Israël en guerre - Jour 376

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Kushner : le plan de paix est un « point de départ » pour la résolution du conflit

Le conseiller de Trump indique que le plan sera plus détaillé que les plans précédents, que l'annexion des implantations sera discutée avec Netanyahu une fois le gouvernement formé

Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël

Le conseiller principal Jared Kushner assiste à un dîner célébrant le Jour national de prière à la Maison Blanche, le 1er mai 2019, à Washington, DC. (Brendan Smialowski / AFP)
Le conseiller principal Jared Kushner assiste à un dîner célébrant le Jour national de prière à la Maison Blanche, le 1er mai 2019, à Washington, DC. (Brendan Smialowski / AFP)

WASHINGTON – Le conseiller principal de la Maison Blanche, Jared Kushner, a déclaré jeudi soir que la proposition de paix de l’administration Trump était un « document opérationnel approfondi » qui servirait de « point de départ » pour résoudre le conflit israélo-palestinien, et s’est dit prêt à discuter de l’annexion par Israël de parties de la Cisjordanie.

S’exprimant au Washington Institute for Near East Affairs, M. Kushner a déclaré que son patron et beau-père, le président Donald Trump, n’avait pas encore vu la dernière version du plan, qu’il a décrit en termes vagues avant son lancement prévu le mois prochain.

« Ce que nous avons élaboré au cours de l’année écoulée est un document opérationnel plus approfondi qui montre ce que nous pensons être possible », a déclaré M. Kushner au directeur exécutif du Washington Institute, Robert Satloff, dans une interview ouverte.

Il a déclaré que le plan présenterait « une solution que nous pensons être un bon point de départ pour les questions politiques et ensuite un aperçu de ce qui peut être fait pour aider ces populations à commencer une vie meilleure ».

Alors que Kushner et ses subordonnés ont assidûment évité de fournir des détails sur leur plan, le fonctionnaire de 36 ans de la Maison Blanche a déclaré que le plan serait très précis.

Une photo prise depuis l’implantation israélienne de Kedar montre l’implantation israélienne de Maale Adumim en Cisjordanie, le 26 octobre 2017. (Crédit : Thomas Coex/AFP)

« Je pense que ce que nous avons élaboré est un document qui, à mon avis, aborde certaines de ces questions de manière très détaillée », a-t-il dit, « probablement d’une manière plus détaillée que jamais auparavant ».

Kushner a indiqué que Trump a participé au processus de rétablissement de la paix, qu’il a lu des éléments de la proposition, mais qu’il n’a pas encore examiné la version la plus récente.

« Le président est impliqué depuis le tout début, a dit M. Kushner. « Il n’a pas vu la dernière version. »

Plus tard, il ajouta que Trump, « en a lu beaucoup de parties. »

M. Kushner, qui n’avait aucune expérience diplomatique avant d’entrer à la Maison Blanche, a été chargé en 2017 de négocier un accord qui a exaspéré d’innombrables diplomates et experts en politiques publiques pendant plusieurs décennies.

La semaine dernière, il a déclaré que les tentatives passées de négocier un accord avaient « échouées », indiquant une approche différente, et jeudi, il s’est fait l’écho de Jason Greenblatt, envoyé de Trump pour la paix au Moyen Orient, en défendant la décision de l’administration d’éviter de soutenir une solution prévoyant deux États, un pilier de la politique américaine depuis des décennies.

Le président américain Donald Trump fait un clin d’œil lors d’une rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, 25 mars 2019. (Photo par SAUL LOEB / AFP)

« Je réalise que cela signifie des choses différentes selon les gens. Si vous dites ‘deux Etats’, ça veut dire une chose pour les Israéliens, ça veut dire une autre chose pour les Palestiniens », a expliqué Jared Kushner lors d’une conférence organisée par le cercle de réflexion Washington Institute.

« Alors on a dit, vous savez, on a qu’à ne pas le dire. Disons juste qu’on va travailler sur les détails de ce que cela signifie », a-t-il ajouté sans plus de précisions.

Selon lui, son plan, concocté dans le plus grand secret avec une petite équipe réputée très proche d’Israël, « s’attaque à beaucoup de sujets », « probablement d’une manière plus détaillée que jamais auparavant ».

« J’espère que cela montrera aux gens que c’est possible, et s’il y a des désaccords, j’espère qu’ils porteront sur le contenu détaillé plutôt que sur les concepts généraux », a-t-il poursuivi, estimant que ces seuls concepts, connus depuis des années, n’avaient pas permis de résoudre cet inextricable conflit.

Selon des rapports récents, l’administration s’apprête à proposer un accord de paix qui n’inclurait pas la création d’un État palestinien, ce qui serait un échec non seulement pour l’Autorité palestinienne mais aussi pour le reste du monde arabe et la communauté internationale.

Le mois dernier, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’il envisageait d’annexer effectivement les implantations en Cisjordanie, mais qu’il voulait coordonner cette initiative avec Washington.

M. Kushner n’a pas écarté cette mesure lorsqu’on lui a posé des questions à ce sujet, mais il a conseillé aux deux parties de s’abstenir de toute mesure unilatérale au moins jusqu’à ce que le plan soit publié. Il a dit qu’il en discuterait avec Netanyahu une fois que le Premier ministre aura réussi à former une coalition gouvernementale, qui devrait être largement composée de partis de droite qui soutiennent l’expansion israélienne en Cisjordanie, territoire que les Palestiniens revendiquent pour un État à venir.

