour rendre l’islam compatible avec les fibres mêmes de la République. »