La candidate controversée au poste d’envoyé en Italie entame le processus de validation
Plus de 7 mois après la nomination par Netanyahu, Fiamma Nirenstein devrait se présenter devant la commission de la Fonction publique
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

L’ancienne journaliste italienne et la députée Fiamma Nirenstein a, la semaine dernière, passé la première étape avant de devenir la nouvelle ambassadrice d’Israël en Italie, plus de 6 mois après qu’elle ait été publiquement désignée pour le poste.
The Times of Israel a appris que le gouvernement a demandé que Nirenstein comparaisse devant la Commission de la Fonction publique d’Israël pour qu’elle puisse ainsi commencer officiellement le processus qu’elle doit suivre avant qu’elle puisse se rendre à Rome. Aucune date pour son audience devant la commission n’a encore été fixée.
Les candidats politiques aux postes d’ambassadeurs doivent comparaître devant la commission, où ils sont interrogés sur plusieurs sujets y compris pour déceler d’éventuels conflits d’intérêts.
C’est seulement après que la commission ait donné son feu vert et que le candidat ait reçu une autorisation de sécurité que la nomination du candidat est votée par le cabinet. (Selon un rapport publié dans les médias israéliens, Nirenstein a déjà reçu une autorisation de sécurité.)
Une fois que le cabinet donne le feu vert pour la nomination, l’ambassade d’Israël dans le pays d’accueil demande ce qu’on appelle un agrément, qui est la confirmation du pays d’accueil qu’il accepte de recevoir l’envoyé d’un autre Etat dans sa capitale.
Dimanche, le cabinet a approuvé trois nouveaux ambassadeurs israéliens : celui de l’Egypte, du Nigeria et de la Bosnie-Herzégovine. On ne sait pas quand la nomination de Nirenstein sera soumise à un vote.
Habituellement, le processus de nomination d’un ambassadeur à son approbation par le Cabinet ne prend pas plus de quelques semaines.
Lorsque le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait nommé Danny Dayan au poste d’ambassadeur au Brésil, par exemple, sa nomination a été annoncée le 5 août 2015 et a été confirmée par le cabinet exactement un mois plus tard. (Brasilia a ensuite refusé de fournir son agrément, en raison du passé de Danny Dayan en tant que chef de file du mouvement des implantations, conduisant Netanyahu à le nommer au poste de consul général d’Israël à New York la semaine dernière.)
L’actuel ambassadeur d’Israël en Italie, Naor Gilon, est à Rome depuis 2012 et son mandat prend fin cet été. Dans des circonstances normales, son successeur aurait été prêt à prendre le poste, car cela peut prendre plusieurs mois avant qu’un agrément ne soit reçu.
Ni le cabinet du Premier ministre ni le ministère des Affaires étrangères cette semaine n’ont répondu à la demande du Times of Israel pour connaître la raison pour laquelle il a fallu plus de sept mois au gouvernement pour déposer une demande pour que Nirenstein comparaisse devant la Commission de la Fonction publique pour que sa candidature puisse progresser. Lors d’un récent échange téléphonique, Nirenstein a refusé de commenter et a simplement indiqué qu’il n’y avait pas de problèmes avec sa candidature et que la procédure allait suivre son cours.
Netanyahu avait nommé Nirenstein, une ancienne députée du Parlement italien, le 10 août, 2015, juste deux ans après qu’elle ait déménagé à Jérusalem de Rome – où elle s’était récemment présentée, sans succès, à la direction de la communauté juive.
Selon la convention diplomatique, un ambassadeur ne peut pas avoir la nationalité du pays dans lequel il ou elle est nommée ; Netanyahu a déclaré que Nirenstein renoncerait à son passeport italien après sa nomination.
La nomination de Nirenstein a été controversée dès le premier jour, faisant sourciller certains diplomates de carrière israélienne et soulevant l’inquiétude de la communauté juive d’Italie.
D’une part, les responsables israéliens, qui n’ont accepté de témoigner qu’anonymement, ont noté que Nirenstein n’a pas vécu en Israël pendant une période de temps significative.
En outre, ils soulignent qu’elle vient récemment de quitter la vie politique italienne et que son fils travaille pour les services secrets de l’Italie, faisant d’elle un choix étrange pour le poste d’ambassadeur dans ce pays.
Sa nomination a également été critiquée par certains Juifs italiens, qui étaient préoccupés par le fait qu’une ancienne parlementaire italienne, qui revient maintenant dans sa terre natale en tant que représentante d’un autre Etat, puisse déclencher des accusations de double loyauté.
Le Grand Rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, par exemple, a déclaré qu’il craignait qu’ « il p[uisse] y avoir des problèmes… il suffit de lire ce qui est déjà sur les réseaux sociaux au sujet de sa double nationalité ».
Un autre membre éminent de la communauté juive de la ville a jugé que la nomination de Nirenstein était « problématique », selon le quotidien israélien Haaretz.
Son envoi à Rome en tant qu’ambassadrice d’Israël « pourrait faire que les gens se demandent si les Juifs d’Italie sont Israéliens ou Italiens. Cela pourrait même nuire aux chances des autres Juifs d’être élus au Parlement italien, ou à des postes de hauts rangs du gouvernement à l’avenir », a-t-il déclaré au journal.
le mouvement de Netanyahu pourrait attiser le sentiment anti-juif en Italie, craint un autre membre de la communauté. « Au fil des années, le Juif a toujours été soupçonné d’être un traître à son pays. Sa nomination en Italie, de l’autre côté de la table, pourrait nuire à l’identité des Juifs italiens », a-t-il expliqué à Haaretz.
En mars, un responsable du ministère des Affaires étrangères a critiqué Nirenstein pour avoir fait la promotion de son nouveau livre lors d’événements publics en Italie, l’accusant de violer le protocole diplomatique.
« Il est inacceptable pour une ambassadrice de travailler dans le pays qu’elle servira, avant qu’elle n’ait été confirmée [à ce poste] », a dénoncé le responsable, anonymement, au journal Yedioth Ahronoth.
Nirenstein était la correspondante en Israël pour les journaux La Stampa et Panorama entre 1991 et 2006, selon son site web. Avant de retourner en Italie pour devenir une femme politique, elle a vécu à Tel Aviv et à Jérusalem des années, a affirmé ses connaissances au The Times of Israel. Au début des années 1990, elle a également dirigé l’Institut culturel de l’ambassade d’Italie à Tel Aviv.
Née à Florence, Nirenstein est l’auteure d’une douzaine de livres et est une blogueuse du Times of Israël. Elle a été élue au Parlement italien en 2008 en tant que membre du parti de centre-droit de l’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, le Peuple de la liberté.
Elle a occupé le poste de vice-présidente à la commission des Affaires étrangères. Son mandat a pris fin en mars 2013 – deux mois avant de faire son alyah et est devenue une citoyenne d’Israël et moins de trois ans avant que Netanyahu ne la nomme au poste d’ambassadeur d’Israël en Italie.
« Je suis convaincu que Fiamma Nirenstein apportera avec elle, à ce poste, son expérience diplomatique et politique, et réussira à approfondir les relations entre Israël et l’Italie, nos amis proches, et à agir pour la coopération culturelle et la sécurité économique diplomatique », avait déclaré Netanyahu à l’époque.