« Je n’en ai pas discuté avec le Premier ministre. Une fois qu’un gouvernement sera formé, nous commencerons à nous atteler à ce processus et nous aurons une discussion. J’espère que les deux parties se pencheront sur la question – la partie israélienne, la partie palestinienne – avant que des mesures unilatérales ne soient prises. »

Dans le passé, Netanyahu a décrit comme une nécessité stratégique l’emprise d’Israël sur certaines parties de la Cisjordanie et Kushner a souligné que toute demande adressée à Israël ne fragiliserait pas le pays sur le plan militaire.

« Je ne pense pas que qui que ce soit puisse douter, si nous demandons à Israël de faire des compromis dans notre proposition, que nous allons leur demander de faire des choses qui les mettront en danger, d’un point de vue sécuritaire », a-t-il dit. « Je ne pense pas que le président prendrait lui-même des décisions qui mettraient l’Amérique et les gens qu’il représente en danger et il ne s’attendrait pas à ce qu’un autre dirigeant le fasse. »

Les Palestiniens s’apprêtent à incendier un drapeau israélien et des portraits du président américain Donald Trump et du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane lors d’une manifestation contre la barrière frontalière avec Israël, à l’est de Khan Younès, au sud de Gaza, le 13 avril 2018. (Crédit : AFP PHOTO / Thomas COEX)

M. Trump a été critiqué par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui lui reproche de favoriser Israël et de perdre toute légitimité en tant que médiateur dans les négociations de paix. Au cours des trois dernières années, le président a déplacé l’ambassade des États-Unis en Israël, réduit l’aide aux Palestiniens et aux agences des Nations unies qui soutiennent la Cisjordanie et Gaza et rappelé l’envoyé palestinien à Washington.

En réponse, les Palestiniens ont refusé de coopérer avec Washington sur des questions diplomatiques et ont rejeté le plan de l’administration.

Kushner a suggéré jeudi que les responsables palestiniens qui ont critiqué l’approche de l’administration Trump cherchaient à maintenir la situation actuelle.

Jason Greenblatt, représentant spécial du président américain Donald Trump pour les négociations internationales, (au centre), lors d’une visite en Israël qui comprend la périphérie de Gaza, l’hôpital Ziv à Safed et la Vieille Ville de Jérusalem, 29-30 Août, 2017. (Crédit : Ambassade des États-Unis à Jérusalem/via JTA)

« Il y a beaucoup de gens qui ont été chargés d’essayer de résoudre ce problème depuis longtemps et ils ont un bilan parfait en ce qui concerne l’absence de solution, et peut-être qu’ils en sont satisfaits », a-t-il expliqué. « Je les vois attaquer le projet. Ils ne savent même pas encore ce en quoi il consiste. Et cela montre qu’ils souhaitent peut-être maintenir le statu quo. »

La mise en œuvre du plan a été retardée à plusieurs reprises pour diverses raisons. Kushner a déclaré le mois dernier que la proposition ne serait pas rendue publique avant qu’Israël ne forme un nouveau gouvernement et la fin du mois saint musulman du Ramadan, qui se situerait début juin ou plus tard.

Mercredi, Greenblatt a tweeté que l’administration publierait le plan « quand le moment sera venu ».

https://twitter.com/jdgreenblatt45/status/1123692275278798848?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1123692275278798848&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.timesofisrael.com%2Fkushner-says-peace-plan-a-starting-point-to-resolve-conflict%2F

Jérusalem capitale d’Israël

Jared Kushner a aussi assuré que la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, actée de manière aussi unilatérale que controversée par Donald Trump fin 2017, « ferait partie de tout accord final ».

Face à ce nœud a priori insurmontable, le conseiller présidentiel a tenté de prendre à témoin la population de Gaza et de Cisjordanie.

Son équipe, a-t-il rapporté, à parlé à de nombreux hommes d’affaires ou citoyens lambda palestiniens, pour aboutir à un plan qui « peut être très acceptable par eux » car il « aidera les Palestiniens à avoir de la dignité » en « cassant ce cycle ». Un pragmatisme affiché qui semble confirmer que ses propositions porteront davantage sur le développement économique pour leurs territoires que sur un statut d’Etat à part entière.

« La question à présent se pose de savoir si les dirigeants ont le courage de monter à bord » pour « vraiment améliorer la vie de leur peuple », a-t-il plaidé. « C’est très décourageant pour nous de voir les dirigeants palestiniens attaquer un plan dont ils ne connaissent pas le contenu au lieu de tenter de discuter avec nous », a-t-il ajouté, en les accusant d’avoir pris de mauvaises décisions depuis « 20 ans ».

Alors que l’administration Trump fait miroiter des idées « nouvelles » et « uniques » pour réussir là où tous les prédécesseurs de Donald Trump ont échoué, son gendre a insisté sur cette impasse. « Si nous devons échouer, nous ne voulons pas échouer en faisant comme les autres car ça a déjà été tenté », a dit le mari d’Ivanka Trump, autre proche conseillère du locataire de la Maison Blanche.

Avant de glisser, sûr le lui : « quand vous travaillez pour un président, vous faites de votre mieux pour ne pas le décevoir, mais vous pouvez le décevoir. Lorsque vous travaillez pour votre beau-père, vous ne pouvez pas le décevoir ».

L’AFP a contribué à cet article.

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